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Jean Imbert, le gagnant de Top Chef 2012, revient sur son parcours

Alexandre Raveleau
Publié le 10/04/2012 à 15:50 Mis à jour le 13/04/2012 à 11:11

Devant près de 5.4 millions de téléspectateurs, la finale de Top Chef 3 a battu tous les records d’audience. Au terme d’un duel sans merci dans les cuisines d’un palace face à Cyrille, Jean Imbert a remporté le titre tant convoité. Il succède à Romain Tischenko et Stéphanie Le Quellec au palmarès du concours culinaire de M6. Au lendemain de sa victoire, le jeune chef a accepté de retracer les moments forts de la saison, avec Norbert, Tabata, Ruben et tous les autres.

Alexandre Raveleau : Au lendemain de votre victoire, que signifie concrètement « Top Chef » pour vous ?

Jean Imbert : Voilà une bonne question... En fait, je ne me rends pas compte de l’impact. Pour tout vous avouer, je suis juste dans le « kiffe » de me dire que j’ai gagné. Je n’arrive pas à réaliser. Je suis vraiment content, heureux de l’avoir fait. Pour avoir un avis, il faut que je revoie l’émission tranquillou dans mon lit.

Le compétiteur que vous êtes semble en redemander. Vous avez envie de remettre le couvert ?

Je suis dégoûté que ce soit fini. Je voudrais qu’il y ait une épreuve de la dernière chance demain matin ! J’ai vraiment envie de remettre mon titre en jeu. J’ai tellement aimé l’aventure, la compétition... Les chefs, les amis, tout ça va me manquer. C’est ça le plus triste. Jusqu’à ce lundi soir, on était encore un petit peu dedans. Et maintenant, c’est fini. Heureusement, Norbert débarque chez moi la semaine prochaine. Ce sera encore l’orgie à l’appart !

Comme avez-vous vécu l’attente interminable avant de pouvoir soulever ce couteau et connaître le verdict final ?

La journée a été longue. Tout le monde a débarqué à midi au restaurant. Là, je me suis dit que c’était tranquille, tout serait plié vers 14 heures... À 16 heures, j’avais la main sur le couteau. À 18 heures, la productrice a dit : « vas-y ! ». En plus, Jean-François Piège m’a mis la misère toute la journée, du genre : « Il était quand même bien le dessert de Cyrille. » Et puis, les quelques instants avant de retirer le couteau, j’ai pensé à tous mes proches et à Cyrille. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis dit que j’allais être malheureux soit pour moi, soit pour lui. Il s’agissait du même sentiment que lorsque Tabata et Norbert sont partis. J’avais beaucoup pleuré. Ils ne l’ont pas montré aux images, mais j’ai passé une heure dans la chambre de Tabata le jour où elle a perdu.

Top Chef 3 est sans aucun doute la saison durant laquelle les affinités ont été les plus affirmées. L’avez-vous ressenti de la même façon ?

Et encore, tous les moments n’ont pas été montrés. On a tous été très très proches. Quand Norbert vient à Paris, on passe la journée ensemble. Y a encore quelques jours, on faisait les cons chez Christian Constant avec Stéphane Rotenberg. Avec Norbert, on va faire des choses. On ne sait pas encore quelle forme ça prendra, mais c’est clair.


Un mot sur vos camarades. Comment avez-vous vécu la compétition avec Ruben, un amateur parmi les professionnels ?

J’ai été l’un des seuls à prendre sa défense... Et puis, il y a eu l’émission durant laquelle j’ai gueulé sur lui. Là, je me suis fait éclater. Je préfère ne pas revenir sur cet épisode. Il a d’ailleurs pris ma défense après parce que tout ne s’est pas passé tout à fait comme ça... Maintenant, on est proche. Dès qu’il a besoin d’un produit, il passe au restaurant. C’est un bon gars. Je me retrouve en lui. Quand j’avais son âge, j’étais un peu pareil. Par contre, je n’ai rien d’un chef. Je m’appelle Jean. Lui, va devenir un grand.

Norbert a été le porte-drapeau de cette saison. Avait-il les moyens de l’emporter ?

Dans les quatre derniers en lice, je ne suis pas le meilleur cuisinier ou le plus mauvais. Tabata, Norbert, Cyrille ou moi, nous avions tous 25% de chances de gagner. Point barre. Un concours se joue sur un jour. Voilà. Si on refaisait les mêmes épreuves, l’ordre pourrait être complètement différent à l’arrivée.

Vous n’en avez pas eu un peu marre par moments de son énergie débordante ?

Mais non ! Moi, perso, je ne regarde l’émission que pour lui... Il lui arrive qu’il me foute la grosse honte. L’autre jour par exemple, on était à la FNAC des Champs-Élysées. Et, il n’a pas arrêté de crier « Y a Jean y a Jean ! ». Depuis Top Chef, on refait le monde avec un cigare ensemble dans mon appart jusqu’à 6 heures du mat’. On se raconte tous nos petits souvenirs. Il a été complètement authentique. Il n’a jamais cherché à jouer contrairement à ce qui a pu être dit.

Pourquoi Tabata a-t-elle échoué ?

Tout s’est joué à rien. Pour être plus précis, à une phrase de Thierry Marx dans les coulisses qui lui a dit : « Ose un peu plus ». Et boum ! Ça lui a trotté dans la tête toute la nuit à Nice. Elle voulait tenter le tout pour le tout pour l’épreuve de la dernière chance. Tu parles ! Elle a voulu faire canard au kom-kouat et elle a été recalée. En fait, on ne le voit jamais, mais les chefs nous parlent beaucoup en coulisse. Ils nous influencent... Jean-François Piège, au moment du rouget, il m’a attrapé par la main et m’a dit : « Jean, tu as fait de la merde ». Il m’a boosté. Même quand on se fait dégommer, on adore ça. Norbert reste le plus maso (rires).


Tabata n’a pas hésité à « taper » sur Ghislaine lors d’interviews. Existe-t-il une hiérarchie au sein du jury ?

Chaque chef a son mot à dire. Il y a plutôt deux façons différentes d’aborder la cuisine. Les chefs Marx et Arabian sont très proches, tout comme les chefs Constant et Piège. Pour moi, ces quatre-là sont tous au même niveau. À côté, je ne suis qu’un petit artisan qui essaie juste de faire de son mieux.

Lors de la finale, quel a été votre atout par rapport à Cyrille ?

La victoire est venue grâce à toute mon équipe. Pour moi, Top Chef, c’est d’abord un chemin solitaire et une finale en collectif. Je n’en serais pas là sans eux tous. Je dois leur rendre hommage parce qu’ils se sont battus comme si c’était pour eux. Même au moment où je me suis coupé le doigt, ils sont venus me réconforter dans l’oreille. Ils me disaient : « je te jure qu’on va gagner parce qu’on t’aime ! ».

Sans faire de psychologie, on a quand même l’impression que vous vouliez que votre père soit fier de vous. Il a été question de lui à plusieurs reprises dans l’émission. Vouliez-vous lui prouver que vous aviez fait le bon choix en devenant cuisinier ?

On a toujours envie de faire plaisir à ses proches. Mon père, lui, a toujours mis la barre plus haute. Il fallait que nous soyons devant les autres. Plus généralement, j’ai voulu faire plaisir à tout le monde, tous mes proches. Quand j’ai démarré la cuisine il y a quinze ans, ce n’était pas du tout le même engouement que maintenant. Le métier doit beaucoup à Cyril Lignac et à ses émissions.

Pourquoi vous êtes-vous inscrit à l’émission ?

Ce n’est pas moi qui ai fait la démarche. Je n’avais même jamais vu Top chef. C’est un proche qui m’a inscrit. Et M6 m’a appelé... Je n’étais même pas au courant. J’ai passé les castings et tout s’est enchaîné. Aucun regret bien sûr. En quinze ans de métier, on ne vit pas ce qu’on a vécu en deux mois de compétition. J’espère qu’ils vont me rappeler l’année prochaine... Je voudrais tant redevenir candidat !

Vous avez épaté à plusieurs reprises le jury durant ces dernières semaines. Au final, quelle est la ligne de votre cuisine ?

C’est la passion. J’ai envie d’être dans le bonheur, avec les clients, ma brigade. Mon menu idéal serait composé d’entrées, avec des agrumes, des poissons, des tartares, des crustacés... Pas de plat principal. Je n’aime pas ça. Et pas de dessert non plus. C’est un concept.