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François Florentiny (Directeur Général d’ITV Studios France) : « Hell’s Kitchen est un mix entre Top Chef et la Star Academy à l’origine »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 14/01/2016 à 18:25 Mis à jour le 14/01/2016 à 18:30

Benjamin Lopes : Vous avez porté votre choix sur Arnaud Tabarec pour prendre les commandes du programme. Comment avez-vous procédé au casting ?

François Florentiny : On a voulu prendre des chefs étoilés que les gens ne connaissaient pas forcément. On a casté beaucoup d‘entre eux, dont Ludovic Lefèbvre à l’étranger après qu’il ait fait The Taste sur ABC aux États-Unis, mais aussi Gilles Epié qui est le plus jeune chef à avoir eu une étoile au guide Michelin (à 22 ans, ndlr). Frédéric Anton aurait aussi pu faire Hell’s Kitchen mais comme il a fait MasterChef, il n’avait pas envie de se repositionner sur de la télé-réalité. Très naturellement, au fur et à mesure des rendez-vous, Arnaud Tabarec est ressorti grâce à son franc-parler, son côté très détendu et pas prise de tête. Durant son casting, c’est le seul qui a dit que si on ne le prenait pas, ce n’était pas grave, à l’inverse d’autre. Son discours était hyper didactique et ça nous a plu.

Peut-on parler de télé-réalité pour Hell’s Kitchen ?

C’est de la télévision du rêve. Dans la télé-réalité, on met tous des stimuli pour qu’il se passe ce qu’on veut. Là, c’est la brigade qui prend le contrôle du programme. Si dès le premier jour ils veulent éliminer une candidate que nous trouvions intéressante pour la production, on ne peut rien y faire. On est vraiment dans la captation de la vie d’un service. Les caméras sortent juste un peu des cuisines.

Arnaud Tabarec a-t-il été formé pour incarner l’émission ?

On a briefé Arnaud Tabarec pour lui apprendre à faire de la télévision, mais surtout à construire son discours et à avoir une diction un peu posée. Ensuite, on l’a laissé faire. En visionnant la version originale, il était très inquiet de l’image qu’il allait pouvoir renvoyer. C’est quelqu’un d’assez timide et gentil, et c’est vrai qu’en cuisine, comme tous les chefs, il se révèle avoir une très grosse personnalité. Ça a donc été une introspection un peu bizarre pour lui.

« Frédéric Anton aurait aussi pu faire Hell’s Kitchen mais comme il a fait MasterChef, il n’avait pas envie de se repositionner sur de la télé-réalité »

Pourquoi avez-vous séparé les femmes des hommes ?

C’est uniquement au début. En termes narratifs, c’est ce qui vous permet d’identifier le plus vite les candidats.

À quelles adaptations majeures avez-vous procédé par rapport à la version originale du format ?

La principale différence est qu’on laisse le chef avoir le dernier mot et on n’est pas dans un systématisme de la violence dans le suivi des candidats. Dans la version américaine, Gordon Ramsay met à l’amende tout le monde et il peut éliminer chaque candidat, même dans l’équipe qui a gagné. Dans le même temps, on ne les filme pas dans les dortoirs. C’est une question de budget. À l’origine, c’est plus un mix entre la Star Academy et Top Chef. Hell’s Kitchen est diffusé dans plus de cent pays et a été adapté dans dix. Le but est réellement de travailler avec la chaîne et on a regardé ce qu’on gardait ou pas par rapport au format original.

Le rendu visuel peut s’apparenter à ce qu’on pourrait voir sur une chaîne historique. N’est-ce pas finalement le piège pour une société de production à l’heure où elle aussi rogne sur les coûts ?

Ce n’est pas un piège. On dépense juste l’argent différemment. Notre volonté était de faire une émission aussi belle que pour une chaîne historique et ne pas proposer quelque chose de moins bien pour NT1. On a pris le réalisateur de Top Chef. Les producteurs sont des anciens de Secret Story. On a voulu le meilleur staff. On s’est dit qu’on gagnerait de l’argent comme ça. Plutôt que d’avoir des gens qui font des erreurs, on a préféré miser sur les meilleurs afin de sortir cette émission en cinq semaines, au lieu de sept habituellement.