Toutelatele

Jonathan Lambert n’est pas couché

Aurélie Demarcy
Publié le 13/12/2010 à 12:08

Ayant fait ses débuts auprès de Jean-Pierre Coffe sur France 2, en 1994, avec C’est tout Coffe, Jonathan Lambert, a depuis, multiplié les expériences. De la Grosse émission sur Comédie !, en passant par l’Hypershow sur Canal+, ou encore Arthur et les Pirates sur Europe 2, le jeune candide a développé une palette de personnages tous aussi décalés que déjantés. Aussi, « Mr Pringle », « Damien Baizé » ou encore « Rémi le Primeur » ont finalement, conduit l’humoriste chez Laurent Ruquier où chaque samedi, il présente de nouveaux protagonistes dans On n’est pas couché. Radio, télévision, one man show, Jonathan Lambert n’hésite pas à diversifier les supports avec un seul objectif : faire rire. Pour Toutelatele.com, le trublion revient avec plaisir, sur son cursus aux mille facettes.

Aurélie Demarcy : Que peut-on trouver sur votre nouveau DVD, Jonathan Lambert n’est pas couché ?

Jonathan Lambert : Il s’agit le troisième volume. En quelque sorte, le DVD de la maturité (rires). Inévitablement, je progresse à chaque fois, ici, les personnages sont très variés. Et puis, il y a une valeur ajoutée, à savoir un grand nombre de bonus, des menus présentés sous forme de saynètes qui mettent en scène les personnages d’André Merle, l’animateur odieux du Télé 2 minutes ou encore le Télé dancing achat. Ce n’est pas seulement un best-of, c’est truffé de perles... en toute humilité (rires).

Comment choisissez-vous vos différents personnages ?

Si maintenant, les personnages traitent de l’actualité, ceux proposés avant avaient toujours un rapport avec le passé de l’invité. Donc, le plus intéressant est de trouver un univers qui me servira d’angle. Par exemple, concernant le Docteur Pelloux, j’ai pu aborder les secteurs de la physique-chimie, tandis que pour Gérald de Palmas, anciennement réalisateur de musique de publicité, j’ai choisi d’endosser le rôle d’un producteur dans ce domaine. L’important est de trouver le détail dans la biographie de la personnalité qui permettra de mettre en scène des figures variées et délirantes.

Comment se déroule le travail de recherches sur les invités ?

Une journaliste mène une enquête au préalable, pour recueillir des anecdotes sur le passé familial ou amical des personnes concernées. Après avoir pris contact avec les proches, on tente de trouver l’anecdote idéale qui donnera naissance à mes protagonistes.

Vous jouez souvent la provocation. N’avez-vous pas certaines fois peur de la réaction de l’invité ?

Je n’ai pas le sentiment de jouer sur ce registre. En tout cas, aucun invité n’est parti en claquant la porte. Certes, il y en a qui ne rient pas, sûrement parce que ce n’est pas toujours drôle ou qu’ils n’ont pas d’humour (rires). Mais cela dit, le fait de me mettre dans la peau d’un personnage supposé connaître parfaitement l’invité, me donne l’opportunité d’avoir un rapport de familiarité avec eux.

Il vous arrive, durant vos sketches de vous moquer du duo Zemmour/ Naulleau toujours hilare, est-ce une manière de désamorcer leur image austère ?

Éric Zemmour est mon meilleur client ! Lorsque personne ne rit, je me retourne vers lui, c’est un peu ma bouée de sauvetage. Malgré son côté conservateur, il adore quand je fais dans le trash ! Et puis, c’est agréable pour le public de voir qu’il existe une complicité d’équipe. C’est toujours sympa de voir les deux chroniqueurs cinglants s’esclaffer lors de mes prestations.

Laurent Ruquier, qui joue le rôle de votre intervieweur, vous-a-t-il déjà censuré au niveau des textes ?

Jamais. Il découvre les textes au moment de l’émission, et on a la chance d’avoir une confiance totale de la part de la production. Et puis, je connais les limites, d’ailleurs, je n’ai pas un goût pour la provocation gratuite.


Lors d’une parodie de Thierry Ardisson, vous avez effectué le « Salut roumain » (représentant un tsigane faisant la manche) qualifié de xénophobe par l’ambassade de Roumanie et la MRAP. Pensez-vous qu’on ne peut plus rire de tout ?

J’aurais été mal à l’aise si ça avait prémédité. Je pense qu’on peut rire de tout, mais chacun à son opinion, et c’est un débat sans fin. J’ai fait cette parodie, sans vouloir choquer. Cela dit, je peux comprendre que des gens l’aient été. Au moins, cet épisode prouve que toutes les communautés sont représentées par les associations et que certaines sont laissées pour compte. Ça met tout le monde sur un pied d’égalité. On sait que le terrain est miné, même si je trouve ça triste au fond.

Pensez-vous qu’à l’image de Florence Foresti, le fait de passer dans les émissions de Laurent Ruquier soit un tremplin efficace ?

C’est évident. Passer chez Laurent a été déterminant pour moi, après TPS Star et Canal+, chaînes sur lesquelles j’ai pu me constituer un premier public. Le fait d’aller sur France 2, dans une émission très populaire m’a permis de me faire connaître du grand public. Cette expérience est d’autant plus satisfaisante que je regardais l’émission avant même d’y participer. Laurent Ruquier adore mettre de nouveaux talents en lumière, et ce qui est très appréciable c’est qu’il n’a pas de chapelle, il est ouvert à tous les genres d’humours.

Vous venez de terminer les représentations de votre spectacle, L’homme qui ne dort jamais. Avez-vous déjà l’idée d’un prochain one man show ?

Oui, je suis en train d’écrire le nouveau, mais ce n’est pas pour tout de suite. J’ai envie de me consacrer pleinement à ce prochain spectacle, et de faire une tournée en conséquence.

Radio, théâtre, télé, cinéma, vous avez officié dans chacun de ces secteurs. Lequel vous satisfait le plus ?

Le support m’importe peu. Le tout est de m’investir dans chacune de mes créations. La seule condition est de conserver ma liberté de ton, chose indispensable quant au bon déroulement de mon travail.

Vous avez commencé comme jeune candide auprès de Jean-Pierre Coffe, dans son programme culinaire. Quel regard portez-vous sur cette première apparition ?

C’est marrant de voir que cette émission qui n’a duré que six mois a marqué l’esprit des gens. Au moins, ça me permet de faire le tri dans mon public ; quand une vielle dame me dit « Je vous connais vous », je sais qu’elle fait référence à C’est tout Coffe, tandis qu’un jeune qui va me crier : « Baizé, baizé ! » m’aura vu sur Comédie ! Faire mes débuts auprès de Jean-Pierre Coffe a été très formateur, parce que lui-même est un personnage qui a su renouveler le genre de la cuisine à l’écran. On est d’ailleurs depuis, resté en contact.

Quels sont vos projets à venir ?

Tout d’abord, le nouveau spectacle, et je travaille également sur l’écriture d’un long métrage avec Christophe Campos, le réalisateur deLa loi de Murphy. C’est une nouvelle aventure très enrichissante ! Enfin, prochainement seront diffusés deux téléfilms dans lesquels j’ai joué. Ce sont des adaptations très surréalistes de nouvelles de Marcel Aimé, avec une superbe distribution comme Isabelle Gélinas, Valérie Bonneton, Michel Guillermot, Dominique Pinon, ou encore Alexandra Martinez.