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Romain Desarbres (La matinale, CNews) : « L’interview politique et les chroniques donnent le ton de la journée »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 19/06/2020 à 07:11

Romain Desarbres est à la tête de la matinale de CNews depuis 2016, du lundi au vendredi de 6h00 à 9h00. Depuis quelques mois, il assure la présentation en solo, mais c’est bien une équipe soudée qu’il souhaite entraîner. Rencontre.

Joshua Daguenet :Comment se déroule la préparation de votre matinale en solo alors que l’année dernière vous la présentiez avec Clélie Mathias ?

Romain Desarbres : Cela a forcément changé un petit peu. Les rôles sont très bien partagés. J’anime l’émission et chacun a sa fonction autour de la table. Solenn Riou s’occupe des journaux, Gérard Leclerc est en charge de la politique, Éric de Riedmatten de l’économie, Brigitte Milhau de la santé, Laurie Canac de la « question du jour », Olivier Benkemoun de la culture, Alexandra Blanc de la météo… Je suis le chef d’orchestre dans tout ça.

La météo est l’un des sujets de prédilection des Français au réveil. CNews diffuse un bulletin toutes les 30 minutes contre 15 minutes pour d’autres matinales. Pourquoi une telle disparité ?

Il y a un bulletin à 6h58 que j’ai rajouté, un autre à 7h15, un autre à 7h40 donc le rythme est plus régulier. Quand l’actualité s’y prête, j’inclus des papiers et des interventions d’Alexandra dans les journaux, car la météo est presque l’actualité numéro un. Nous nous adressons à des personnes qui vont travailler, emmener leurs enfants à l’école…, donc c’est capital.

Considérez-vous la grève de novembre 2016 comme un tournant pour CNews et sa matinale ?

CNews est née après I-télé, donc c’est une nouvelle chaîne qui a vraiment démarré avec une identité très marquée, une matinale puissante et des émissions de débat qui marchent très bien. Les incarnations sont fortes entre Pascal Praud, Jean-Marc Morandini, Sonia Mabrouk, Laurence Ferrari et l’émission de Christine Kelly avec Eric Zemmour, Éric de Riedmatten, Marc Menant et Harold Hyman qui marche très bien elle aussi [Face à l’info, NDLR]. Tout cela est l’ADN de CNews.

« Je regarde la concurrence, mais je n’ai pas besoin d’elle pour me faire une opinion »

Face à une actualité inégale, est-il important de mêler constamment des sujets, reportages plus légers aux principaux titres qui peuvent-être de nature anxiogène ?

La matinale doit être la vie. Quelques matinées, l’actualité est plus heureuse, joyeuse que d’autres. D’autres matinées, les actualités sont lourdes, plus dures. Nous parlons de la France, du monde entier. Nous sommes heureux quand l’actualité l’est, et tristes quand elle l’est moins. Nous avons envie d’être proches de nos téléspectateurs. C’est ce que j’essaie d’insuffler et c’est aussi pour cela que cette matinale marche aussi bien.

BFM et CNews sont souvent comparées malgré d’importants écarts le matin. Cette chaîne est-elle considérée chez vous comme une concurrente à part ?

BFM est loin devant. Nous avons chacun notre ADN. Je regarde la concurrence, mais je n’ai pas besoin d’elle pour me faire une opinion sur les différentes informations que je souhaite mettre en avant. Souvent, nous retrouvons les mêmes titres et les mêmes façons de décliner l’actualité.

En moyenne, la matinale de CNews dépasse désormais les 120 000 téléspectateurs. Est-ce une performance que vous jugez satisfaisante ?

Oui, c’est une vraie forme de reconnaissance du travail de l’équipe. D’ailleurs, en moyenne, lors du confinement, nous avons été suivis par près de 160 000 téléspectateurs avec des pics autour de 200 000. Nous sommes la deuxième chaîne d’information, loin devant nos poursuivants, même si nous pouvons toujours faire mieux.

CNews a considérablement boosté son access avec la venue d’Éric Zemmour. Le recrutement d’un grand nom au sein d’une matinale serait-il le gage d’une sensible hausse d’audience ?

Le chef d’orchestre, accompagné de fortes personnalités autour d’une table, est une mayonnaise qui prend. Sur CNews, l’alchimie est réelle. Il y a une bonne ambiance sur le plateau et en dehors de l’antenne.

« Nous allons monter en puissance sur la politique »

Comment personnaliser la présentation d’une tranche d’information qui a pour vocation d’être sobre ?

Nous personnalisons une matinale avec des angles, des invités, une façon de voir l’actualité, parfois quelques traits d’humour. Les gens retiennent souvent une ambiance sur un plateau. C’est en tout cas ce qui constitue le succès de la matinale de CNews. Il faut aussi se démarquer avec de l’analyse politique ou un reportage que l’on ne retrouvera nulle part ailleurs.

Avant l’édition de 7 heures, votre matinale mise sur une pause musicale à travers la découverte d’un clip. Le choix de ces petites coupures, pouvant paraître anodines, est-il l’objet d’une véritable réflexion en conférence de rédaction ?

Le choix du clip s’opère tous les matins assez rapidement. Chacun discute autour de ses goûts. De mon côté, j’aime défendre la musique populaire, les clips qui vont plaire aux familles. J’évite les textes violents. Je privilégie ce qui est doux, ce qui réveille ou fait danser.

Comment imaginez-vous l’évolution des matinales d’ici l’élection présidentielle de 2022 ?

Nous allons monter en puissance sur la politique. La campagne présidentielle de 2022 a déjà commencé puisque des candidats se sont déclarés. C’est passionnant et complètement fou. Et nous en parlons déjà, car les téléspectateurs des chaînes d’information aiment la politique. Il faut leur donner des clés afin qu’ils comprennent ce qui se passe. En matinale, l’interview politique et les chroniques donnent notamment le ton de la journée. Notre service politique est fort et regorge d’informations. Cela représente beaucoup de travail, car je prépare la matinale depuis l’après-midi de la veille jusqu’à l’antenne.