INTERVIEW Alexandre Kara (France Télévisions) : « Léa Salamé ne vient pas pour faire de la figuration »


La rentrée 2025/2026 de France Télévisions a été bousculée par de nombreuses annonces, notamment au journal de 20 heures et à Télématin. Alexandre Kara, le directeur de l’information de France Télévisions, s’est exprimé sur ces deux rendez-vous incontournables et sur leurs objectifs.
Emmanuel Lassabe : Le JT de 20 heures évolue à la rentrée avec la venue de Léa Salamé sur France 2. Y aura-t-il des changements dans la formule du journal ?
Alexandre Kara : Le travail commence aujourd’hui, en réalité. Le journal est une rencontre entre un présentateur et une rédaction, c’est vraiment une alchimie. On travaille depuis quelques semaines sur le plateau, nous regarderons comment Léa Salamé souhaite se positionner. Elle a rencontré la rédaction pour avoir cet échange, ainsi que l’équipe du 20 heures.
Pouvez-vous déjà annoncer des évolutions ?
Nous allons faire des ajustements, voir si tout le monde est sur la même ligne. Nous allons trouver ensemble ce consensus qui permettra au 20 heures d’avoir la patte de Léa Salamé, à travers sa personnalité, que ce soit dans sa manière de présenter, mais aussi dans l’éditorial.
Les audiences du journal de France 2 ont fléchi ces dernières semaines en passant sous la barre symbolique des 20% de part de marché avant le départ d’Anne-Sophie Lapix. Avez-vous comme objectif de vous rapprocher des scores du journal de TF1 ?
Il n’y a pas d’objectif de recoller à TF1 tout simplement parce que nous ne fabriquons pas le même journal. Notre but est de capter toute l’information. Il est alors moins facile d’attirer plus de monde parce que nous avons parfois une information très exigeante. A contrario Léa Salamé ne vient pas ici pour faire de la figuration, elle vient pour porter un journal conquérant. Mais pas conquérant vis-à-vis de TF1, plutôt pour capter plus de monde à la télévision, mais aussi sur les médias sociaux, car le 20 heures se fabrique aussi là-bas, sur le numérique. Le match TF1 / France 2, honnêtement, c’est du passé.
« Quand TF1 a fait le choix de rallonger le 20 heures, c’est parce qu’ils se sont rendu compte que France 2 avait fait le bon choix »
TF1 a rallongé son JT de 20 heures pendant cette période estivale. Quel est votre ressenti ?
On va saluer TF1, qui s’inspire du service public assez régulièrement. Le lancement de Bonjour pour tenter de contrer Télématin , le rallongement du 20 heures alors que nous l’avions rallongé il y a un an… Nous ne pouvons pas critiquer ces codes-là, puisque nous en sommes à l’initiative. Pour le reste, il faut être clair : quand on regarde TF1 et France 2, nous ne faisons pas la même chose.
Quelle différence y a-t-il entre vos deux journaux ?
Nous avons des deuxièmes parties de journaux extrêmement exigeantes, avec de l’international, du sociétal, beaucoup de questions économiques. Et par ailleurs, cela fonctionne bien. Nous sommes très contents de notre deuxième partie de JT. Quand TF1 a fait le choix de rallonger son 20 heures, c’est parce qu’ils se sont rendu compte que France 2 avait fait le bon choix. Il faut comprendre que nous ne sommes pas dans la même logique. TF1 a une mission économique, quand nous avons une mission de service public. Donc nous rêvons d’être pluralistes avec des sujets peut-être moins légers et, par conséquent, plus compliqués.
« Pour lancer un nouveau couple dans Télématin, c’est plus facile de le faire la semaine que le week-end »
Évoquons le choix de Damien Thévenot et de Maya Lauqué dans Télématin en semaine. Était-ce le choix de l’évidence ?
Oui, parce qu’ils sont présents depuis un certain temps. On nous attaque pour la valse des présentateurs, mais en réalité ce sera la cinquième saison pour le duo Damien Thévenot / Maya Lauqué depuis que nous avons lancé cette nouvelle formule. Certes, ils étaient présents le week-end, mais il leur est arrivé de passer en semaine pour faire des remplacements.
Existe-t-il des différences notables dans la fabrication de Télématin la semaine et le week-end ?
Télématin est un ensemble. Aujourd’hui, nous les divisons entre le week-end et la semaine parce que nous ne pouvons pas faire travailler les gens 7 jours sur 7. Ce sont les mêmes équipes et les mêmes producteurs, c’est la même famille de l’information qui travaille ensemble. Pour lancer un nouveau couple, c’est plus facile de le faire le week-end que la semaine. Nous avons donc choisi de prendre ceux qui avaient de l’expérience et de lancer les petits nouveaux le week-end.
Pourquoi avoir tenté alors de miser sur deux anciens incarnants de TF1 la saison dernière, avec Julien Arnaud et Flavie Flament ?
Au départ, Flavie Flament était choisie pour remplacer Marie Portolano. Mais nous n’avions pas prévu que Thomas Sotto s’en aille. Il a fallu trouver un deuxième incarnant. Nous avons proposé à Julien Arnaud de nous rejoindre, ce qu’il a fait avec plaisir. Le couple a mis un peu de temps à prendre du côté audiences, mais c’était mieux sur la fin de la saison. La baisse de l’audience était réelle, mais assez marginale, en réalité, par rapport à l’ensemble concurrentiel. Nous étions plutôt contents.
« Météo à la carte n’est pas prévue de passer à la trappe »
Pourquoi avoir choisi d’intervertir ?
Télématin a manqué un peu de dynamisme. Nous nous sommes dit qu’il fallait intervertir la semaine et le week-end. Julien Arnaud et Flavie Flament ont préféré faire autre chose. Nous respectons leur choix. Flavie Flament aura une émission sur le réseau ICI et Julien Arnaud a préféré voguer vers d’autres cieux (ndlr : le journaliste arrive sur BFMTV à la rentrée). Il fallait réinventer encore un couple et c’est pour ça que nous avons décidé de choisir Mélanie Taravant et Samuel Ollivier, qui est présent dans Télématin depuis 4 ans. Ils vont apporter un peu de fraîcheur et de nouveauté.
Le magazine de Flavie Flament va donc débarquer sur France 3 à la rentrée. Comment va-t-elle fonctionner avec Météo à la carte ? Les deux émissions vont-elles former le tandem de la mi-journée de la chaîne ?
Oui, mais je ne peux pas vous répondre pour le moment sur la place que vont prendre les deux émissions sur la chaîne. L’émission Météo à la carte n’est pas prévue de passer à la trappe, ça va être juste une question de grille. Nous allons la remodeler et voir comment cela se combine.