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Evelyne Thomas (2/2)

Tony Cotte
Publié le 26/06/2006 à 00:52 Mis à jour le 03/05/2011 à 23:42

En 2004, France 3 décide de mettre un terme à l’une de ses émissions phares : C’est mon choix. Depuis l’incroyable succès de ce talk show prisé des ménagères de moins de 50 ans, Evelyne Thomas semble avoir du mal à trouver un nouveau rôle à la télévision. Combien ça coûte, C’était mieux hier, Starting Over, les émissions présentées sur TF1 n’ont pas rencontré leur public. Aujourd’hui, Evelyne Thomas est libre de tout engagement et prépare activement sa rentrée. Rencontre avec une animatrice, constamment dans les starting bloc...

Tony Cotte : En mai/juin 2004 survient une période noire. Vous apprenez l’arrêt officiel de C’est mon choix et la polémique Marianne vous met dans une situation embarrassante. Regrettez-vous d’avoir accepté ?

Evelyne Thomas : Je n’ai pas choisi. Encore une fois, ça été décrié dans un certain microcosme. C’est un honneur d’être Marianne, d’autres ont eu cette chance bien avant moi et pas des moindres. Je n’aurais pas pu refuser, ce serait vraiment irrévérencieux !

Tony Cotte : Suite à la polémique, le buste de Marianne est devenu aujourd’hui anonyme. Vous sentez-vous responsable ?

Evelyne Thomas : Pourquoi voulez-vous toujours que je sois responsable de tout ? Au moins, il se trouve que la dernière femme connue à l’être est une femme de télévision et j’en suis extrêmement fière. Cela prouve que la télé est entrée dans nos foyers, dans les moeurs et dans notre vie. Brigitte Bardot fut la première, moi la dernière ... mais on en reparlera dans quatre ans.

Tony Cotte : Au même moment, RMC ne renouvelle pas votre contrat. Vous dîtes que c’était dû à un manque d’impertinence... (Elle interrompt)

Evelyne Thomas : Non ! Je n’ai pas dit ça. J’ai émis l’hypothèse que dans une émission de radio traitant de la télévision, je n’étais peut-être pas assez impertinente. Je n’avais surtout pas envie de distribuer des bons ou mauvais points à mes camarades de jeux. Je ne m’en sens ni l’audace, ni la prétention. Ce n’est pas mon credo.

Tony Cotte : On peut dire que vous avez une forte personnalité. Est-ce pour cette raison que la sauce n’a pas pris pour votre binôme avec Jean Pierre Pernault dans Combien ça coûte ?

Evelyne Thomas : Cette voiture n’avait pas besoin de deux pilotes. Jean Pierre Pernault a été l’idole de mes débuts de journaliste. Mais je pense que ça a été mal vécu par le public de l’émission. Il y a une très grande histoire d’amour avec cet animateur et ses fidèles. C’était une idée qui séduisait Etienne Mougeotte. Pourquoi ne pas la tenter ? La vie n’est heureusement pas faite que de choses qui réussissent, les échecs vous construisent toujours. Il ne faut jamais baisser les bras.

Tony Cotte : Dans votre livre, vous parlez d’ « Une campagne de communication habilement menée, avec l’appui de professionnels, me fait passer pour une traîtresse de grande envergure » (p.394). Quels médias ou personnes visez-vous plus précisément ?

Evelyne Thomas : Je ne pense pas avoir écrit ça. Je connais les lois du métier. Je sais où j’ai mis les pieds. Je ne joue pas les victimes et je ne veux pas me justifier. Je ne crois pas à la théorie du complot. J’ai peut-être mal communiqué, mais, à un moment, certains vous placent dans le camp de la malchance. Il y a pire que les gens qui violent votre intimité, il y a ceux qui déforment la réalité. J’avais envie de dire qui je suis et non pas que l’on raconte ce que je ne suis pas.


Tony Cotte : Votre « peopolisation » vous a valu un véritable lynchage médiatique. Est-ce une bonne stratégie d’avoir accordé récemment une interview à Closer ?

Evelyne Thomas : Je ne fais pas de stratégie, je fais les choses comme j’en ai envie. Je suis une instinctive. Closer est un journal populaire. C’est un des magazines les plus lus par les téléspectateurs de C’est mon choix. Je ne vois pas pourquoi je n’accorderais pas d’interview à des personnes qui sont sympathiques avec moi. Néanmoins je ne comprends pas cette « peopolisation » qui m’a été reprochée. A 15 ans, je ne pensais pas être invitée à des soirées et être bien habillée. C’est le rêve de toutes les femmes. J’y ai pris plaisir et j’en ai fait profiter des gens qui n’y ont pas eu accès, c’est un peu facile de dire « elle est passée de l’autre côté de la barrière » !

Tony Cotte : Dans son livre Putain d’Audience, Patrick Sébastien dit de vous que vous êtes une femme « noble et compétente » mais que vous avez fait « fausse route. L’urgence pour elle est de retrouver ce qu’elle était en vrai : une fille simple et chaleureuse »...

Evelyne Thomas : Je suis toujours une fille simple et chaleureuse. Je n’ai pas envie de me justifier. Les gens qui m’ont entourée toutes ces années savent très bien à quel point le tourbillon ne m’est pas monté au cerveau et je n’ai pas fait fausse route. Quand vous apprenez au mois de juin que vous n’êtes plus à l’antenne de France 3 et qu’un mois après TF1 vous appelle, c’est facile de dire « elle n’aurait pas dû y aller ». Je sais que Patrick Sébastien a des comptes à régler avec TF1. Mais comme disait ce grand poète de Julio Iglesias : « Je n’ai pas changé » (rires)

Tony Cotte : Vous faîtes un portrait de Jean-Luc Delarue comme une personne ambivalente. C’est vraiment ce qu’il est ?

Evelyne Thomas : Je n’ai jamais dit « ambivalente ». C’est un grand professionnel, j’ai du respect pour lui et je le trouve brillant. Mais je déplore que notre histoire d’amour professionnelle se soit arrêtée, et qu’il n’ait pas compris ce que je voulais. On formait un bel attelage. Pour qu’une émission perdure, il faut vraiment travailler et qu’elle ne devienne pas la caricature qu’on nous accuse d’être.

Tony Cotte : Suite à la parution de votre ouvrage, a-t-il essayé de démentir certains dialogues rapportés le concernant ?

Evelyne Thomas : Pas que je sache. Mais j’ai été tout à fait honnête, je ne pense pas dire du mal de lui dans mon livre.


Tony Cotte : Pourriez-vous de nouveau travailler avec lui ?

Evelyne Thomas : Qu’il m’appelle ! Il ne faut jamais dire « fontaine je ne boirai pas ton eau », mais savoir aussi passer à autre chose. Les émissions changent, il faut s’adapter à la société.

Tony Cotte : On parle d’un projet, en collaboration avec Bataille et Fontaine, où Guy Carlier serait le premier invité. Ce dernier a souvent été médisant à votre égard. Comment l’avez-vous convaincu de participer ?

Evelyne Thomas : C’est un pilote. J’ai produit le format, c’est Pascal et Laurent qui l’ont fait. Je souhaitais Carlier. Je sais être bonne fille, il est en période de restructuration. On l’a vu dans Gala avec la fille de Frédéric Dard. C’est amusant qu’il se « peopolise » après avoir tant décrié le phénomène. A chaque fois que l’on se rencontrait, il me disait tout le bien qu’il pensait de moi pour me tailler 5 minutes après dans son émission. C’est son jeu, mais il a juré qu’il ne dirait plus jamais de mal de moi. J’attends de le rencontrer et j’accepte aussi l’humour ...

Tony Cotte : Certains propos étaient tout de même virulents !

Evelyne Thomas : Je fais ce métier depuis longtemps, j’y accepte les lois. Ca me gène plus vis-à-vis de mes proches qu’à moi-même. Le sketch sur les nazis dans les Guignols a été censuré directement par la direction de Canal +. Je sais avoir de l’humour. Heureusement de nos jours, les humoristes ont le droit de citer.

Tony Cotte : Une rumeur circule quant à une matinale sur M6 à la rentrée...

Evelyne Thomas : J’ai des contacts avec les chaînes. J’ai une grande liberté et je ne suis plus sous contrat avec TF1. Après on verra bien...

Tony Cotte : Vous répétez souvent « Je ne suis pas une sprinteuse, mais une coureuse de fond ». Aujourd’hui dans vos différents projets, vous êtes plus proche des starting bloc ou de la ligne d’arrivée ?

Evelyne Thomas : J’ai toujours été dans les starting bloc. Le jour où je serai proche de la ligne d’arrivée, j’aurai un pied dans la tombe. Une coureuse de fond par définition continue de courir... Tel Forrest Gump (rires)