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Defiance > Grant Bowler revient sur son travail avec Lindsay Lohan

Tony Cotte
Publié le 07/05/2013 à 18:37 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

Tony Cotte : Pouvez-vous revenir sur les conditions de votre casting pour la série ?

Grant Bowler : J’ai été approché à deux reprises pour faire des essais. La première fois, je tournais un film. La seconde, j’étais en plein tournage de la version australienne d’Amazing race (Il y assure l’animation, ndlr). Je ne pouvais pas revenir. Je me suis dit que cette opportunité n’était vraiment pas pour moi et que c’était un signe du destin. À Los Angeles, il y a toujours quelqu’un pour prendre la place d’un autre assez rapidement. J’ai commencé à parler concrètement du rôle à la fin d’un mois de septembre et je n’ai vu mes interlocuteurs en chair et en os qu’au mois de janvier. C’est un long délai pour ce genre de projets. Mais Kevin Murphy me voulait vraiment, car il est fan d’une petite série que j’ai faite en Nouvelle-Zélande, baptisée Outrageous fortune. Il est probablement le seul Américain à l’avoir vue (rires).

Une partie du public reste hermétique à la science-fiction. Quels arguments donneriez-vous aux téléspectateurs peu enclins à apprécier le genre ?

Boardwalk Empire est une série de gangsters, True Blood une série de vampire... Il existe beaucoup de genres. Si elles arrivent à rencontrer le succès, c’est parce que leur genre n’est qu’un prétexte à raconter des histoires plus vastes. Pour avoir tourné dans True Blood, je peux témoigner : Alan Ball a proposé, par le biais de sa série, une critique de la société américaine. Il est capable de traiter de questions sociales. Ce n’est pas qu’un divertissement au premier degré. C’est ce qui m’a le plus attiré dans le projet de Defiance : derrière ses effets spéciaux, ses tenues et ses aliens, c’est avant tout une histoire sur l’immigration. Il est question de l’identité, de ce qu’un individu est et veut être. On parle aussi de la rédemption et de ses conséquences. A la différence d’une série comme Terra Nova, quand on sort le lapin de notre chapeau, on peut en trouver d’autres...

Il y a t-il une appréhension particulière à tourner dans une production de science-fiction compte tenu des conditions de tournage ?

Pour un acteur, ce genre de séries est difficile, car l’exécution est compliquée. Il y a toujours une quantité importante de maquillages, d’écrans verts et d’effets spéciaux en postproduction. Tout est très technique. Mais je suis un grand fan du genre. Defiance regroupe plusieurs éléments que j’adore. Je suis un adepte de Star Wars, Star Trek ou encore Battlestar Gallactica.

« En Australie, les rôles ne sont pas spécialement variés »

Vous avez quitté l’Australie, après une longue carrière, pour vous installer aux États-Unis. Quelles ont été vos motivations à ce moment-là ?

J’avais pleinement conscience des raisons pour lesquelles on m’engageait et des limites que cela fixait dans mes perspectives d’évolution. Il me restait moins de 10 ans pour avoir encore droit à des rôles autres que les bons pères de famille ou des officiers de police. Il fallait donc que je prenne une décision. C’est très agréable de travailler en Australie, mais les rôles ne sont pas spécialement variés. Le type de personnages que j’aime jouer reste rare là-bas. Je veux véritablement faire ce métier depuis l’âge de 17 ans. Depuis, j’y consacre toute ma vie. Partir aux États-Unis était le seul moyen pour avoir une carrière plus riche. Si j’avais été plus courageux et ambitieux, j’aurais fait le déplacement bien plus tôt.

Partie 2 > Son travail avec Lindsay Lohan

La transition aurait été difficile à en croire vos différentes biographies...

Ça n’a effectivement pas été une expérience très agréable sur le court terme. J’ai vraiment galéré, tout en ayant conscience que personne ne m’attendait les bras ouverts. Rien ne vient à soi sans difficulté. J’ai donc dû redoubler d’efforts. Aujourd’hui, grâce à cette période difficile, je suis capable d’être reconnaissant de tout ce qui m’arrive. Je suis quand même, à cet instant présent, dans un hôtel parisien !

Vous avez récemment été aux côtés de Lindsay Lohan pour le téléfilm Liz & Dick, le biopic d’Elizabeth Taylor. Qu’avez-vous pensé du retour si particulier des médias ?

“Bof” (en français) ! (Rires) Le téléfilm a pu bénéficier de beaucoup d’attention, grâce à la présence de Lindsay Lohan. A moins d’être une nonne, il a été impossible de ne pas connaître l’existence de ce projet. Il faut le reconnaître : sans elle, personne n’en aurait entendu parler. Le choix de Lindsay fait sens : une partie de sa vie a des similitudes avec celle d’Elizabeth Taylor. Elles ont commencé toutes deux étant enfant, ont rencontré des difficultés avec l’alcool et d’autres substances, leur vie privée a été très médiatisée et leur cote de popularité a changé assez brusquement. Il y a beaucoup de points communs. Je regrette cependant que chaque incident autour du tournage ait été rendu public de la sorte. Dans ma carrière, j’ai fait des films où il y a eu bien plus de problèmes, sans pour autant que ça n’intéresse qui que ce soit.

Cette expérience a-t-elle changé votre rapport aux médias ?

Personnellement, je ne pourrais pas vivre de cette façon, avec le poids des médias constamment sur soi. Je deviendrais fou si on devait rapporter chacun de mes faits et gestes. Les paparazzis sont des vampires. Ce n’est pas une critique : si vous les invitez à rentrer, à prendre des photos de vous dans votre bain, ils resteront dans votre salle de bain. C’est une réalité.

« Je peux vous citer des dizaines de lauréats aux Oscars qui ont été mauvais »

Comment expliquez-vous l’attrait autour de cette personnalité aujourd’hui ?

Les gens qui s’intéressent à Lindsay Lohan sont regroupés en deux camps : ceux qui veulent la voir sombrer un peu plus, et ceux qui voit un elle un phoenix, capable de renaitre de ses cendres. Mais ce téléfilm est ce qu’il est : elle a simplement fait son travail. Ce n’est pas une performance qui fait ou défait une carrière. Vous pouvez le faire très bien, moyennement ou vous planter, mais ce n’est rien de plus qu’un personnage, interprété une fois. Je peux vous citer des dizaines de lauréats aux Oscars qui ont, à un moment de leur parcours, été mauvais. Même Jack Nicholson ! Pour autant, ça ne leur a pas empêché d’avoir une grande carrière et d’avoir atteint des sommets. Je crois qu’on a jugé Liz & Dick uniquement sur la prestation de Lindsay Lohan et c’est très réducteur. Des équipes entières ont travaillé 18 heures par jour. Beatrice De Alba, à la tête du département maquillage, a déjà un Oscar à son actif et a fait quelque chose de formidable. De même que Salvador Pérez Jr., en charge des costumes. C’est triste que leurs efforts soient passés inaperçus, juste sous prétexte d’un attendu come-back...Mais c’est comme ça : certains éléments font de l’ombre à d’autres malgré eux.