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Anne Holmes (Directrice de la fiction) : « Aller chercher des visages connus a sûrement déringardisé la fiction sur France 3 »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 07/09/2015 à 16:50 Mis à jour le 07/09/2015 à 16:50

Benjamin Lopes : Dana Hastier, la Directrice de France 3, a affiché ses ambitions de rajeunir l’audience de la chaîne. Quelles évolutions cela implique-t-il au niveau de la fiction ?

Anne Holmes : Je voudrais élargir le public. On arrive déjà à le rajeunir en replay et sur d’autres supports. Maintenant, rajeunir le samedi soir quand on a un public jeune qui est sur The Voice, c’est très compliqué pour nous. Ça passe par les thématiques et aussi par la prise de risque. Après, la télévision est devenue un support très compliqué pour séduire les jeunes.

La fiction de France 3 connait de beaux succès ces dernières années. Vous êtes allée chercher des visages qu’on avait l’habitude de voir sur TF1 par exemple. Cela fait-il aussi partie de la stratégie de France 3 ?

Ce n’est pas systématique car la fiction de France 3 a déjà réalisé des audiences en dessous de sa moyenne avec des visages connus, et plus fortes avec des acteurs très peu connus. Les thématiques restent importantes. Ce choix d’aller chercher des visages plus connus a sûrement apporté une nouvelle image de déringardisation de la fiction de France 3. Ça a pu aussi sécuriser le public dans le sens où ils savent qu’il n’y aura jamais trop de violence et de sexe. Je pense aussi qu’il y a des comédiens qui ont été délaissés par d’autres chaînes et que le public a été content de retrouver sur France 3, comme Véronique Genest, Corinne Touzet ou Ingrid Chauvin, qui ne tournait d’ailleurs plus pour TF1. On m’a beaucoup accusé d’avoir pris des comédiens de cette chaîne, mais ils étaient comédiens avant tout, et je ne pense pas avoir fait une politique éditoriale sur ça.

Les chaînes allemandes produisent énormément de fictions qui se vendent très bien à l’internationale. France 3 lorgne-t-elle vers ce modèle à l’heure où les contraintes économiques vous poussent à rediffuser de plus en plus ?

Nous sommes dans une politique de coproduction que nous n’allons pas tarder à mener. Il faut qu’on se rassemble car tous les services publics d’Europe ont moins d’argent donc autant qu’on se mette ensemble pour faire évoluer la fiction. C’est dans nos ambitions mais encore une fois quand on a une chaîne régionale qui traite de la proximité c’est un peu compliqué.

« Tous les services publics d’Europe ont moins d’argent donc autant qu’on se mette ensemble pour faire évoluer la fiction »

Les autres chaines vont, à nouveau, miser sur la fiction française en prime time, à l’instar de M6. Craignez-vous cette concurrence ?

Je trouve ça bien puisque plus la fiction marche, mieux c’est pour France 3. Plus l’attrait du public est important pour le genre, mieux ça sera. C’est un véritable challenge au final et c’est ce qui est intéressant.

Les prime times de Plus belle la vie sont remaniés. Pourquoi avez-vous fait marche arrière ?

On a tenté de décorréler les histoires des quotidiennes pour des raisons de rediffusion au début. On s’est dit que c’était dommage d’avoir ces épisodes spéciaux qui n’étaient pas détachés et que nous ne pouvions pas rediffuser. Nous n’avons pas eu que des succès et les résultats n’ont pas été brillants, même si les cases n’étaient parfois pas faciles comme le 31 décembre face à Patrick Sébastien. On a fait des tentatives et ça n’a pas été probant. C’est plus ludique finalement de les coller à la quotidienne car on avait perdu un peu cette connivence avec le téléspectateur en faisant des unitaires de Plus belle la vie.

Les thèmes des fictions sont souvent sombres ou lourds sur France 3. La légèreté n’a-t-elle pas sa place sur la chaîne ?

Il faut trouver un sens et que le public puisse s’interroge aussi, même à travers les comédies. Dans chaque fiction du genre qu’on a réalisé, on n’a pas voulu faire du loufoque qui ne soit qu’un moment de plaisir. On essaye toujours d’interpeller le téléspectateur et on est toujours un peu quand même dans un phénomène d’identification. On est moins dans l’effet miroir à France 3 que dans l’effet identification. C’est une chaîne de proximité et ça veut véritablement dire quelque chose pour nous.