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Grégory Cuilleron : la recette du succès

Adeline Stachowiak
Publié le 29/12/2010 à 12:00

Il a tout raflé. En deux ans seulement, Grégory Cuilleron est devenu l’autre cuistot phare de M6, derrière Cyril Lignac. D’abord propulsé au rang de Meilleur cuisinier de France puis chroniqueur pour M.I.A.M il sort aujourd’hui son propre livre de recettes : Dans la cuisine de Grégory. Une consécration. Entre ouverture de restaurant et tournage de reportage, Grégory ne manque pas de projets. Il prend le temps pourtant, bon client, de nous faire pénétrer dans son univers.

Adeline Stachowiak : Que faisiez-vous avant d’être propulsé au devant de la scène médiatique ?

Grégory Cuilleron : J’avais une agence de communication spécialisée dans la gastronomie. Je faisais de l’information par événement pour être exact. Pas mal de restaurants avaient pour seule pub un encart dans la presse. Il fallait donc organiser de petits événements pour les faire connaître, des expositions, des vernissages, des concerts...

Après Un Dîner presque parfait, le combat des régions, Top chef, MIAM vous avez remis votre titre de meilleur cuisinier amateur de France en jeu au mois d’octobre dans La finale des finales. Que retenez-vous de ce parcours ?

Il s’est imposé à moi. J’ai commencé par faire la toute première quotidienne du dîner. Ensuite, je n’ai pas eu de nouvelles pendant deux ans jusqu’à ce qu’on me propose de faire Le combat des régions. Et puis j’ai gagné. Grâce à cette victoire, j’ai eu un genre de « white card » pour faire Top Chef. Se confronter à des chefs professionnels permettait de voir réellement son niveau. C’était vraiment un super début ! La finale des finales du combat des régions en revanche je l’ai fait parce qu’on m’a dit de le faire... C’était un peu plus réchauffé à mon goût.

Depuis Un dîner presque parfait, de nombreuses émissions culinaires ont fleuri sur le petit écran. Les suivez-vous avec attention ?

J’aime beaucoup les émissions de Jean-Luc Petitrenaud. Les concours de cuisine... j’en suis un p’tit peu revenu. Je trouvais Top Chef très bien, je pense d’ailleurs que je vais regarder la saison 2. Quant à Masterchef, c’était pas mal mais bien trop connoté télé-réalité. Bien trop centré sur les personnages et donc moins sur les plats qu’ils réalisaient. J’ai trouvé ça vraiment dommage.

Pensez-vous que ce genre d’émissions ne soit qu’un effet de mode ?

Il y a un côté effet de mode et une partie liée aux 35 heures aussi car les gens ont plus de temps ! (rires) Avec la baisse de pouvoir d’achat, on a tendance aujourd’hui à vouloir se faire des petits plats à la maison, pour éviter de dépenser au restaurant. Ce genre d’émissions risque bien de rester durablement dans le paysage audiovisuel français, mais à terme le principe s’essoufflera. Comme pour toutes les télé réalité, les gens vont finir par se lasser.

Pensez-vous que l’émission de cuisine traditionnelle soit définitivement enterrée ?

Le face caméra, deux personnes derrière un plan de travail, un four en carton dans le décor... Avec ce qu’on fait aujourd’hui on ne peut plus rester dans ce format là. On est largement sortis du concept. On a une vision plus moderne de la gastronomie aujourd’hui. Pour moi, les émissions culinaires se sont « Jamie Oliverisées ». Jamie Oliver a été un des premiers cuistots à être sorti des sentiers battus dans le genre à la télé anglaise. Ça a été transposé en France, depuis. A bon escient.

Vous animez une chronique dans MIAM, l’émission de Cyril Lignac, comment décririez-vous cette collaboration ?

On s’appelle de temps en temps mais on se voit très peu. Il est tout le temps en plateau, je suis toujours en extérieur pour tourner les reportages... Ça n’aide pas. Mais ça se passe bien. Ce qu’on fait est vraiment sympa. Je trouve qu’on a réussi à trouver notre ton.


Comment vous est venue l’idée d’écrire votre propre livre Dans la cuisine de Grégory ?

C’est une proposition de M6 éditions. J’ai trouvé ça chouette qu’on me donne la chance de pouvoir faire un bouquin de cuisine, surtout quand on ne vient pas de ce milieu. C’est une sorte de consécration. C’est bon pour l’orgueil, pour l’estime de soi. Et puis M6 pour le coup a vraiment joué le jeu. Ils m’ont laissé les mains libres. J’ai choisi le maquettiste, le photographe... Je suis super ravi et très fier du résultat final.

Qu’apportez-vous de plus qu’Un dîner presque parfait : le combat des régions, autre livre auquel vous avez contribué en novembre dernier ?

Eh bien mes propres recettes ! (rires) Dans le livre du dîner, il y a trois recettes qui se courent après... Et puis, il y a cette dimension régionale du combat des régions à laquelle je ne suis pas forcément attaché. Pour autant, j’apprécie quand même le fait de mettre en valeur ma cuisine régionale. Mais ces deux bouquins sont deux choses totalement différentes, d’un point de vue purement personnel. Dans le mien, il y a des créations, plus de 70 recettes. C’est pas la même chose !

Les menus de votre livre pourraient-ils correspondre à la carte de votre restaurant ?

Je dirais pour un tiers. Il y a forcément des plats que je ne vais pas mettre à la carte du restaurant parce que ça correspond plus à de la cuisine familiale, de la cuisine qu’on fait entre potes. Ce serait un peu trop léger pour que je le serve en salle. Les gens viennent pour se faire plaisir, ils veulent une véritable valeur ajoutée.

Où en est l’ouverture d’un bistrot-épicerie, est-ce toujours d’actualité ?

Les choses ont un peu évoluées ! L’épicerie va faire table d’hôte. Elle devrait ouvrir au cours du mois de janvier à Sainte-Foy-Lès-Lyon. On est encore dans les travaux et la définition des plats à mettre en avant. Et puis à Lyon, je vais ouvrir un vrai restaurant, entre mars et septembre 2011. Il faudra encore attendre un peu !

Ne craignez-vous pas que l’étiquette M6 vous colle un peu trop à la peau ?

Jusqu’à présent, je n’ai pas eu de retour en ce sens. Au contraire ! Top Chef est une émission très appréciée dans le milieu des chefs. Ça m’a apporté une légitimité plus qu’une raison de me faire critiquer. En revanche, je n’accepterai pas d’être qualifié de faux cuisinier...

N’avez-vous pas peur, à terme, de tomber dans l’oubli ?

Peur ? Ah non ! Je n’ai pas peur. Chacun a son univers. En France, il y a plein de chefs cuisiniers. Pour autant, ils ne se font de la concurrence les uns les autres en permanence. Et de toute façon, je ne m’amuse pas à regarder dans l’assiette du voisin pour voir si c’est mieux ou pas. Je regarde d’abord la mienne, ce qui s’y trouve en ce moment me convient très bien ! Il y a de la place pour tous !