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Cyril Féraud et Mireille Dumas (Eurovision 2013) : « Cette année, on n’est pas à l’abri de faire un malaise »

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Rédacteur TV - Expert Eurovision
Publié le 18/05/2013 à 17:48 Mis à jour le 22/05/2013 à 18:39

Pour la deuxième année consécutive, Mireille Dumas et Cyril Féraud commenteront le Concours Eurovision de la chanson dont la finale de la 58e édition se déroulera ce 18 mai à 21 heures. Nous les avons retrouvés en plein cœur de Malmö, à l’hôtel qui accueille la délégation française, autour d’un petit café pas vraiment très matinal... « On a fait un peu la fête hier soir... », nous avoue l’animateur de Slam. Confidences et pronostics avant le coup d’envoi du show !

Sébastien Dias : Après l’Azerbaïdjan l’an dernier, vous voilà cette année en Suède. L’ambiance est-elle différente ?

Mireille Dumas : Je connaissais la capitale, Stockholm, mais pas Malmö. C’est une ville étonnante. Au premier abord, elle n’est pas terrible, car très industrielle. Mais en arrivant à l’hôtel, nous avons découvert que le centre-ville est très sympa. Et la météo nous offre un climat digne des pays du Sud. On avait pris des pulls et on se retrouve en lunettes de soleil à la terrasse des cafés !

Cyril Féraud : Pour moi, c’est la première fois en Suède. Ce qui est fantastique, c’est qu’ils ont voulu et réussi à transformer le centre-ville en un village entièrement consacré à l’Eurovision. Tout le monde a le sourire, agite des drapeaux... C’est une fête géante !

Mireille Dumas : Comme c’est un pays où l’Eurovision est regardée par 80% de la population, les gens arrivent déguisés dans la salle. Le spectacle n’est pas simplement sur scène !

Cyril Féraud : À Bakou, qui est une capitale, les délégations étaient réparties aux quatre coins de la ville donc on croisait peu les autres. Et puis l’ambiance n’était pas très souriante... On sentait en se promenant dans les rues que la liberté d’expression y est compliquée.

Comment préparez-vous ces trois heures de direct ?

Cyril Féraud : Mireille et moi sommes arrivés mercredi soir, un jour plus tôt qu’à Bakou. On voulait se mettre dans le bain. Jeudi soir, on a pu assister à la seconde demi-finale pour travailler nos fiches ensemble. Avant la grande répétition générale [du vendredi soir, ndlr], nous avons l’après-midi pour découvrir le reste des pays présents en finale.

Lors de la répétition générale, commentez-vous l’émission une première fois dans les conditions du direct ?

Mireille Dumas : Non, si on le fait pour de bon dès la répétition, on perd en spontanéité le soir du direct. Les fiches que nous préparons contiennent juste les deux, trois idées que nous pouvons donner pendant les 40 secondes que dure la carte postale qui précède chaque chanson.

« C’est important de se surprendre »

Cyril Féraud : Après, il y a les vannes qui nous viennent avec le direct. C’est important de se surprendre.

Mireille Dumas : Il ne faut pas être trop préparé. À ce propos, j’ai eu une mésaventure l’an dernier. Je ne sais pas comment je me suis débrouillée, mais mes fiches n’étaient pas dans le bon ordre. Ça allait tellement vite que je ne retrouvais pas la fiche du pays qui correspondant…

Cyril Féraud : Il faut dire qu’on n’avait pas pensé à prendre une agrafeuse !

Mireille Dumas : Alors, je disais trois mots par-ci par-là... C’était très drôle, mais au départ C’était la panique totale. L’équipe se disait : « Elle est complètement à côté de la plaque ! » Mais non, simplement, je ne retrouvais pas les fiches.

Cyril Féraud : Dans les cabines aménagées pour les commentateurs, c’est très étroit, on a juste la place de poser un cahier. Le problème, c’est qu’on a le conducteur et les fiches donc il faut constamment jongler entre les deux.

Partie 2 > Les reproches sur leurs commentaires de 2012


Mireille Dumas : Les cabines sont encore plus petites que l’an passé. Et on n’a aucune profondeur par rapport à l’an dernier. Il fait très très chaud et on ne peut pas mettre la climatisation sinon ça fait du bruit…

Cyril Féraud : Cette année, on n’est pas à l’abri de faire un malaise !

Mireille Dumas : Si on veut voir ce qui se passe sur la scène, il faut se pencher en avant. Il y a un double vitrage de sécurité au cas où l’un d’entre nous, désespéré par le résultat de son pays, aurait l’envie de se jeter !

N’est-il pas difficile d’exister quand on commente à deux une émission autant minutée ?

Cyril Féraud : Souvent, les commentateurs se répartissent les lancements. Nous, ça ne nous intéressait pas. Avant le show, on voit quels sont nos chouchous, ce qu’on a envie de dire et on laisse du temps à l’autre pour réagir et compléter. C’est du sport, mais c’est tellement mieux d’être deux. Les commentateurs qui sont seuls nous envient. Si créer un couple à la télé est très compliqué, Mireille et moi sommes complémentaires et non en concurrence. C’est notre force. On n’a pas le même humour, ni les mêmes goûts musicaux…

Mireille Dumas  : C’est vrai, t’as un goût pourri ! (rires)

Cyril Féraud : Mireille, c’est Tino Rossi, moi c’est Cascada ! (rires)

« Il y a des pays où il est inenvisageable de faire des vannes »

Mireille Dumas : C’est terrible d’être avec un petit jeune… Si je n’étais pas là, il y aurait de la dance à tout va ! (rires) Sérieusement, on s’entend bien, naturellement. Ce qui a été sous-estimé lors de l’annonce de notre duo l’an dernier, c’est le degré d’humour de l’un et de l’autre. Tous les deux, on aime s’amuser. Moi, je pratique le second degré et je plaisante beaucoup.

On vous reproche parfois de céder un peu trop facilement à la plaisanterie…

Mireille Dumas : L’an dernier, sur la répétition, on s’était un peu trop lâché. On est partis sur des plaisanteries qui ne peuvent pas passer à l’antenne. On a rectifié le tir en direct.

Cyril Féraud : Il y a des pays où il est inenvisageable de faire des vannes. C’est très sérieux. Parmi les fans français présents sur place, seuls quelques-uns soutiennent qu’il faut s’en tenir à un commentaire très respectueux. Tous les autres approuvaient nos plaisanteries. Nous sommes loin de notre collègue anglais, qui est très trash.

Partie 3 > Quelles chances pour Amandine ?


Quelles sont selon vous les chances de notre représentante, Amandine Bourgeois ?

Mireille Dumas : Elle va commencer. Beaucoup disent que c’est un handicap, car il y a 25 chansons derrière. Mais j’ai appris que chanter en premier, comme en plein milieu et à la fin, est une place d’honneur. Mais pour l’artiste, c’est compliqué de démarrer, ça met une grosse pression.

Cyril Féraud : Je ne veux pas faire de pronostic parce que l’an dernier, on s’est vraiment plantés sur Anggun. On l’imaginait dans les dix premières places et elle a fini 22e… Amandine, on y croit parce que c’est l’opposé de ce qu’on attend habituellement de l’Eurovision. C’est sombre et rock. Mais cette fille a un charisme fou. On aime ou on n’aime pas, mais elle se défonce sur scène et emporte tout le monde avec elle.

Mireille Dumas : C’est différent donc ça passe ou ça casse. Ce n’est pas « première ou dernière » mais ça va être assez tranché.

Cyril Féraud : Les fans de l’Eurovision s’accordaient tous autour d’une 15e place, mais on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise.

Mireille Dumas : D’un point de vue géopolitique, les pays des Balkans ont été éliminés en demi-finale, donc on ne sait pas comment vont se répartir les points, ça peut tout faire bouger.

« Amandine se défonce sur scène et emporte tout le monde avec elle »

Quels sont vos « chouchous » sur cette finale ?

Cyril Féraud : Il y en a un qu’on aime bien, mais qui ira pas au bout, c’est Cesar, le Dracula Roumain à la voix de castrat.

Mireille Dumas : C’est gonflé et drôle. Sinon, il y a jolies ballades, des airs qui se retiennent bien. Et il y a moins de petites jupettes !

Cyril Féraud : On aime bien la Grèce, avec sa chanson « L’alcool est gratuit », la Russie et l’Azerbaïdjan, très efficace avec sa mise en scène [Un danseur évolue dans une cage de verre de façon à reproduire l’ombre du chanteur, ndlr]

Mireille Dumas : J’ai regretté que les demi-finales aient sorti la Macédoine, un mélange de musique électro et de folklore local. La chanteuse, d’origine tzigane, est très engagée politiquement avec un message citoyen qu’il était très intéressant de relayer à l’antenne parce qu’en adéquation avec ce que veut promouvoir l’Eurovision.

Cyril Féraud : Il y a plein de gens qui vont nous faire nous lever et crier dans notre cabine ! Sauf qu’il faut faire gaffe cette année, les murs sont très fins et on entend nos collègues d’à côté. Si on crie trop fort, notre voisin azéri risque de ne pas être content...