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Laurence Ferrari, la revanche d’une blonde sur TF1

Alexandre Raveleau
Publié le 21/04/2010 à 12:35

Laurence Ferrari présente le 20 heures de TF1 depuis le 25 août 2008. En prenant la relève de Patrick Poivre d’Arvor, la journaliste a accepté une mission dont les objectifs étaient pour le moins multiples, à la lisière du casse-tête chinois vertigineux. Rénover le JT le plus regardé de France, retenir les téléspectateurs happés par la TNT et maintenir l’écart avec France 2 : telles étaient les trois conditions à remplir pour que du rôle attitré de remplaçante, Laurence Ferrari apparaisse comme la véritable nouvelle star de l’info. Après de longs mois de vents contraires, celle qui débuta à la chronique santé de Studio Gabriel arbore aujourd’hui un sourire franc. L’heure est au soulagement. Et les projets ne manquent pas.

Ce soir d’août 2008, 8.3 millions de Français étaient au rendez-vous du premier JT de la rentrée de TF1. En toute curiosité, 40,3% du public choisissait alors le 20 heures nouvelle génération. L’effet de surprise estompé, les semaines qui devaient suivre allaient provoquer leurs lots de sueurs, rumeurs et réactions en chaîne. Fin octobre 2008, la barre des 30% de part de marché était atteinte. Une première. En parallèle, l’écart avec l’édition concurrente de David Pujadas réduisait jour après jour.

Sans sourciller, ni crier gare, Laurence Ferrari poursuit son labeur quotidien. Ni PPDA, ni les médias n’épargnent la présentatrice, qui incarne alors le symbole même de la perte d’audience de TF1 au profit de la TNT. Les sondages d’opinion sont peu flatteurs. Aux journalistes de L’Express, elle répond : « Je n’ai jamais rien attendu d’eux et je ne fais pas ce métier pour être populaire : je le fais pour être journaliste ». Elle assure à qui veut bien l’entendre que ses dirigeants lui apportent un « soutien total ». L’heure est aux doutes et à la critique.

Au printemps 2009, après un hiver tumultueux, le 20 heures de TF1 et celui de France 2 sont au plus près. Le mardi 5 mai, 5.2 points de part de marché séparent les deux grandes messes, soit tout juste 1.2 million de téléspectateurs. La chaîne publique, du haut de ses 22,4% d’audience, se targue de réaliser « son plus petit écart historique » avec sa concurrente. Laurence Ferrari touche dans un même temps 27.6% du public. Les chiffres révèlent toutefois une autre vérité : le Journal de TF1 reste un leader incontesté, voire intouchable. 7 millions de fidèles sont au rendez-vous en moyenne chaque soir. Et la fuite du public de ralentir.

À la rentrée de septembre 2009, une toute nouvelle concurrence est venue chahuter le carrefour de l’access. M6 lance son 19.45. Laurence Ferrari balaie d’un coup ce rendez-vous teinté de modernisme. Le « gadget » de la présentation debout de Claire Barsacq ne l’effraie pas. Plus belle la vie et France 2 restent ses deux cibles principales. Aux côtés de Claire Chazal, Laurence Ferrari trouve son rythme de croisière, et stabilise toujours un peu plus son public.


Cette saison 2009 / 2010 va également lui permettre d’exister en dehors du 20 heures. Sa première « sortie » a eu lieu avec le concert des Enfoirés. En seconde partie de soirée de ce 12 mars 2010, après un show à l’audience record assurée, elle présente les Restos du cœur : la faim justifie les moyens, avec Harry Roselmack. Devant la télévision, 2.3 millions de téléspectateurs sont au rendez-vous, soit 27% de part de marché.

Elle s’affichera ensuite aux côtés de Claire Chazal, à l’occasion des Élections régionales. Privée d’Européenne en 2009, le nouveau scrutin lui permet de retrouver les acteurs politiques et le débat, à l’instar de Dimanche + (Canal+). Elle forme alors un tandem inédit avec sa consoeur. Les deux blondes rassemblent 6.33 millions de Français au soir du Second tour. Et si le scrutin n’a pas passionné les électeurs, il permet à TF1 d’être suivie par 25.1% du public ce soir-là. Dans un exercice qu’elle apprécie particulièrement, Laurence Ferrari jubile. « C’est passionnant, car c’est du direct absolu, rien n’est écrit d’avance, cela nécessite une grosse concentration », avoue-t-elle à l’hebdomadaire Télé Câble Sat.

Pendant ce temps-là, ses 7 millions de fidèles à 20 heures sont toujours au rendez-vous. Jugées à la limite de l’échec cuisant plus d’un an auparavant, ces mêmes audiences apparaissent dorénavant comme tout à fait acceptables, voire plutôt satisfaisantes. TF1 a réussi ses paris multiples. L’écart avec France 2 se résorbe. La TNT stagne sur la case de 20 heures et le JT est rénové.

Depuis la rentrée 2010, le Journal de TF1 a même atteint plusieurs records, des 8.83 millions de téléspectateurs au soir de la disparition de Philippe Seguin (le 7 janvier) aux 8.6 millions du 1er mars, alliant respectivement 33.5 % de part de marché. En face, David Pujadas tourne en rond autour d’une moyenne de 20 %. Ses pics avoisinent les 22.5 % (le 7 avril) les meilleurs soirs. Les détracteurs les plus féroces envers la journaliste sont pourtant toujours critiques : deux ans plus tôt, ces mêmes chiffres records figuraient dans la moyenne habituelle de PPDA...

Les temps ont toutefois changé. L’image d’ « usurpatrice » de l’automne 2009 s’est effacée. Laurence Ferrari forme avec Claire Chazal un duo victorieux en termes de résultats. La présentatrice travaille désormais à son futur programme politique, un cheval de bataille au sein de TF1. Après l’arrivée à l’antenne de Haute définition, un magazine de reportage en prime time, tous les espoirs lui sont permis. Plus qu’une émission pré-électorale, le rendez-vous est construit pour être ancré durablement sur la grille des programmes. L’échéance serait d’ores et déjà fixée : janvier 2011.