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Jean-Luc Lemoine (Guess my age) : « Quand des journaux reprennent des choses sur Touche pas à mon poste ou Cyril Hanouna et que ça fait les gros titres, je me dis que c’est plutôt bon signe »

Léopold Audebert
Publié le 11/07/2016 à 16:21 Mis à jour le 13/07/2016 à 18:46

Alors que Touche pas à mon poste marque une pause durant l’été, Jean-Luc Lemoine arrive sur D8, du lundi au vendredi à 17h15, avec un nouveau jeu produit par Flab : Guess my age. L’occasion pour l’humoriste et animateur de se confier à Toutelatele sur cette nouvelle expérience, de dresser un bilan de la saison écoulée du talk-show de Cyril Hanouna ou encore de l’arrivée de Canal8 et d’aborder son rapport à la télévision et à la scène. Rencontre.

Léopold Audebert : Vous qui n’avez jamais animé de jeu jusqu’à présent, comment la proposition d’incarner Guess my age, est-elle arrivée jusqu’à vous ?

Jean-Luc Lemoine : Le producteur et la chaîne m’ont contacté et m’ont dit qu’ils avaient pensé à moi pour quelque chose : un jeu. J’ai trouvé la proposition assez surprenante, voire incongrue, parce que je n’avais pas spécialement ambitionné d’en présenter un. Cyril (Hanouna) était dans la confidence et m’a dit que l’émission était bien pour moi. J’avais quelques doutes sur ma place en tant qu’animateur de jeu. Au début, je n’étais pas pour et j’ai plutôt dit non. Mais ils ont insisté et m’ont dit « Essaye de jouer au jeu, viens tester et, après, prends ta décision ! ». Finalement, j’ai trouvé que c’était vraiment bien !

Selon vous, le concept du programme, deviner l’âge d’inconnus, simple et accessible au plus grand nombre, est-il son principal atout ?

Oui ! Au début, je me suis dit « Tiens, est-ce qu’avec un jeu où on devine des âges on ne va pas vite arriver au bout du concept ? ». En fin de compte, non. Il y a plein d’autres choses à côté. Par exemple, les indices. Ce que je trouvais vraiment bien dans le jeu quand je l’ai fait, c’est que les indices sont assez sélectifs. Il faut avoir un peu de culture générale, sinon ils ne servent à rien. Ce qui est bien, c’est que le principe de base est simple et accessible à tous ! Avec un peu de culture générale, on peut jouer grâce aux indices, mais, en même temps, c’est un jeu d’instinct. On s’y prend vite et on a rapidement envie de savoir quel est l’âge véritable des inconnus. On y joue dans la rue, dans la vie de tous les jours. Personnellement, je trouve qu’une idée est bonne quand on se dit que personne ne l’a fait avant.

Le fait que l’émission soit une création française vous a-t-il également séduit ?

Franchement, oui ! Je suis arrivé avec beaucoup d’humilité sur le projet, dans le sens où je n’ai pas d’expérience d’animateur de jeu. Je trouve que certains présentateurs, en France, le font remarquablement bien. Je me suis dit que ça ne servait à rien de les singer. Donc je me voyais mal arriver sur un concept qui était déjà balisé par quelqu’un d’autre. Eux m’ont dit « Justement, on voudrait quelque chose d’un peu différent, avec ton ton à toi ! ». On avait aussi une totale liberté par rapport à des concepts étrangers qui, des fois, sont très rigides. Là, c’était très excitant, également pour le producteur, dont c’était le premier jeu. On était donc plein de débutants, ce qui a donné une fraicheur et une envie particulière. C’était très galvanisant !

« Ce qui est bien, c’est que le principe de base est simple et accessible à tous ! »

Comment définiriez-vous votre style de présentation dans ce jeu ?

Je ne serais pas capable de le définir ! (rires) Honnêtement, je laisserai les gens juger. J’espère qu’ils diront que je sers le jeu, parce que je suis vraiment à son service. C’est assez proche de ce que je peux faire dans Touche pas à mon poste et sur scène. Je suis très à l’écoute de ce qui se passe, j’essaye d’improviser au maximum, de mettre de l’humeur et de l’humour dans l’émission. Étant très joueur à la base, ça m’amusait aussi de faire monter le suspens quand il le fallait, de faire des décalages à d’autres moments, et de faire le tampon entre les candidats et les inconnus parce que, parfois, ça envoie sévère ! (rires)

A l’instar de Money drop, le succès d’un numéro de Guess my age repose-t-il nécessairement sur un duo de candidats ayant une certaine répartie, expressifs ou charismatiques ?

Oui et non. En tant que téléspectateur, je ne suis pas un fou des jeux où tout repose que les candidats. Où, d’un seul coup, si vous n’avez pas de « bons clients », le jeu ne tient pas. Là, dans Guess my age, ce que j’ai bien aimé, c’est que, justement, la base est assez solide. Après, si on a des « bons clients », c’est un plus, mais ça ne repose pas que là-dessus. Quand, dès le début du jeu, je vois des gens hystériques, je trouve que ça donne un côté « fake » qui me dérange quand je regarde un programme. Donc nos candidats sont restés dans la « norme ». Certains ont déjà participé à des jeux, mais, globalement, la production a trouvé des gens frais. On voulait donner une autre couleur au jeu. Je trouvais ça triste si on était tous sur le même créneau. Là, je pense qu’on est complémentaire avec ce qui se fait ailleurs.

En cas de succès, et si de nouveaux numéros étaient prochainement commandés par la chaîne, souhaiteriez-vous poursuivre la présentation de Guess my age la saison prochaine ?

Pour être très honnête, j’ai seulement signé pour cette session. Aussi pour voir ce que j’allais donner et le plaisir que j’allais y prendre. J’avais beaucoup de doutes en partant et, au final, je me suis énormément amusé. J’ai réellement apprécié travailler avec les gens qui ont préparé le jeu. Mais on va voir ce qui se passe. Si le jeu fonctionne bien et qu’il y a possibilité d’en refaire avec moi, oui, ça m’amuserait, clairement ! Après, je ne suis propriétaire de rien. Si le jeu plaît mais que les gens n’apprécient pas mon rôle, je ne m’accrocherai pas non plus ! (rires) Je sais que tout ça est très fragile.

« Si Guess my age fonctionne bien et qu’il y a possibilité d’en refaire avec moi, oui, ça m’amuserait de poursuivre la présentation, clairement ! »

En plus des quotidiennes, l’émission aura droit à un prime time avec deux duos de célébrités, le mardi 19 juillet, à 21 heures sur D8. Quelle est l’ambition de la chaîne avec ce choix de programmation ?

C’est un prime pour installer le jeu. On part d’une feuille blanche, le jeu est inconnu. Depuis, il a été vendu un peu partout, ce qui prouve qu’il y a du potentiel, mais c’est vrai qu’il faut installer la marque. Donc il s’agit d’un moyen assez classique de faire un jeu avec des guest. En même temps, c’est une recette qui fonctionne. On fait donc un double lancement avec les quotidiennes et le prime : on va bien voir comment le public réagit.

Les règles de déclinaison « guest » seront-elles identiques à la version quotidienne ?

Les invités joueront le jeu comme n’importe quel candidat. La seule différence est, qu’évidemment, s’ils gagnent, les gains ne seront pas pour eux ! (rires)

En 2014 et 2015, D8 a programmé sur son antenne deux autres jeux, précédemment diffusés sur TF1 : Le maillon faible et A prendre ou à laisser. Ces derniers avaient alors été rediffusés à de nombreuses reprises, engourdissant parfois leurs performances. Des précautions seront-elles prises quant à une éventuelle surexposition néfaste pour les audiences de Guess my age ?

Je ne pense pas qu’il y ait de surexposition pour Guess my age. Simplement, il faut qu’on installe un jeu. Là, on a vingt numéros en boîte donc, de toute façon, elle n’existera pas. Et il y aura un autre jeu en août. Si c’était sur une durée plus longue, c’est vrai que la question se poserait. Pour le coup, ce sont des inédits avec un nouveau concept, donc quelque chose de très frais. On fait toujours le reproche aux chaînes de recycler des vieilleries. Il y avait aussi une volonté très claire de D8 de sortir des adaptations de concepts et de lancer des nouvelles marques. Je trouvais ça très ambitieux : c’est aussi ça qui m’a décidé. Quand vous voyez le plateau ou encore l’échelle des gains, ce n’est pas cheap du tout. Honnêtement, vous pourriez mettre le jeu sur TF1, je ne suis pas sûr que les gens crient au scandale au niveau, en tout cas, du rendu.

« Il y avait aussi une volonté très claire de D8 de sortir des adaptations de concepts et de lancer des nouvelles marques »

Concernant Touche pas à mon poste, comment qualifieriez-vous la saison écoulée ?

Une année très riche, parce qu’il s’est passé plein de choses. Très positive au niveau des audiences, parce qu’on a encore grimpé d’un cran cette année. J’ai eu la chance de faire d’autres programmes avant comme des émissions de bande avec Laurent Ruquier. Aujourd’hui, les gens trouvent normal que Touche pas à mon poste dépasse le million de téléspectateurs chaque soir. Il faut quand même se remettre dans le contexte : quand on est arrivé sur D8, les premières réunissaient 300 000 ou 400 000 téléspectateurs. On était considéré comme un échec ! C’est un chemin qu’on doit surtout à Cyril, parce qu’il a su ne jamais se reposer sur ses lauriers. Niveau audience, et personnellement, je suis très content de ce qui s’est passé.

Quel est votre bilan personnel par rapport aux turbulences traversées par le programme cette saison ?

Je me doutais bien que ça allait arriver un jour ou l’autre, parce que c’est le cycle naturel des émissions et des gens qui ont du succès. J’ai toujours dit qu’on reprocherait un jour à Cyril exactement les choses pour lesquelles on l’a adoré. Certaines personnes trouvent que dans l’émission il est un peu excessif. Mais, justement, les gens l’ont toujours adoré parce qu’il est excessif et qu’il sort un peu du cadre. Ce sont des grilles d’analyse différentes. C’est assez surréaliste. Au bout d’un moment, même en prenant du recul, ça a pris parfois un peu trop d’ampleur.

Cela s’est-il ressenti en interne, au sein de l’équipe, de la production ou de la chaîne ?

Pas trop. Je ne sais pas comment Cyril a fait. C’est lui qui orchestre l’émission donc, si lui était vraiment affecté, je pense que l’ambiance aurait été pesante dans l’équipe. Pour le coup, je ne sais pas quelle armure il a acheté mais, personnellement, j’aurais été un peu plus déstabilisé. Lui, c’est un roc. Il est resté droit dans la tempête ce qui fait que, de notre côté, on a été peu exposé : c’est surtout lui qui a « mangé » cette année. On est solidaire, donc l’ambiance n’est pas trop ressentie. Au contraire, quand on attaque quelqu’un, ça peut aussi resserrer les liens. D’un seul coup, on fait bloc par rapport à l’expérience.

« J’ai toujours dit qu’on reprocherait un jour à Cyril exactement les choses pour lesquelles on l’a adoré »

Avez-vous été surpris par l’ampleur de la médiatisation de Touche pas à mon poste et de Cyril Hanouna cette saison ?

J’étais quand même surpris, en prenant un peu de recul, que, par moment, dès qu’il se passait un truc, qu’il y avait une polémique ou un micro événement, des journalistes sérieux appelaient pour me demander mon point de vue. Comme si c’était vraiment quelque chose de très important pour la France. Évidemment, Touche pas à mon poste est une émission dont on parle, un programme qui peut faire un bien aux gens à la sortie du boulot. Ne serait-ce qu’une émission légère et rigolote, mais on n’invente pas des vaccins.

Selon vous, les médias en ont-ils trop fait ?

Ce n’est même pas ça, c’est surtout que, très franchement, quand des magazines ou des journaux qui reprennent des choses sur Touche pas à mon poste ou Cyril Hanouna et que ça fait les gros titres, je me dis que c’est plutôt bon signe ; que le reste de la France va bien. Que des journalistes spécialisés médias en parlent, je trouve ça tout à fait normal. Mais quand, d’un seul coup, ça dépasse le cadre des médias et que ça devient un phénomène de société, je me dis qu’il y a des choses beaucoup plus graves en France. La hiérarchisation de l’information m‘étonne de temps en temps.

Vous avez récemment annoncé votre retour dans le programme la saison prochaine. Votre rubrique des 4/3, où vous décortiquer les « off » de l’émission avec humour et dérision, est particulièrement appréciée par les téléspectateurs. Va-t-elle continuer et évoluer dès la rentrée ?

Au fil des années, j’avais diminué la fréquence de la rubrique, parce que j’avais beaucoup de travail à côté, notamment avec le spectacle. Et puis aussi pour ne pas lasser les gens. Je préfère les frustrer un peu et qu’ils soient contents que je fais ma chronique. (rires) Là, Cyril tient absolument à ce que je reprenne une fréquence plus régulière.

De même, aurait-elle une place dans les futurs prime time ?

Ça dépend. Si je la refais dans l’émission quotidienne, ça me parait difficile. Même si mes camarades disent beaucoup de bêtises, ils ne peuvent pas non plus fournir trop ! (rires) La difficulté de cette rubrique repose sur le fait que je suis dépendant. J’ai l’impression d’être un restaurateur qui attend le bateau, pour voir si la pêche a été bonne. (rires) Si on ne me ramène rien et s’ils sont très raisonnables, les 4/3 sont vides.

« Cyril tient absolument à ce que je reprenne une fréquence plus régulière pour les 4/3 »

Combien de temps vous prend la fabrication d’une rubrique ?

Beaucoup trop ! (rires) La dernière que j’ai fait dans le prime m’a pris cinq jours.

Combien de personnes travaillent avec vous pour la conception des 4/3 ?

Je n’ai qu’une jeune fille, qui est super. Ça me fait rire quand, de temps en temps, sur les réseaux sociaux, je lis « De toute façon, il a un staff… ». Si tout le monde voyait la tête du staff ! (rires) J’ai aussi un monteur avec qui je bosse depuis longtemps et qui, au moment de la finalisation, m’aide beaucoup. En tout et pour tout, on est donc que trois. (rires) Ce que je fais est très artisanal. En même temps, je n’en tire pas de gloire : j’adorerais trouver quelqu’un qui puisse écrire la rubrique, et juste faire la speakerine pour l’émission. Mais c’est tellement marqué de mon ton que je n’ai jamais trouvé.

Quelles sont les principales étapes de son élaboration ?

Il y a donc une jeune fille qui derush les off, qui me fait une sélection et je me retrouve avec plusieurs heures que je derush encore. Il faut ensuite trouver une cohérence pour raconter une histoire à l’envers. C’est très compliqué après avoir tout visionné de faire des sélections, d’autant plus qu’il faut toujours se demander si, sortis du contexte, les extraits vont faire autant rire. De même, puisque la rubrique a évolué, il faut toujours pousser le bouchon un peu plus loin pour que les gens ne soient pas frustrés. A chaque fois, c’est un petit accouchement.

Vous êtes régulièrement interrompus par Cyril Hanouna ou par les aléas du direct lorsque vous présentez votre chronique en plateau. Est-ce quelque chose qui demande un travail particulier en amont ?

Ça peut paraître idiot, mais je suis obligé d’intégrer et d’anticiper un petit peu. Souvent, vous écrivez une rubrique qui est très cohérente si elle est déroulée de manière linéaire, mais dans mon élaboration, je me dis toujours « Tiens, là, on risque de partir en digression ». Ça vient aussi de la scène. Je connais bien Cyril, je sais à quel moment il risque de vouloir revoir une image ou partir d’un ôté plutôt que d’un autre. Surtout, je suis paré à tout ! (rires)

« Avec les 4/3, j’ai l’impression d’être un restaurateur qui attend le bateau, pour voir si la pêche a été bonne »

Dès la rentrée prochaine, D8 va évoluer, tout comme l’ensemble du groupe Canal+. 5 saisons après votre arrivée sur la chaîne, quel bilan tirez-vous de votre expérience jusqu’à présent vécue ?

À l’époque, j’étais très excité à l’idée d’arriver sur D8. En tant que spectateur, je suis un enfant de Canal. J’adorais le côté libertaire de Canal+, les premières années, quand ça a été créé. On avait l’impression que c’était l’endroit où ça se passait. Quand je suis arrivé sur la chaîne, bien que j’avais d’autres propositions à la sortie de France 4, je n’ai pas été déçu. On a bénéficié d’une liberté totale, qui est due essentiellement à Cyril. Parce que c’est lui qui l’a imposé auprès des dirigeants et, heureusement, il était en phase avec eux. Je pense que la chaîne s’est installée petit à petit comme une grande chaîne, au départ en marquant sa différence. Ce qu’avait Canal+, à l’époque, dans les années 80.

Avec C8, le groupe Canal+ a récemment affirmé sa volonté de faire de la chaîne le « clair de Canal ». De même, cette dernière sera encore plus incarnée, avec l’arrivée de nouveaux présentateurs et de nouvelles marques. Quel regard portez-vous sur cette évolution ?

Là, on arrive à la deuxième phase : la consolidation. C’est un nouveau défi. Quand je vois la grille qui se prépare, c’est assez impressionnant. On se dit qu’on n’est plus sur une chaîne émergente. Elle assume ses ambitions. J’espère qu’on va garder cette liberté, que ce sera toujours la chaîne où il se passe des trucs un peu bizarres ! (rires) C’est super important, parce que je pense que c’est identifié dans l’esprit des gens. Il ne faudrait pas les décevoir. En tout cas, j’attends avec impatience de voir ce que ça va être à la rentrée. Je suis content qu’avec Touche pas à mon poste on ait installé une identité de chaîne. Maintenant, il ne faut pas la perdre.

« On a bénéficié d’une liberté totale, qui est due essentiellement à Cyril. Parce que c’est lui qui l’a imposé auprès des dirigeants et, heureusement, il était en phase avec eux »

Si D8 était souvent associée à Cyril Hanouna, Canal8 mettra à l’antenne une plus grande diversité d’animateurs et de rendez-vous. Que pensez-vous de cela ?

C’est toujours bien quand il y a de la diversité. Après, il faudra voir à la pratique aussi. Je ne suis pas persuadé que d’un seul coup ça sera… Je pense que Cyril est tellement associé à la chaîne que je ne vois pas comment, de toute façon, elle pourra se passer de lui. Pour moi, c’est impensable. Il incarne l’esprit de la chaîne. Je pense que leur volonté est de s’appuyer essentiellement sur lui. Après, qu’il y ait des nouveaux, c’est bien ! Ca va aussi surement éviter les réflexions comme quoi c’est la télé de Cyril. Les gens vont voir que la chaîne ne lui appartient pas. Et c’est toujours bien de faire challenger pas d’autres qui arrivent. Il va y avoir une bonne émulation dans la chaîne. Sur le papier, aujourd’hui, ça fait plus envie que ça ne fait peur.

Cette nouvelle étape du canal 8 de la TNT est-elle également une chance pour élargir encore le public de Touche pas à mon poste ?

Peut-être ! Je ne sais pas s’il va y avoir un effet de « vase communicant » et si le public de Canal+ était déjà très différent de celui qui était sur D8, mais oui, sans aucun doute. En tout cas, ça va encore plus ancrer la chaîne en tant que grande chaîne. Au niveau qualitatif, il y a quand même beaucoup de belles choses qui arrivent.

Avez-vous déjà d’autres projets la saison prochaine sur Canal8 ?

Non. Ça fait un petit bout de temps que Cyril aimerait bien que j’incarne quelques primes. On avait le projet, mais on n’a pas pu le faire parce qu’on a tous été débordés par le temps et par le travail, de faire des choses sur scènes filmées pour la chaîne. En tout cas, je sais qu’il y a toujours cette envie que j’incarne quelques primes. Je ne suis pas contre si on trouve une bonne idée.

« Je suis content qu’avec Touche pas à mon poste on ait installé une identité de chaîne. Maintenant, il ne faut pas la perdre »

Parallèlement à la télévision, vous continuez de vous produire sur scène, où vous avez d’ailleurs débuté votre carrière. Après le succès de votre dernier one man show, « Si vous avez manqué le début », vous serez d’ailleurs de retour à La Cigale (Paris) pour deux représentations exceptionnelles le samedi 5 et le dimanche 6 novembre. L’expérience scénique vous plaît-elle toujours autant ?

Ce n’est même pas que ça me plait, c’est que c’est indispensable ! Pendant trois ans, je n’ai pas fait de scène, que de la télé et de la radio, et ça me manquait beaucoup. Déjà parce que j’étais un peu jaloux des gens qui venaient présenter leurs projets. J’avais l’impression d’être uniquement passé du côté de ceux qui commentent. J’adore m’intéresser au travail des gens, mais j’ai aime bien aussi créer des choses. J’ai passé les premières années de ma vie professionnelle à faire ça et ça me manquait terriblement.

Que vous apporte la scène par rapport à la télévision ?

Quand je suis dans une émission de Cyril, je suis au service de l’émission de Cyril. Sur scène, je fais ce que je veux et ça m’équilibre aussi de développer mon petit univers, même si ce n’est pas à l’opposé. J’aime bien l’idée d’avoir ma petite entreprise. D’un point de vue purement technique et humoristique, j’ai besoin d’aller me frotter aux gens. Quand vous faites de l’humour à la télé, vous savez le nombre de personnes qui vous ont regardé. Mais est-ce que vous pouvez savoir combien ont ri à vos bêtises ? (rires) Non. C’est très compliqué. Quand je suis sur scène, j’entends les rires, il y a une fonction immédiate. J’ai besoin de ça pour savoir si je suis dans le vrai, ou complètement à côté de la plaque. Pour le coup, ce que j’ai appris en maintenant 26 ans de scène, c’est que c’est une école d’humilité. Ce qui fait rire est très volatile. Vous pouvez faire rire et puis, deux ans plus tard, plus du tout.

« J’ai passé les premières années de ma vie professionnelle à faire de la scène et ça me manquait terriblement »

Si vous deviez faire choix, que privilégieriez-vous entre la scène et la télévision ?

Dans ce qui me constitue en tant que personne, la scène est plus importante. Très clairement, c’est là où j’ai commencé et, j’espère, là où je finirai. Maintenant, j’ai eu la chance de participer à de belles émissions, on m’a fait des propositions qui étaient difficiles à refuser, que ce soit On a tout essayé, la création d’On n’est pas couché ou de Touche pas à mon poste. Sur un CV, c’est plutôt pas mal ! (rires) Après, ile ne faut pas se mentir, si vous avez une bonne exposition télé dans une émission qui plaît, ça vous aide aussi à remplir des salles. Donc les deux fonctions s’imbriquent harmonieusement. Tant que c’est le cas, je continue. Après, s’il faut faire des choix, je les ferai. Mais, pour l’instant, j’ai réussi à concilier les deux.

Niveau agenda, n’est-ce pas trop compliqué de concilier la scène, la télévision et, bien sûr, votre vie privée ?

Si. Honnêtement, ça fait deux ans que c’est compliqué. Mais, en même temps, ce sont des métiers excessifs. Souvent, soit vous travaillez trop peu, soit trop. Le juste milieu est assez rare à atteindre. J’ai connu des périodes de grande inactivité ou plus difficiles. Là, c’est l’extrême inverse. Je me dis juste que j’ai de la chance, je serre les dents. En plus, je ne vais pas à la mine, déjà j’ai un métier que j’ai choisi. C’est énorme de travailler dans ce qui vous plaît. Cette année, en moyenne, je dormais quatre heures et demie par nuit en semaine. Moi qui suis plutôt un bon dormeur, on me l’aurait dit, je ne l’aurais pas cru. Quand je dis ça, attention, je ne me plains pas ! Mais oui, il y a des sacrifices, c’est plus difficile d’avoir une vie privée. Mais c’est une phase. Si me disait « Tu pars pour trente ans de vie comme ça », j’y réfléchirai peut-être à deux fois ! Mais là, je sais que ça va durer un temps, avant de se normaliser.

« Je retrouve ce plaisir d’écrire que je n’avais pas toute l’année, simplement parce que je n’avais pas le temps »

Est-ce la même réflexion qui est intervenue quant à votre décision de ne pas vous lancer dans un nouveau projet radio après l’arrêt des Pieds dans le plat, sur Europe 1 ?

Oui. Je me pose la question parce que, cette année, je n’ai eu le temps pour aucun extra. En plus de la vie privée, je n’avais de la place pour rien. Là, je suis un peu en repos, en radio comme en télé, donc je suis content, parce que je recommence à écrire. À la base, j’étais auteur et scénariste et là c’est un retour aux sources. Je retrouve ce plaisir d’écrire que je n’avais pas toute l’année, simplement parce que je n’avais pas le temps. La réflexion, pour l’année prochaine, c’est de retrouver du temps pour l’écriture.