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Dominique Baudis & Olivier Gérolami

Alexandre Raveleau
Publié le 29/04/2005 à 01:22 Mis à jour le 14/03/2010 à 17:48

En avril 2005, quelques jours après le lancement de la TNT, Dominique Baudis, Président du CSA, et Olivier Gérolami, alors directeur du Groupement TNT, répondaient à nos questions. Avec le recul et le joli succès rencontré par la TNT, les deux hommes avaient-ils un discours de visionnaires ? Retour sur propos.

Dominique Baudis, Président du CSA

Alexandre Raveleau : Comment les chaînes ont-elles été sélectionnées pour faire partie de l’offre TNT ?

Dominique Baudis : Elles ont toutes répondu à un appel à candidature lancé par le Conseil Supérieur de l’audiovisuel. Nous avons reçu plus de soixante projets qui ont tous été examinés. Puis, nous avons reçu, un par un, les candidats lors d’auditions intégralement retransmises sur Public Sénat et la chaîne de l’Assemblée nationale. Il y a eu transparence totale.

Alexandre Raveleau : Quels ont été les critères de sélection ?

Dominique Baudis : Nous nous sommes référés à la loi d’août 2000 sur la télévision numérique terrestre. Les principaux points étaient l’intérêt pour un large public, la solidité financière des projets et la fiabilité professionnelle de leurs acteurs. Nous avons vraiment tenu à défendre la diversité et la pluralité en créant des chaînes avec de l’information, de la politique, des divertissements et de la musique.

Alexandre Raveleau : Certains parlent d’un effet « pétard mouillé » au sujet de la TNT en remettant en cause son impact auprès des téléspectateurs. Qu’en pensez-vous ?

Dominique Baudis : La France a un an, voire un an et demi de retard par rapport à ses voisins européens. Nous avons une offre gratuite particulièrement réduite et il est temps que cela change ! La TNT répond à une vraie demande mais il faudra laisser un peu de temps aux chaînes de s’installer pour faire leurs preuves. En tout état de cause, nous allons vers plus de qualité et plus de diversité. Personne ne peut dire le contraire.

Olivier Gérolami, Directeur du Groupement TNT

Alexandre Raveleau : La TNT gratuite est-elle une révolution ?

Olivier Gérolami : Les 3/4 des Français ne possèdent pas d’abonnement au satellite, câble ou ADSL. La TNT leur permet d’accéder gratuitement à 14 chaînes en qualité numérique, pour le simple achat d’un adaptateur. Nous allons vers une nouvelle télévision, j’en suis persuadé. Le marché publicitaire sera bientôt complètement redéployé et les audiences transformées. TF1 et M6 ne figurent justement pas dans le Groupement pour ces deux raisons.

Alexandre Raveleau : Quelles leçons peut-on tirer des exemples à l’international ?

Olivier Gérolami : En me limitant à l’Europe, la TNT gratuite a toujours été synonyme de succès. Par contre, le payant a rencontré bien plus de difficultés. En Grande-Bretagne, la TNT gratuite a été relancée en octobre 2002, avec 25 chaînes. C’est un triomphe foudroyant puisqu’en, un peu plus de deux ans, 6 millions d’Anglais sont abonnés. En Italie, même constat. Il y a 1,5 million de possesseurs de boîte alors qu’ils n’ont démarré que depuis un an. Et l’Italie n’est pas encore couverte à 100%. L’Allemagne a connu le même engouement. Et en France, la TNT sera le cadeau branché de Noël !