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Gilles Marini (Switched) : « J’ai vraiment appris le métier d’acteur dans Brothers & Sisters »

Claire Varin
Publié le 31/01/2014 à 19:31

Découvert dans le film Sex and the City, popularisé grâce à Dancing with the Stars et Brothers & Sisters, Gilles Marini a su se faire une place à Hollywood. Depuis 2011, l’acteur joue dans Switched at Birth, diffusée sur ABC Family. A l’occasion du lancement de la série sur 6ter, Toutelatélé a rencontré Gilles Marini pour évoquer son personnage, la série et son parcours.

Claire Varin : Comment décririez-vous personnage Angelo ?

Gilles Marini  : Angelo est italo-algérien avec du français en lui. Il parle ces trois langues. C’est parfois un homme mystérieux. Dans les deux premières saisons, on ne sait pas s’il vient pour le bien ou le mal, si c’est pour rafler tout l’argent par rapport à l’hôpital ou pour le bien des filles. J’aime bien ce personnage tout simplement parce qu’on tient le public en haleine. On ne sait jamais ce qu’il va se passer avec lui.

Angelo est le père biologique de Bay. Que pouvez-vous dire de leur relation ?

Dès le début, je l’ai interprété avec l’idée qu’il veut vraiment tisser des liens avec sa fille qu’il n’a jamais connue. Il sent qu’il a perdu seize ans de sa vie. C’est comme aller en prison. J’ai des enfants et si on me faisait un truc comme ça [les deux adolescentes ont été échangées par erreur à la maternité, ndlr], il ne s’agit même pas porter plainte, je retrouve les gens qui m’ont fait ça, en bon Français qui a le sang chaud. Maintenant, il y a de l’argent en jeu, et ça peut faire beaucoup de mal, surtout dans une famille. L’avenir dira comment les choses vont évoluer. Il y a beaucoup de rebondissements. Et encore plus dans la saison 2, à cause des erreurs qu’il continue à faire. Angelo essaie d’être un père de famille, mais c’est encore un enfant.

Avez-vous passé un casting pour ce rôle d’Angelo ?

On m’a offert le rôle. C’est souvent ce qu’il se passe depuis quatre ans. Aux États-Unis, comme surement en France, quand tu vends, tu comptes [« you sell, you matter »]. Quand tu sors d’une série comme Brothers & Sisters où il y a les meilleurs acteurs du monde, ils ne vont pas se poser la question de savoir si tu sais jouer ou pas la comédie. Très vite, Hollywood s’est dit « Ok, il a ce physique-là. Ok, il attire ce genre de public. Ok, il vend et en plus, il sait ce qu’il fait. Et il arrive toujours prêt sur les tournages. » Je connais toujours mon texte, mais aussi ceux des autres. Je suis toujours prêt pour l’imprévu. C’est Rachel Griffiths qui m’a appris ça. Je veux prouver aux Américains qu’ils ont bien fait de me donner cette chance. Et pour cela, je travaille plus que les autres.

Qu’aimez-vous dans Switched at Birth ?

Adultes ou adolescents, la palette de personnages est large. Et ça fait plaisir d’être dans une série comme celle-ci qui a autant de succès aux États unis. Alors qu’on aurait pu croire que ça n’allait pas marcher parce que ça parle de la surdité. C’est un sujet dont les gens, en général, se fichent un peu. Mais après avoir regardé trois ou quatre épisodes, on se rend compte de sa qualité. Ça fait du bien d’avoir des séries dures, mais positives au bout du compte.

Êtes-vous finalement étonné du succès de la série ?

Les gens qui n’y ont pas cru doivent se mordre les doigts. Les audiences sont excellentes, le public aime, mais en plus, les critiques sont extraordinaires. Quand tu vas à une cérémonie d’Awards et qu’il y a Homeland, Breaking Bad, Game of Thrones, Mad Men et Switched at Birth, tu demandes qu’on te pince ! Et les critiques nous donnent le prix de la meilleure nouvelle série. Là, tu réalises qu’on est en train de faire quelque chose de bien. [L’épisode 2.09 « Uprising » entièrement tourné en langage des signes figure dans le top 10 des meilleurs épisodes de la saison 2013 pour The Hollywood Reporter, ndlr.]

« Les gens qui n ont pas cru à cette série doivent se mordre les doigts »

ABC Family a beaucoup évolué. La chaîne est devenue progressiste...

C’est une remarque très importante. ABC Family a énormément changé dans sa vision de faire les choses. Pretty Little Liars, Switched at Birth et dernièrement The Fosters font des cartons d’audiences et elles vont de plus en plus loin. C’est bien d’avoir des chaînes comme ça - surtout aux États-Unis où on se sait plus puritains - et de voir qu’il y a un mouvement. Le président Michael Riley, qui est très jeune, avait envie que la chaîne soit regardée par un public différent. Mission accomplie. Cet homme peut partir sur n’importe quelle chaîne télé, il aura une superbe carrière. [Depuis cette interview, le départ de Michael Riley a été annoncé, ndlr.]

Partie 2 > Ce qu’il pense des soap opéra et de la France


Votre vie en France était très loin de ce milieu. Vous êtes devenu mannequin avant d’être acteur. Comment est née votre envie d’être comédien ?

Elle est très ancienne. Mannequin, ça m’est tombé dessus. Je ne me suis jamais vu comme une personne ayant un physique particulier. C’est un métier qui m’a fait vivre et qui m’a permis de me payer des cours d’acteur. J’ai pu me rendre compte combien il fallait que j’apprenne. C’était beaucoup de challenges, mais la vie est faite de ça. J’ai grandi dans un fournil en tant que boulanger-pâtissier. Vu d’où je viens, c’est normal que les gens m’aient ri au nez. Mes profs, ma famille... Mais ce n’est pas aux autres de te dicter ce que sera ta vie, toi seul décides.

Diriez-vous que vous avez eu de chance ?

On provoque toujours sa chance. Mais c’est difficile de parler de chance pour un métier comme celui-là. Car c’est des milliers d’heures de travail pour réussir à faire cinq lignes dans une petite série à la con. C’est malheureusement ça, le métier d’acteur. Souvent, c’est vingt ans dédiés à la comédie sans jamais réussir à faire une série. Pas un seul jour de ma vie en France, je n’ai travaillé en tant que comédien. Je n’ai pas la moindre idée de comment ça fonctionne. Si tout était à refaire, j’essayerais davantage de faire quelque chose en France. Ça aurait peut-être été plus facile, ne serait-ce que pour la langue. Et aller au bout du monde dans un pays où tout le monde veut être comédien, c’est compliqué.

Sex and the City a tout changé pour vous. Mais vous avez aussi fait quelques passages dans des soap operas. L’expérience a-t-elle été une bonne école ?

Pas du tout. J’ai vraiment appris le métier d’acteur dans Brothers & Sisters et pas avant. Les soap operas sont vraiment différents. Il y a soixante pages par jour à tourner. C’est une usine. Et c’est une technique complètement différente. On acquière peut-être une disciple, mais ce n’est tellement pas réfléchi, tout doit être mâché. En revanche, le soap opera est un succès planétaire et l’une des choses les plus difficiles à faire. J’ai quelques amis dans Amour, Gloire et Beauté, ça fait vingt ans qu’ils font ça. C’est impressionnant. Je ne serais probablement pas capable de le faire et ce n’est pas quelque chose qui me plaît.

Vous serez dans la saison 3 de Switched at Birth. Avez-vous d’autres projets en parallèle ?

Il y a trois ans, j’ai écrit une série sur ma vie personnelle. Il y aussi un peu de surnaturel dans le scénario. J’ai réécrit avec un très bon ami, Donal Logue [acteur vu dans Urgences, Life, Terriers ou Sons of Anarchy, ndlr.] Donal est un homme brillant, alors je suis bien entouré. Nous tenons beaucoup à ce projet. Deux-trois networks l’ont lu. Le concept de la série plaît et intéresse. On va essayer de la vendre en tant que producteurs exécutifs et réalisateurs.

« Mannequin, ça m’est tombé dessus ! »

Quel est votre rapport à la France aujourd’hui ?

C’est mon pays de naissance. C’est ma culture et elle est primordiale. Je l’éduque à mes enfants. Mon cœur est Français. Je suis parti pour des raisons très personnelles, liées au décès de mon père. Et probablement à cause du marasme économique que je voyais arriver en France. Et je voulais faire quelque chose de ma vie. Autant commencer de rien ailleurs plutôt qu’ici

Vous êtes un citoyen assez engagé. Avez-vous gardé un intérêt pour ce qui se passe en France ?

Absolument. Je vote toujours en France. C’est la moindre des choses. Que ce soit en France ou aux États-Unis, quand tu es célèbre et que les gens t’écoutent, c’est important de faire un maximum de choses positives. Aux États-Unis, les gens vivent un peu égoïstement. Moi, je ne peux pas vivre comme ça. En 2013, je suis devenu le visage d’une campagne contre le cancer du sein et j’ai fait aussi des choses avec amfAR contre le Sida.