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Aurélie Kasmadjian (Productrice de 4 mariages pour 1 lune de miel) : « Les mariées sont rémunérées pour leur participation »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 13/02/2017 à 16:50

Benjamin Lopes : Dès ce 13 février, TF1 programme une semaine spéciale couple de 4 mariages pour 1 lune de miel sur TF1 à l’occasion de la Saint-Valentin. Est-elle différente des précédentes éditions ?

Aurélie Kasmadjian : Il n’y a pas de différence par rapport aux autres spéciales couples qui ont été diffusées. On en a fait déjà deux en saison 6. Il y en aura deux cette année aussi. Les couples partent donc ensemble pour assister aux autres mariages et les noter.

Cette spéciale demande-t-elle des adaptations au niveau des tournages ?

Au niveau des moyens techniques, on a une caméra supplémentaire pour suivre les couples. Au lieu d’être quatre, ils sont huit, mais ils restent véritablement en binôme dont ça ne chamboule pas vraiment notre organisation de tournage. D’ailleurs, on a eu cette idée de proposer les spéciales couples parce que l’on avait pas mal de mariées femmes qui avaient du mal à partir sans leur mari à l’approche de leur mariage. Et on s’est rendu compte que les hommes étaient aussi, voire plus, investis que leurs femmes.

4 mariages pour 1 lune de miel est un format étranger. Ces spéciales sont-elles des créations françaises ou des adaptations ?

Les spéciales mères et filles, wedding planners, ou encore mariages à l’étranger sont des créations françaises. Tout comme les nouvelles notations que l’on a mises en place l’année dernière avec l’ouverture de bal. Parmi tous les pays où le format existe, on est le seul en France avec ce cinquième critère de notation.

« On est une inspiration pour les autres pays »

Quel degré de liberté disposez-vous par rapport au format original ?

On est assez libre. C’est un format qui appartient à ITV, donc quand on a voulu mettre un cinquième critère de notation, ça n’a pas posé de souci. C’est plus avec le diffuseur pour le coup que nous avons des discussions. Nous avons, de notre côté, une large marge de manœuvre par rapport au concept original.

Quelles sont les différences entre les différentes versions internationales ?

La version française est la plus regardée. Elle s’illustre aussi grâce à sa pérennité. L’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Suède, le Danemark ou encore l’Australie ont proposé ce format. On a entre 15 à 18 pays au total qui ont diffusé 4 mariages pour 1 lune de miel. L’Italie et l’Allemagne sont les seuls à proposer comme en France une version étalée sur plusieurs jours. Dans les autres pays, il s’agit de versions bouclées avec les autres mariages dans un seul épisode. On rencontre d’ailleurs prochainement nos homologues allemands.

La version française de 4 mariages pour 1 lune de miel fait-elle office de vitrine à l’international ?

C’est plus la cellule du développement qui va fréquemment dans les autres pays pour discuter et s’inspirer. Le format n’est pas français à la base. Il est intéressant de se rencontrer pour savoir ce qui peut ou ne pas marcher, savoir faire évoluer la formule sans la changer. Dire qu’on est la vitrine, je ne m’avancerai pas. On est en tous les cas une inspiration pour les autres pays.

« Le public aime les critiques, mais au bout d’un moment, quand c’est gratuit, ça n’apporte rien »

Quelle est l’implication de la production au niveau des mariages ?

La production ne paie absolument rien du mariage, déontologiquement. Certains mariages ont des feux d’artifice et d’autres ont de moins gros budgets. On vise toutes les classes sociales, c’est un format fédérateur donc on mixe des thèmes et des budgets différents. La production paie les transports des trois mariées qui viennent au mariage. Elles sont sous contrat donc elles sont rémunérées pour leur participation. On parle plus de défraiement que de salaire. Il est basé sur le SMIC horaire.

Quel bilan d’audience tirez-vous pour 4 mariages pour 1 lune de miel après plusieurs saisons sur TF1 ?

On est sur des audiences plus ou moins stables, c’est une marque solide. On fait même des bons scores sur les rediffusions. Je pense que le secret est de ne pas avoir plus de trois semaines de rediffusions. L’alternance entre les deux permet de ne pas avoir une chute des audiences. La concurrence est forte avec Les Reines du shopping. Aujourd’hui, nous sommes satisfaits. On peut parfois être battu par la concurrence, mais sur la saison, on tient bon. Le téléspectateur a toujours plaisir à regarder le programme. Le but du diffuseur n’est pas de laisser ce programme douze mois à l’antenne. Il ne faut pas ennuyer ou essorer le programme.

On a pu noter des variations au fil des saisons avec des salves avec des candidates plus virulentes dans le passé. Le format s’est adouci ces derniers temps. Est-ce un choix éditorial ?

Ça fait deux saisons que j’y travaille. C’est très compliqué, car ça part du casting. Les mariées nous disent toutes qu’elles ne seront pas stratégiques. La méchanceté gratuite pour gagner la lune de miel dessert. C’est agaçant pour le téléspectateur, et on aime bien aussi que la justice l’emporte. Le téléspectateur préfère une victoire méritée. Bien évidemment, le public aime les critiques, mais au bout d’un moment, quand c’est gratuit, ça n’apporte rien. Et surtout, cela dessert les mariées. C’est très difficile de gérer après la diffusion. Elles se sont emportées, elles regrettent et je les ais au téléphone. Cela fait deux saisons qu’on a changé le discours dès le casting. Il faut vraiment être dans l’optique de jeu, et non pour gagner à tout prix. Malheureusement, on a des mauvaises surprises sur le tournage. Elles annoncent ne pas mettre en dessous de la moyenne lors des castings et le font finalement in situ. Le barème des notes était plus bas que ça. Ça prend bien au final et les retours sont plus encourageants. On va donc continuer comme ça.

« On demande aux candidates de ne pas être de mauvaise foi »

Protégez-vous les candidates en supprimant des séquences de critiques gratuites au montage ?

Bien sûr. On ne peut pas dire tout et n’importe quoi. Parfois même elles discutent et les caméras s’oublient. Elles peuvent être vulgaires ou blessantes. Tout ça est supprimé au montage. Le but c’est de rester un jeu autour du mariage.

Pourtant, ces remarques acides de la part des candidates ont aussi fait le succès de 4 mariages pour 1 lune de miel

Exactement. Ça se jauge sur la justification. Dans les saisons 2 et 3, les critiques étaient gratuites. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Évidemment, on ne cherche pas non plus à recréer le monde des Bisounours. On a le droit de ne pas aimer, mais sans gratuité et par stratégie. On leur demande de ne pas être de mauvaise foi. C’est à nous au casting de ressentir cela et de faire très attention. C’est un casting difficile, long. Sur douze personnes qui se présentent, on en garde quatre. On est devenus très exigeants.

Les moments de tension sont beaucoup plus rares désormais dans 4 mariages pour 1 lune de miel que dans Un dîner presque parfait ou encore Bienvenue chez nous. Est-ce un parti pris ?

Pas du tout. D’ailleurs, cette saison, une participante a quitté le perron. Les pleurs sont toujours au rendez-vous. On ne s’interdit pas de diffuser ces images. Si une mariée veut partir avant la fin du mariage, et qu’elle le justifie, on le montre.

« Le monopole d’une case sur une marque n’est pas une bonne chose »

D’autres éditions spéciales sont-elles prochainement prévues ?

Oui, mais nous ne les avons pas encore actées. On est encore en train de travailler pour savoir quelles seront les plus intéressantes. On a envie de se renouveler. Je pense qu’on refera des spéciales couples, car ça fonctionne bien. La version avec des guests a beaucoup plu et on envisage faire revenir cette version. Les mariages à l’étranger, car ça fait aussi rêver. On essaie toujours d’apporter un peu plus de magie.

Comment arrive-t-on à évènementialiser ce format qui est installé depuis plusieurs années en dehors de ces spéciales ?

L’année dernière, on a mis en place une nouvelle notation qui constitue une nouvelle accroche pour le public. Ça fait parler du programme. Il ne faut rien chambouler. Il faut apporter un peu de changement et de piment, mais ne pas tout révolutionner.

À la fin de la saison dernière, plusieurs programmes ont été annoncés comme étant en danger avec l’arrivée de Cinq à Sept. Avez-vous aujourd’hui des garanties de pérennité pour 4 mariages pour 1 lune de miel ?

Ce n’est pas une mise en danger. C’est ni un avantage pour notre société de production, ni pour TF1, de rester avec un seul programme sur la case de 17 heures. Je trouve ça logique que d’autres programmes soient testés. Le monopole d’une case sur une marque n’est pas une bonne chose. Ça met juste une pile. Aujourd’hui il y a plus de concurrence, donc c’est une pression positive.