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Bryan Cranston, de Malcom à Breaking Bad

Emilie Lopez
Publié le 26/11/2010 à 13:08

Bryan Cranston, le papa de Malcom, était présent au Festival de la télévision de Monte-Carlo, pour parler de sa série, Breaking Bad, et de son personnage, Walter, un prof de chimie qui devient dealer après avoir découvert qu’il était atteint du cancer. Auréolé de nombreuses récompenses par la suite, dont l’Emmy du meilleur acteur en 2008, ce dernier a fasciné, amusé, interpellé et étonné les médias par son enthousiasme et son humour. Toutelatele.com est parti à la rencontre de cet acteur hors norme, pour une interview détonante.

Emilie Lopez : Comment décririez-vous Breaking Bad, et plus particulièrement votre personnage Walter ?

Bryan Cranston : Breaking Bad est l’histoire d’un homme normal qui mène une existence morose, sans relief et qui, petit à petit, va devenir Tony Montana dans Scarface (rires). Walter, mon personnage, est un homme déprimé par toutes les occasions qu’il n’a pas su saisir. Et tout le monde peut s’identifier à lui, car qui n’a jamais vécu cela ? Il vit normalement, jusqu’à ce qu’il apprenne qu’il a ce cancer. Et, ironiquement, c’est ce qui va le rendre vivant. Il préfère vivre un ou deux ans de manière excitante, que d’imaginer la perspective d’une vie plus longue et d’un ennui mortel.

En comparaison avec d’autres séries, Breaking Bad « prend son temps », il semble n’y avoir aucune urgence dans la narration.

On a des ordinateurs, des portables, on envoie des textos dans tous les sens et tout le monde veut tout, tout de suite. Nous, dans Breaking Bad, on prend notre temps. Lorsque l’on reçoit à un dîner, on ne commence pas par le dessert ! (rires)

Le rôle de Walter vous a-t-il demandé beaucoup de préparation ?

Pour tout dire, quand j’ai reçu le script, je l’ai lu d’une traite. Et il est tellement bien écrit que cela a rendu les choses vraiment faciles pour moi. J’ai immédiatement vu de quoi Walter aurait l’air, sa démarche, sa façon de parler, sa coupe de cheveux, tout !

Avez-vous fait certaines « concessions » pour vous glisser dans la peau de Walter ?

Oui, j’ai pris du poids car je savais qu’en faisant sa chimio, il devrait en perdre beaucoup. Du coup, j’ai perdu 8 kilos en 10 jours !

Breaking Bad est une série très noire, et votre personnage est à mille lieues du père déjanté de Malcom...

C’est précisément ce qui m’a fasciné ! Quand j’ai rencontré Vince Gilligan, le créateur de la série, il m’a dit qu’il voulait un personnage fondamentalement bon, qui allait se métamorphoser totalement et devenir une véritable saloperie ! Je ne sais pas pour vous, mais un changement aussi radical, je n’ai jamais vu ça dans aucune série US !

Le fait que la série soit diffusée sur AMC, une chaîne du câble, a certainement importance sur ce point...

Jamais la série n’aurait pu convenir à une grande chaîne, c’est trop risqué et trop sombre. Même si on désamorce souvent cette noirceur par un humour noir corrosif, c’est trop dangereux et déstabilisant pour leur public. Il fallait que ce soit sur le câble et que l’on puisse voir et apprécier ce qu’aucune grande chaîne n’avait jamais montré !

En incarnant un personnage condamné, la durée de vie de la série semble limitée. L’avez-vous déjà déterminé avec la production ?

Il y aura six saisons au maximum, et mon personnage mourra ! J’aime l’idée qu’on ne puisse pas la continuer ad vitam... Le show-business en veut toujours plus, jamais moins ! Le risque, c’est de finir par entendre des gens dire : « Encore une saison, y en a marre ! »