Toutelatele

Enora Malagré (Touche pas à mon poste / Le Van) : « J’écris mon premier roman. Cette passion me rattrape »

Par
Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 13/04/2017 à 18:30

Benjamin Lopes : Le Van a connu dix numéros sur CStar cette saison. Quelle a été votre implication dans ce format ?

Enora Malagré : J’en ai eu l’idée. En fait, je suis tombée par hasard sur Le plein de super de Bruno Solo et Yvan Le Bolloc’h. J’adorais. Je me suis dit que j’aimerai faire une telle émission. J’ai fait, très modestement, un mélange avec Paris Dernière et un peu de Fréquenstar. J’en ai parlé avec Cyril Hanouna qui m’a dit banco. On s’est dit aussi qu’il fallait apporter un peu de contenu sur CStar, car il n’y avait pas grand-chose. On a hésité un moment avec Canal+, mais je trouve que ça correspondait plus à cette chaîne musicale. Le Van est une émission très modestement tricotée par trois personnes. On a été hyper fier. L’émission avec Philippe Katerine est la plus belle que j’ai faite en 13 ans de carrière. Je nage dans un petit bain moussant de bonheur.

Le montage de l’émission a évolué au fil des numéros, notamment avec des séquences coulisses qui ont été ajoutées. Comment cela a-t-il été opéré ?

Ce sont surtout les deux premiers numéros qui étaient différents. Je ne cache pas que les tournages n’étaient pas évidents à faire, en extérieur. On était un peu pris par le temps et l’emploi du temps très chargé de nos invités. Évidemment, on a un peu bricolé les premières émissions en termes de montage et de contenus. Elles étaient un peu moins fortes. Ensuite, on a pris plus de temps et on a pu voir plus de lieux.

L’émission va-t-elle se poursuivre ?

D’autres numéros pourraient être commandés.

Quelle est selon vous la principale différence entre Le Van et une émission testimoniale avec des stars comme Fréquenstar par exemple ?

Ce n’est pas le même ton. La programmation musicale en termes de montage est inédite et on ne la voit pas tellement en télévision. Ça rythme l’émission de manière totalement différente. C’est ma petite touche de mon passage sur Radio Nova. C’est un plaisir pour moi. C’était de véritables orgasmes musicaux. On a eu la chance d’avoir une chaîne qui nous a laissés carte blanche sur le sujet. Ce n’était pas forcément des musiques inhérentes à a programmation de CStar.

« On ne va pas se mentir, j’ai eu aussi beaucoup d’échecs. C’est le moment de se remettre en question »

Les artistes se sont confessés assez facilement dans Le Van. Comment êtes-vous parvenue à ce résultat ?

Je n’ai pas le talent de Laurent Boyer, on en est convaincu, mais j’ai quand même une facilité à la confession. Ça me ressemble et ça ne me va pas trop mal, sans prétention. Je n’ai pas beaucoup de qualité dans la vie, mais j’ai une grande faculté d’écoute. À partir du moment où on écoute les gens, ce qui devient très rare à la télévision, ils se livrent. Dans un espace très confiné comme Le Van, c’est assez propice à la confidence aussi. J’ai eu de la chance et le feeling est vraiment bien passé avec tout le monde.

Le Van était diffusé en amont sur le digital. Avez-vous compris cette volonté ?

Ce qui m’a le plus dérangé à vrai dire c’est le jour et l’horaire de la programmation de l’émission. Je n’ai pas tellement compris la stratégie de diffusion sur le digital non plus. CStar est une jeune chaîne donc… C’était assez inédit (rires).

L’écriture est également une passion. Avez-vous toujours des projets en ce sens ?

J’écris mon premier roman. Cette passion me rattrape. C’est vraiment des états compulsifs. J’ai toujours écrit depuis que j’ai onze ans. J’ai pour habitude de coucher des idées saugrenues ou pas sur le papier. Pour reprendre Jean-Claude Grumberg, je suis en pleine diarrhée verbale. C’est très salvateur. Ça me fait un bien fou. Ce qui va en sortir, je n’en sais rien. Est-ce que ça sera brillant, j’en doute, en tout cas ça m’aura fait du bien…

Quels sont vos auteurs de référence ?

Mon livre de chevet depuis des années est « La Religieuse » de Denis Diderot. Je pourrais le lire des centaines de fois. J’aime beaucoup aussi « Premier Amour » de Ivan Tourgueniev. Ce bouquin m’a changé. J’ai été également bouleversée par « La Confusion des sentiments » de Stefan Zweig. J’adore également Milan Kundera. Je dévore pas mal de bouquins.

On évoque parfois les livres de Valérie Benaïm, de Gilles Verdez, ou encore de Géraldine Maillet dans Touche pas à mon poste. Pourquoi la passion littéraire d’Enora Malagré est-elle occultée ?

Il me semble que ce n’est pas le bon endroit pour moi pour en parler. J’ai choisi de le faire par d’autres moyens. On me voit dans Touche pas à mon poste pour mes coups de gueule, ça ne me frustre pas… Je serai tellement contente d’en parler dans TPMP mais finalement est-ce qu’on ne s’en fout pas un peu… Et puis, c’est très bien aussi d’avoir un jardin secret. Ce n’est pas très grave.

« Je ne me sens pas forcément légitime, et du coup l’exposition est hyper violente. J’ai une personnalité hyper clivante et je le revendique »

N’êtes-vous pas finalement prisonnière d’un rôle qui a été défini sur mesure pour vous, mais qui ne correspond pas forcément à la véritable Enora Malagré ?

Dans la vie, on n’est pas pareil avec son petit ami, ses parents et ses copains. La télévision c’est la même chose. Dans Touche pas à mon poste, je suis avec mes potes, Dans Le Van, c’est comme je pourrais être avec mon copain, et dans Derrière le poste on m’a vu comme je pourrai être avec mes parents. On n’est pas monolithique. Oui, parfois, on se demande si on prend les bonnes décisions, si cela va durer, si je suis sur le bon chemin. En ce moment, c’est le temps des questions.

Il y a quelque temps, lors d’un conseil de famille dans TPMP, il a été expliqué que vous étiez surement meilleure chroniqueuse que présentatrice. N’était-ce pas un peu rude quand on sait que Derrière le poste a fonctionné durant de nombreux numéros ?

Je vais être honnête, la séquence a été compliquée. Après, j’ai entendu les conseils des uns et des autres. Je pense que Cyril m’a produite pendant plus de cinq ans donc il doit se dire que je ne suis pas une mauvaise animatrice. On ne va pas se mentir, j’ai eu aussi beaucoup d’échecs. C’est le moment de se remettre en question. Il me semble que j’ai encore des choses à montrer en tant qu’animatrice très clairement, dans des émissions, comme Le Van, qui me correspond parfaitement. Il y a eu un problème de programmation, de timing. J’ai envie de défendre des tas de choses en télévision.

Avez-vous déjà cependant songé à vous retirer de la scène médiatique ?

J’y songe à mort. Je suis très cérébrale et quand on est surexposé comme on l’est, on y pense forcément. J’ai commencé TPMP il y a huit ans, et on avait plus de fans sur Facebook que de téléspectateurs sur France 4. On est devenu des trublions et ça me semble complètement hallucinant. Je ne me sens pas forcément légitime, et du coup l’exposition est hyper violente. J’ai une personnalité hyper clivante et je le revendique. C’est parfois très dur à vivre, mais je ne vais pas me plaindre, je ne suis pas à l’usine.

Vous avez tout de même consciente des répercussions des propos que vous pouvez tenir dans l’émission aujourd’hui….

Je suis très loin de ce narcissisme. Ce qui me fatigue, ce sont les sites internet, comme vous, qui de rien, vont créer un titre, car ça fera du clic. C’est très dérangeant aussi de ne pas pouvoir préserver comme on le voudrait sa vie privée. Je ne cherche pas le buzz. Je n’aime pas ce mot. C’est d’une indigence intellectuelle qui ne me concerne pas. J’arrive, je fais mon travail qui est de donner mon avis sur la télévision. Je l’aime très peu et c’est pour cela que j’ai été engagée à l’origine. Je n’aime pas la télévision d’aujourd’hui, mais je suis fan de Frédéric Taddeï par exemple, même si personne ne le dit…