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Au coeur de N’oubliez pas les paroles, spécial été 2011

Alexandre Raveleau
Publié le 29/06/2011 à 12:32 Mis à jour le 01/07/2011 à 21:40

Dans les coulisses de la télévision, le futur est déjà le présent... Pour le prouver, il existe un lieu bien connu des téléphages où la notion du temps apparaît justement tout à fait relative, virtuelle voire inconstante. Au 50, avenue du Président Wilson, dans le dédale d’entrepôts et studios de la Plaine Saint-Denis, des centaines de spectateurs avertis, et même consentants, acceptent gratuitement (et parfois même pour gagner de l’argent et des cadeaux) des voyages quotidiens dans un avenir proche, avec sourires et applaudissements continus.

À l’extérieur du studio de N’oubliez pas les paroles, la chaleur pesante confirme la destination du séjour. À la montre, il est tout juste 13 heures et la date indiquée est le vendredi 6 mai 2011. Et pourtant, bientôt, les centaines de personnes qui patientent actuellement devant le plateau 130 seront propulsées au vendredi 1er juillet 2011. Ce soir-là, à la télévision, sur France 2, Nagui recevra Shy’m, Michel Boujenah, Thierry Amiel, Anggun, Thomas Ngijol et Fabrice Eboué pour une soirée de karaoké géant pour la bonne cause.

N’oubliez pas les paroles est l’adaptation du concept américain Don’t forget the lyrics !, créé en 2007 sur FOX. Décor, photographie, mécanique de jeu : autant dire que l’émission est un produit calibré au millimètre. Deux postes peuvent pourtant faire la différence : la réalisation et l’animation. De ce point du vue là, le show est assuré ici par le chef d’orchestre Gérard Pullicino et le brûlant Nagui. Avant que le public ne pénètre dans l’antre, les deux hommes règlent encore les quelques derniers détails. Jean, sweat gris et baskets rouges : le présentateur n’est pas encore endossé son costume de scène. Pour le moment, il agit en producteur. Techniciens en place, essais de la « dolly » opérés, tests écran géant (pour que les candidats lisent les paroles) validés : le remake de retour vers le futur peut démarrer.

Vendredi 1er juillet, le temps sera visiblement clément. Si les météorologistes ne s’avisent pas encore de donner leurs visions à plus de 12 jours, Air Production l’assure : le soleil sera bien toujours au rendez-vous à la veille des grandes vacances ! Jupes courtes, décolletés fleurissants, couleurs acidulées : le public de N’oubliez pas les paroles est un savoureux mélange de plagistes en devenir et bachelières en mode touriste. Moyenne d’âge : 16/18 ans, à quelques exceptions près, celles qui confirment de toute façon la règle. Il faut dire que ces demoiselles vont faire partie du décor visible de l’émission, c’est-à-dire le public situé derrière l’animateur et ses invités. De l’autre côté du plateau, l’été est également de la partie, mais dans son mode plus familial, façon retour du marché provençal, avec mère et enfant.

Avant le début de l’enregistrement, le traditionnel chauffeur de salle fait son show habituel, haranguant la foule, rappelant les règles du jeu et faisant même monter quelques volontaires sur la scène. Premier test de l’émission grandeur nature avec Lisa, du 93, et sa version du classique « Le Lundi au soleil ». Le public se lève automatiquement. Tout le monde a déjà le sourire aux lèvres et des fourmis dans les mains ! Côté coulisses, l’heure est à la mise en place des jokers. « J’ai le plaisir de jouer pour le duo Shy’m et Michel Boujenah », confie Régine. Cette touriste cathodique revient déjà d’un voyage dans le temps. A la fin du mois de mai, « le 23 ou le 24... », elle a gagné « pas mal d’argent » grâce à l’émission. En bonne performeuse, elle a donc été rappelée à la rescousse des vedettes. À la confidence de Damien, le coach candidat, tous sont « très, très, très excités ».


Retour au centre scène. La performance de Lisa est supplantée par l’aura d’une Marilyne déchaînée. À 40 ans, la blonde a choisi un autre tube de Cloclo, « Cette année-là ». Sur un refrain endiablé, Nagui fait une entrée discrète. Micro en main, la voix bien qu’un peu cassée, le présentateur prévient : « Nous sommes le 1er juillet ! ». Destination donc confirmée. Les ventilateurs - de circonstances - s’allument. Discussion par oreillette interposée. Le générique démarre. Nagui déploie d’emblée une énergie incroyable.

Sans trop en dévoiler sur l’émission diffusée ce fameux 1er juillet, il convient d’annoncer la couleur : personne ne connaîtra jamais les motifs des dessous d’Anggun... Impromptue à première lecture, cette remarque prend une tout autre valeur pour tous ceux, et peut-être celles, qui ont assisté à l’enregistrement. Vêtue courtement, d’une robe de couturier qu’elle affectionne, avec des chaussures roses à talons (très) hauts et semelle rouges, la jolie chanteuse d’origine indonésienne a passé une heure dix à jouer innocemment dans l’axe direct de l’énorme ventilateur du plateau. Coups d’œil de Nagui, sourires malicieux échangés entre techniciens : ambiance sans nul doute fébrile dans le car régie...

Dans les conditions du direct, Anggun et Thierry Amiel « bloquent les paroles », Michel Boujenah tente vainement de tricher, Shy’m, sa camarade de jeu, est désarmée... Un brin stressé par l’enjeu de l’émission (remporter le maximum d’argent pour l’association Manche Oxygène en ce qui les concerne), la jeune chanteuse n’a rien perdu sa célèbre « étincelle », mais déchante face aux difficultés des paroles à deviner. « C’est pour une association, on s’en fout de tricher » lâche sans espoir Michel Boujenah. Il est peut-être déjà trop tard... Un peu plus tôt, Thierry Amiel avait prévenu : il n’est pas en mesure de faire un chèque « comme Arthur » en cas de défaite (référence au geste de l’animateur de TF1 sur le plateau de Qui veut gagner des millions ?). Cut certifié au montage.

Au terme d’une heure quarante d’enregistrement, le petit garçon du premier rang s’est presque endormi dans les bras de sa maman. Il est 15h15. Après avoir mis ce prime time en boîte sans aucun accroc, Nagui doit encore animer trois numéros de la quotidienne de N’oubliez pas les paroles. On change de place. Illusion garantie. Reste encore à connaître la date du prochain voyage.