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Patrice Laffont (Mieux vaut tard que jamais à Tokyo) : « Jean-Pierre Castaldi est une bête de scène, une caméra ça l’excite » "

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 02/08/2019 à 20:00 Mis à jour le 06/08/2019 à 19:10

Depuis le vendredi 19 juillet, France 3 propose les aventures de Jean-Pierre Castaldi, Philippe Lavil, Patrice Drevet et Patrice Laffont en Asie dans la série documentaire « Mieux vaut tard que jamais ». Après deux semaines en Thaïlande, l’équipe de septuagénaires aborde le Japon ce vendredi 2 août. Une destination qui ne faisait pas rêver Patrice Laffont, qui s’est exprimé pour Toutelatele, en marge de ces nouvelles aventures.

Joshua Daguenet : En arrivant au Japon, vous avouez ne pas être emballé par ce voyage. Pour quelles raisons ?

Patrice Laffont : J’avais toujours dit que je n’irai jamais au Japon. Je bloquais sur ce pays, les Japonais, et j’ai un de mes meilleurs copains ayant vécu là-bas qui m’a dit : « N’y fous jamais les pieds ! Ils sont chiants et hypocrites ». Je m’étais fait une idée un peu ridicule. En arrivant, j’étais d’une humeur maussade, je n’avais pas adoré la Thaïlande. Et finalement, j’ai été totalement séduit. Je me suis éclaté au Japon !

Très rapidement, Tokyo vous a apprivoisé…

Moi, j’ai un coup de cœur ou je ne l’ai pas. En me rendant dans la place principale de Tokyo avec ses panneaux lumineux et ses gratte-ciels, tout d’un coup, je l’ai préférée à New-York dont je n’ai jamais été fan. J’étais très content dès le début et ça se ressent car je suis beaucoup plus gai que dans les deux premiers épisodes.

Dans l’un des restaurants, la carte comporte du sperme de poisson, de l’anus et de l’utérus de cochon. Comment avez-vous déniché un tel endroit ?

Ce n’est pas nous, tout a été minutieusement préparé. Notre jeune accompagnateur était de mèche avec la production. Nous nous sommes retrouvés dans ce restaurant qui ne fait pas partie de mes meilleurs souvenirs ici. Je m’en foutais complètement de ce qui était dans les assiettes, je n’aime pas la bouffe asiatique en général.

Jean-Pierre Castaldi nous a confiés que vous aviez rencontré des difficultés à vous adopter aux coutumes locales, notamment en matière de gastronomie. Vous confirmez ?

Uniquement en gastronomie. Je vais rarement dans un restaurant asiatique à Paris. Je suis un terrien. Même la nouvelle bouffe française m’emmerde. J’aime les bœufs en daube, le hachis parmentier, la vraie cuisine de ménage. Là-bas, tout est peut-être plus fin mais ce n’est pas à mon goût, il y a plein d’herbes que je déteste.

Lors de votre première nuit, dans un hôtel à capsule, l’apparition d’un homme nu réclamant le silence vous déclenche un interminable fou rire avec Jean-Pierre Castaldi. Le Japonais n’a même pas semblé perturbé par la présence des caméras…

Non, ils sont habitués. Ils vivent-là, se baladent comme ça. J’ignore si la séquence a été montée… Finalement, nous n’étions pas nus, car ce n’était pas possible pour la télé, mais nous étions torse nu et nous avons rigolé avec lui. C’était une belle expérience, très rigolote, mais je n’y passerai pas d’autre nuit car nous avions l’impression d’être dans un cercueil.

« Le Japon m’a mis dans une forme que je n’avais pas en Thaïlande »

La vue du mont Fuji, qui referme le troisième épisode, semble avoir réduit tout le groupe au silence…

Absolument. Nous étions très près du pied. « Casta » a préféré prendre un taxi car c’était trop dur pour lui, moi-même je me suis étonné à monter les marches quatre à quatre qui nous menaient là-haut. Le Japon m’a mis dans une forme que je n’avais pas en Thaïlande. Il m’a fallu un temps d’adaptation à ce voyage et à ce groupe qui n’était pas facile à gérer. En général, je ne suis pas un homme de groupe et il fallait vivre ensemble toute la journée dans des conditions difficiles car nous tournions de sept heures du matin à sept heures du soir. Ils nous ont pris pour des gens de télé-réalité de 20 ans.

Pour le programme, quelle est la plus-value d’avoir emmené à l’aventure des septuagénaires plutôt qu’une équipe plus jeune ?

Il faut savoir que l’émission est tirée d’une émission américaine à succès qui mettait là-aussi en scène des gens d’un certain âge, dont l’acteur qui jouait Spock, Leonard Nimoy. À cet âge, on se permet tout, on se fout de nos physiques, nous n’étions pas maquillés. Cela donne une dimension un peu particulière au programme. Nous ne jouions pas la comédie. Je regrette un peu que tout ait été si organisé, nous aurions fait de bonnes déconnades si on nous avait laissés ce qu’on avait envie de faire.

Avez-vous des regrets sur la programmation des activités ?

Non, je n’ai pas de regret particulier. Je ne sais pas ce que nous aurions fait de spécial, mais nous aurions peut-être dit plus de conneries vraisemblablement coupées car c’est un programme télé. Dans notre cas, il fallait s’insérer dans des séquences préparées. Mon vœu était pieu car il y avait une équipe technique très présente, des endroits étaient interdits au tournage : dans les temples, nous étions en caméra cachée. Ils ont des règles que nous ne pouvions transgresser, malgré les dires de Philippe Lavil qui a joué le père lapideur, mais il était comme nous, faut pas déconner…

Le vendredi 9 août sera diffusé le quatrième et dernier épisode du périple se déroulant à Kyoto. La fin du voyage a-t-elle été un crève-cœur pour l’équipe ?

Non, je ne vais pas employer de grands mots. Je n’ai jamais de crève-cœur dans la vie. Quand ça s’arrête, ça s’arrête. Nous avons néanmoins prolongé en tissant des liens. Nous avons mangé tous ensemble chez Drevet ; je leur ai appris un jeu de dés qui s’appelle le « dix-mille » et nous avons fait plusieurs parties à la maison. J’ai gardé de très bons contacts avec Jérémy qui est venu me voir au théâtre. Nos liens amicaux perdurent. Avec Castaldi, nous jouons à la pétanque.

Seriez-vous prêt à retourner à l’aventure ?

Le temps passe… Cette émission a été tournée il y a pratiquement deux ans. Ils ont hésité à la sortir et ils ont bien fait de le faire car le deuxième numéro a mieux marché que le premier [677 000 téléspectateurs et 8.4% de part de marché, contre 563 000 et 5.6%, ndlr]. À l’époque, la productrice aurait souhaité nous faire repartir en Amérique du Sud. Le tournage n’a pas été facile, chacun a sa personnalité : « Casta » avait sans arrêt envie de se mettre en avant, c’est une bête de caméra. Dès qu’il en voit une, ça l’excite. Moi c’est un peu le contraire. Chacun a finalement trouvé ses marques et nous sommes contents d’avoir participé à cette aventure. Depuis, nous nous côtoyons régulièrement.

« Jean-Pierre Castaldi est une bête de scène. Une caméra, ça l’excite »

Cet été, vous êtes aussi présent pour les 30 ans du Fort Boyard. Avec le recul, pensez-vous avoir quitté la présentation du jeu au bon moment ?

Quand je m’en vais, c’est toujours le bon moment, et c’est le moment où je commence à en avoir marre. Je ne veux pas faire le « match de trop » comme on dit au football. Au moment d’arrêter Des Chiffres et des lettres, j’avais l’impression de me répéter depuis dix-sept ans, je n’en pouvais plus. Malgré tout, je n’avais rien derrière. Et quelques temps après, on m’a proposé Les Mariés de l’A2 et j’ai pu prouver que je pouvais être un animateur.

Cet anniversaire n’est pas célébré en présence de votre ami Jean-Pierre Castaldi, qui a déploré de ne pas avoir été invité…

C’est son droit, il a raison de le dire.

Parmi les anciens animateurs, seule Anne-Gaëlle Riccio est au casting cet été. Comment l’expliquer ?

Je ne sais pas ce qu’à décidé la production. Cela leur semblait évident que je sois présent car je suis le créateur de l’émission. Elle ne pouvait pas inviter tout le monde et certains ont refusé, comme Sophie Davant, soi-disant parce qu’elle était surchargée à cause de ses émissions. Les autres, je ne sais pas. Je suis revenu pour retrouver mon personnage de comédien-animateur que n’a pas vraiment repris « Casta ». Aujourd’hui, l’émission ne ressemble plus du tout à ce que j’ai connu mais elle marche donc c’est très bien comme ça.

Est-ce un défi pour Fort Boyard de se renouveler chaque année depuis trois décennies pour perdurer à la télévision ?

Ils ont marché avec le temps. C’est un jeu vidéo correspondant exactement à ce que les mômes attendent. C’est monté de manière très serrée avec beaucoup de sons différents. Ils ont gardé la base, les épreuves, les candidats, même si aujourd’hui ce sont des gens de télé-réalité, d’internet, des influenceurs… Je n’aurais pas pu présenter l’émission telle qu’elle se présente maintenant.

Après l’arrêt de Motus, il se murmure depuis longtemps que Des chiffres et des lettres, jeu qui vous tient à cœur, est sur la sellette. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Le jeu a été sur la sellette mais il n’a pas disparu. Toutes les émissions sont soumises à des résultats. Chaque année, nous étions remis en question, mon contrat s’arrêtait en janvier. De mon côté, je fais mon boulot de producteur, j’ai procédé à plusieurs changements et cela s’est ressenti dans les audiences. Beaucoup de jeunes sont venus jouer, ce qui n’était pas le cas avant. Au-delà du décor, il y a une première partie correspondant à l’ancien jeu, et une deuxième partie que j’ai inventée complètement avec les duels et la finale. Je me demande si Armand Jammot [créateur du jeu, ndlr] ne se retourne pas dans sa tombe, le pauvre, car ça ne ressemble plus beaucoup à ses « Chiffres et des lettres ».

L’interview de Jean-Pierre Castaldi