Koh-Lanta 11 > Les aveux de Martin
À 23 ans, Martin, jeune chef d’entreprise, a participé Koh-Lanta pour vivre une aventure qui l’a changé à tout jamais. Mais en ayant accordé sa confiance aux jaunes, ses camarades rouges l’ont accusé de trahison, ce qui lui a valu une élimination. Revenu dans l’aventure, le gendre idéal a changé de costume pour endosser celui du joueur. Retour sur le parcours d’un des candidats marquants de cette 11e saison.
Robin Girard : Pourquoi avez-vous souhaité participer à cette 11e saison de Koh Lanta ?
Martin : Cela fait très longtemps que j’avais envie de vivre quelque chose comme ça, c’est une aventure de dingue. Le fait de se retrouver dans un territoire hostile au milieu de nulle part avec rien et des gens d’un milieu différent, c’est quelque chose d’extraordinaire humainement parlant à vivre. C’était aussi un bon moyen de montrer que les préjugés ne sont pas forcément de bonnes choses à avoir et qu’il fallait d’abord voir les choses et les vivres avant de pouvoir juger.
Vous étiez-vous préparé pour cette aventure, aussi bien physiquement que mentalement ?
Non, je ne voulais absolument pas me préparer pour la simple et bonne raison que je voulais vraiment vivre ce contraste, cette énorme claque dans la figure. Si je l’avais fait, la difficulté aurait été bien moindre. Maintenant, je savais que c’était une aventure à 80% dans la tête. Avoir des muscles, ça ne sert à rien dans Koh-Lanta.
Dès le début du jeu, vous vous êtes rapproché de Lisa. Victime d’une manipulation de Maxime, elle a été rapidement éliminée. Comment l’avez-vous vécu ?
Très mal, ça a été très compliqué et difficile. Mais il fallait avancer, et se servir de ça pour aller de l’avant. Tout cela m’a aidé à être encore plus fort.
Après cette sortie inattendue, votre équipe a encore été victime d’un « conseil surprise » où vous avez appris interloqué l’élimination de Catherine. Pourquoi n’avez-vous pas cherché à déterminer le réel responsable de ces manipulations ?
Oui, on s’est fait avoir de la même façon ! Catherine était aussi une de mes plus proches alliées et je m’entendais très bien avec elle. Après le conseil, on s’est aperçu qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. J’avais de gros doutes sur Maxime, mais je ne pensais vraiment pas que c’était aussi tordu. Pour moi, la seule façon d’échapper à ça, ce n’était pas tellement de rectifier les stratégies où de chercher des responsables, c’était de gagner à tout prix les épreuves d’immunités. Et on s’en est donné les moyens de le faire et on a réussi.
Avec le recul, comment jugeriez-vous les stratégies qu’a menées Maxime sur votre camp avant la réunification ?
Je ne juge pas, je ne suis personne pour le faire. Mais ce n’est pas du tout ma façon de voir les choses, de penser et d’être. Personnellement j’étais là pour vivre une aventure et j’ai oublié un peu le côté jeu. Maxime lui est venu pour jouer aux échecs en étant stratège. C’est tout à son honneur et je ne lui en veux pas, c’est juste une approche différente de la mienne.
Pensiez-vous avoir une chance de gagner Koh Lanta en tant que « super aventurier » sachant que ce type de candidat comme Freddy, Bertrand ou Grégoire par le passé a tendance à ne jamais gagner ?
Je ne l’ai pas suffisamment regardé pour le savoir. C’est pour cela que j’ai commis des erreurs, que je ne regrette toutefois pas. Si j’avais été un peu plus calé sur Koh Lanta, il y a des réactions que je n’aurais pas eues. J’aurais probablement été un peu différent. Mais je suis resté moi-même et ça m’a peut-être porté préjudice.
Chez les rouges, vous êtes rapidement apparu comme un leader. N’était-ce pas dangereux d’assumer si tôt ce rôle ?
Que ça l’ait été ou non, c’était moi, ma façon d’être tous les jours et c’est cette image que j’avais envie de montrer : le vrai Martin. Ne pas être comme ça, ça aurait été de la stratégie ou de la manipulation.
Dans un jeu comme Koh Lanta, n’est-ce pas nécessaire d’en user un peu ?
Pour moi, Koh Lanta est une aventure, et non un jeu. Ce côté-là, je l’ai totalement oublié jusqu’à ma première élimination. C’est pour ça que je suis très surpris à chaque conseil et que je n’essaye pas de faire des stratégies.
Dans l’aventure, vous avez conseillé à Anthony et son équipe de ne pas révéler s’ils avaient trouvé le collier d’immunité. Plus que le départ d’Olivier, c’est ce choix que vos camarades ex-rouges vous ont reproché. Jugez-vous aujourd’hui qu’il s’agisse d’une erreur stratégique ?
Non, ça ne l’est pas. La générosité, la gentillesse, c’est comme cela que je suis. Quand j’ai dit ça à Anthony, c’est que je le pensais très sincèrement. Si j’avais été un tout petit peu plus stratège, je n’aurais jamais commis cette erreur. Mais en fait ce n’en est pas une. Si je devais recommencer, je recommencerais. C’est moi tout simplement.
Vous parlez de gentillesse, mais en tenant de tels propos à Anthony, n’avez-vous pas mis en danger vos autres camarades et amis, les ex-rouges ?
Après la réunification, on a toujours dit haut et fort qu’on était blancs sur le camp et dans les épreuves et rouges au conseil. Je me suis toujours bien entendu avec Anthony, je n’ai jamais eu de problèmes avec lui et ma naïveté a fait que je pensais qu’ils allaient se faire manger un par un. J’ai donc conseillé à Anthony et à lui seul de garder le collier s’il le trouvait pour qu’il reste une semaine de plus. Car même si je l’appréciais, j’allais voter contre lui au conseil.
Vous avez fait face à la « furie » Florence qui vous a promis qu’elle vous ferait « payer ». Comment avez-vous pu vous réconcilier avec elle après avoir été insulté de telle sorte ?
Ça n’a pas été compliqué du tout, car Florence est une personne bien et intelligente. Et puis elle sait faire la part des choses entre l’aventure et la réalité. On a tous une vie à côté. Dans Koh-Lanta, toutes les émotions, qu’elles soient positives ou négatives, sont décuplées. À la sortie du jeu, on s’est expliqués, ça a duré une heure pendant laquelle c’était très chaud, mais après tout est rentré dans l’ordre. J’ai appris à découvrir qui était Florence dans la vraie vie, et on s’est très bien entendus.
Vous avez pourtant été vilipendé par celle-ci qui, quelques jours plus tôt, pleurait de joie, car vous lui aviez offert votre confort (excursion). Tout cela n’était donc que la faute de la fatigue ?
Bien sûr ! Le fait que nos proches nous manquent, qu’on n’ait pas de nourriture, que nous sommes fatigués, toutes les tensions sont multipliées. Mais ça fait partie du jeu et j’ai appris à le découvrir et à le comprendre. Je n’ai pas de problèmes avec Florence, ni Virginie. Et pourtant, pendant l’aventure, Virginie ne me faisait pas confiance et ne m’appréciait pas alors, qu’aujourd’hui, on se parle souvent au téléphone et on se voit régulièrement.
Plus globalement, que ressentez-vous lorsque vous regardez l’émission ?
Quand on se voit, on revit totalement l’aventure par procuration, ce qui n’est pas facile. Et malgré toute la dureté de l’aventure, on est un peu nostalgiques alors qu’on a galéré comme des dingues. Mais ce sont des images qui sont tellement belles. Pour moi, c’est un film de vacances, il n’y a pas de montage ou de propos hors contexte, c’est ce qui s’est passé tout simplement.
Candidat modèle jusqu’à votre première sortie, vous séduisiez le public pour votre côté aventurier et « gendre idéal ». À votre retour, vous êtes apparu arrogant et manipulateur. Comment expliquez-vous un tel changement ?
Je comprends que le public n’ait pas compris ce revirement. En fait, j’ai vécu une aventure de rêve dans laquelle je suis resté sincère et j’ai été éliminé. 24 heures après ma sortie, on est venu me voir pour que je rentre après un abandon médical. Mais j’ai dit « Hors de question, je ne veux pas revenir, ça commence à devenir vraiment malsain, stratégique, calculateur, et ça, ce n’est vraiment pas moi et ce que je veux, donc non merci. J’ai fait mon deuil et vécu mon aventure ». Pour moi, j’avais gagné mon Koh Lanta. Et là, mon ami Olivier m’a dit « Écoute Martin, tu as vécu une aventure de dingue et là aujourd’hui tu as l’occasion de vivre un deuxième Koh Lanta. Donc, profite et maintenant joue. Si tu restes comme tu étais, tu reviens aussi sec ce soir, donc amuse toi et sors les un par un ». Après je suis tout simplement rentré dans la peau d’un comédien. Et j’y ai pris du plaisir ! Mais ça restait bon enfant, pas malsain. Après je pense que les gens sont loin d’être idiots et ceux qui ont suivi depuis le début, ont compris qui j’étais vraiment. Ceux qui n’ont pas compris, tant pis, c’est dommage...
Les téléspectateurs peut-être, mais pensez-vous que vos anciens camarades et en particulier Patricia, ancienne alliée dans votre stratégie pour éliminer Florence, aient compris ce changement ?
Tout d’abord, sortir Florence n’était pas une stratégie. Je n’ai simplement pas cautionné ce qu’elle a dit à l’encontre de Patricia, comme Gérard. C’était juste pour montrer que je n’étais pas d’accord avec ces propos.
Vous étiez tout de même proche de Patricia et pourtant vous l’avez éliminée sans aucune pitié...
Bien sûr ! Je l’ai éliminée, car c’était une manière de montrer aux ex-rouges que j’étais là et que j’avais changé d’état d’esprit. Car très sincèrement, sinon c’était moi qui sortais. Et puis il ne faut pas oublier que quelques jours auparavant, elle m’avait complètement utilisé pour sortir son collier et mon plus proche ami Olivier. Elle ne s’était pas gênée pour ça et pourtant on était déjà proches. Donc tout cela reste un jeu et je ne lui ai pas caché que j’allais l’éliminer.
Quand vous êtes revenus, pourquoi n’avez-vous pas préféré vous mettre du côté de Téheiura, Patricia et Alexandra plutôt que celui des personnes qui vous ont éliminé ?
Oui c’était possible, mais je n’ai pas une mémoire de poisson rouge et j’avais promis à Olivier d’emmener les ex-rouges le plus loin. Et je n’ai pas oublié les vingt premiers jours ensemble. J’ai essayé de réaliser cette mission-là, et je l’ai réussie, car il y en a trois sur quatre en finale !
Si on assistait à une finale Ella / Laurent, seriez-vous réellement heureux d’avoir permis à l’un de ces deux candidats de gagner les 100 000 € simplement parce qu’ils sont rouges, bien qu’ils n’aient pas forcément été particulièrement « méritants » si l’on en croit le public ?
Tout dépend ce que l’on entend par le terme « mérite ». Pour moi, Laurent est plus méritant que Téheiura, car lui n’a pas grandi le dedans. Pour Téheiura, c’est un retour aux sources. Alors oui, il est très fort mentalement, très fort sur les épreuves, très fort sur le camp. La survie n’est pas compliquée pour lui, au contraire. C’est peut-être même plus facile pour lui de vivre là-bas qu’à Paris. Maintenant oui, il est très fort et par rapport à ça il mérite de gagner. Mais il n’est pas plus méritant que Gérard par exemple. C’est lui qui nous a fait manger, en veillant sur le feu la nuit, en rapportant le bois, avec sa bonne humeur, sa gentillesse, son état d’esprit. Après celle qui mérite peut-être le moins de gagner, c’est Ella. Après ça, reste un jeu, il ne faut pas l’oublier, ce n’est pas toute une vie, ça reste une expérience, il faut faire la part des choses.
Pour certains, un chèque de 100 000 € signifie bien un changement de vie et non juste une expérience, comme on a pu le voir avec Patricia qui a déclaré avoir vu son rêve brisé...
Oui je suis d’accord, mais si on a envie de gagner de l’argent on va jouer à Qui veut gagner des millions ? ou à La Roue de la Fortune. Si on est un peu cultivé et qu’on réfléchit un petit peu plus loin que le bout de son nez, on peut répondre à dix questions, même si elles sont très difficiles. C’est plus facile d’avoir de la culture générale que de survivre dans un milieu hostile avec des gens très différents. Je ne pense pas qu’on fasse Koh-Lanta juste pour gagner 100 000€. Après plus on avance dans le jeu, plus on peut y penser !