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Scott Wolf (Perception - saison 2 sur M6) : « Donnie est l’opposé de Daniel. Pour lui, la fin justifie les moyens »

Marion Olité
Publié le 13/12/2014 à 18:59 Mis à jour le 05/01/2015 à 19:45

Scott Wolf demeure un acteur incontournable pour les sériphiles. Il a marqué dans le rôle de Bailey Salinger dans « La vie à cinq » et s’est retrouvé dans des séries éphémères comme « The Nine » et le remake de « V ». Aujourd’hui dans « Perception » sur M6 et la nouvelle série de NBC, « The Night Shift », Scott Wolf raconte comment il a décroché le rôle de Donnie Ryan et son ressenti lors de l’annulation de « V ».

Marion Olité : Comment êtes-vous arrivé sur cette saison 2 de Perception ?

Scott Wolf : On m’a envoyé le script, je l’ai lu et regardé la série, que j’ai trouvé superbe. J’aime beaucoup le travail de Rachael (Leigh Cook) et Eric (McCormack) sur le show. Ils sont vraiment bons. J’ai été attiré par le personnage de Donnie Ryan car il m’offrait un vrai challenge. C’est toujours fun d’interpréter ce genre de rôles, difficiles à cerner. On ne sait pas trop si c’est un gentil ou un méchant. J’ai passé une audition, puis on m’a demandé de revenir pour rencontrer Rachael et Eric. Dans ce genre de moment, on sent immédiatement si l’alchimie est présente ou pas. Et là, c’était tellement confortable et naturel ! J’ai eu l’impression d’avoir toujours joué avec eux, je n’avais jamais ressenti ça. On sentait déjà la très belle dynamique qu’on pouvait avoir tous les trois.

Comment Donnie Ryan arrive-t-il dans la série ?

Je suis le mari fantôme (rires) dont Rachael est supposée avoir divorcé. Donnie a fait une terrible erreur en couchant avec sa meilleure amie. Il a donc décidé de partir de Chicago, car ils avaient besoin de prendre du recul. Et au début de la saison 2, je reviens. Elle n’est pas franchement heureuse de me revoir ! Donnie lui explique qu’il revient pour des raisons professionnelles, mais on comprend très rapidement qu’il est là pour la reconquérir. Il cherche la rédemption. J’ai trouvé cette histoire très intéressante, celle d’un homme qui a blessé sa femme, mais l’aime profondément, et veut pour cela devenir une meilleure personne. Mon personnage est procureur, donc on va devoir travailler ensemble sur différentes affaires.

Malgré son envie d’être meilleur, il reste très dur dans sa façon de se comporter, dans le travail ou dans son rapport aux autres...

C’est un homme pour qui la fin justifie les moyens. Quand il a un but à accomplir, il ne se préoccupe pas des personnes qu’il peut blesser au passage. C’est vraiment l’opposé de Daniel Pierce, un homme très sensible prêt à aider son prochain depuis le début. Il a une relation particulière avec Kate. Sans avoir sauté le pas, ces deux-là sont très liés, et Donnie arrive au milieu de tout ça pour mettre son grain de sel. Il y a toujours une affaire criminelle à résoudre dans chaque épisode, mais dessous, vous découvrez ce triangle amoureux compliqué, et les sentiments de chacun. Ça apporte une nouvelle strate à l’histoire.

Votre personnage de Donnie rappelle un peu celui de Chad dans V (2009), qui avait aussi cette politique pragmatique de la fin qui justifie les moyens...

Oui, mais il y a une différence. Chad Decker avait de plus beaux cheveux (rires), mais surtout pas d’ossature. Il allait là où le vent le portait. Donnie n’est pas vraiment ce genre de gars. Certes, il peut faire de mauvaises choses comme Chad, mais il a une épine dorsale. Même s’il blesse les gens ou semble parfois insensible, il reste du bon côté de la barrière. Il se bat pour ce qu’il lui semble juste : mettre des criminels derrière les barreaux et récupérer l’amour de sa vie. Mais pour cela, il y va franchement, avec beaucoup de confiance en lui, et certaines personnes se retrouvent éjectées dans le processus. On a tous les deux envie de les gifler parfois (rires), mais je pense que Donnie est une meilleure personne que Chad.

« Si V avait été diffusée sur une chaîne comme TNT, elle serait peut-être encore en production »

V a été annulée après un incroyable cliffhanger à la fin de la saison 2. Comment l’avez-vous vécu ?

Ça a été tellement difficile, pour tout le monde, les fans comme pour le cast. Quand V a commencé, les attentes étaient très élevées. Certaines choses n’ont pas fonctionné et le show n’a pas toujours évolué de la façon dont il aurait pu. Je pense toujours que le dernier épisode était vraiment très bien fait, avec beaucoup de suspens et de belles performances. À chaque fois qu’une série est annulée, c’est toujours une déception. Ce qui nous a le plus chagrinés, c’est que V avait des téléspectateurs partout dans le monde. C’est injuste pour eux. On leur demande de s’investir et ils n’auront jamais la fin de l’histoire. J’ai été vraiment déçu à l’époque, car après le dernier épisode, j’avais l’impression que tout était possible au niveau créatif. Mais la décision a été prise, et on n’a pas eu de vraie fin parce que personne ne savait si ça allait s’arrêter ou pas. C’est très frustrant. Les gens me demandent souvent : « Mais que s’est-il passé avec V ? ». Cela dit, quasiment tous les acteurs que je connais ont été confrontés à une annulation dans leur carrière.

Y a-t-il une différence pour vous entre travailler pour le câble ou pour un network ?

Oui, si V avait été diffusée sur une chaîne comme TNT, elle serait peut-être encore en production. Les networks ont le sentiment de devoir réaliser des shows qu’absolument tout le monde va regarder. Leurs séries doivent être leur marque, donc il y a énormément de réunions où les gens se posent des questions comme « Est-ce que ce personnage doit porter cette couleur ? » ou bien « Ce passage est trop effrayant, c’est trop Syfy, on va apeurer nos téléspectateurs ! ». Les chaînes tergiversent comme ça pour que les gens regardent la série afin de la rendre viable. De ce point de vue, l’argent des chaînes câblées provient des souscriptions des gens. Elles n’ont donc pas besoin que tout le monde regarde leur série. Elles peuvent viser une audience spécifique. Donc elles choisissent les meilleurs auteurs et leur offrent toute liberté de réaliser leur vision.

Les chaînes du câble laissent vraiment toute liberté à leurs auteurs ?

Elles donneront de petits conseils à droite à gauche, mais elles ne diront jamais au showrunner comment raconter son histoire. Sur un network, on a l’impression que les chaînes disent plutôt : « Super idée, on adore. Maintenant, voilà ce qu’on veut. » Ensuite, il faut montrer la série à un comité. Si Vincent Van Gogh avait dû soumettre ses peintures aux networks, on ne saurait pas qui il est ! Les œuvres ont besoin d’avoir une vision singulière pour être spéciales. Heureusement, TNT et les autres chaînes du câble permettent encore aux artistes d’exprimer leur voix.

Parallèlement à Perception, le public vous retrouve dans la série The Night Shift, encore inédite en France...

Oui c’est un drama hospitalier sur NBC, un peu la rencontre entre MASH et Grey’s Anatomy. L’action se déroule dans un hôpital de traumatologie pendant la garde de nuit. La série est très graphique. Vous regardez à l’intérieur d’une poitrine durant l’opération par exemple. C’est un tout nouveau monde à découvrir pour moi, qui me fascine. Je joue un chirurgien, un gentil cette fois, mais qui se retrouve encore dans un triangle amoureux avec les deux personnages centraux de la série (rires).