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Simon Abkarian, héros de Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? et Kaboul Kitchen

Claire Varin
Publié le 19/12/2012 à 19:00 Mis à jour le 22/12/2012 à 09:42

Simon Abkarian incarne le père de Michel Drucker dans Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? diffusé sur France 2. Lors du Festival de Monte-Carlo 2012, l’acteur a évoqué la série Kaboul Kitchen, mais aussi Pigalle, la nuit, son métier et ses projets de scénariste. Rencontre...

Que pouvez-vous dire sur Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?, le téléfilm adapté du livre de Michel Drucker ?

Simon Abkarian : J’interprète le rôle de son père. Un homme qui fait tout pour que ses enfants réussissent. Il est très ferme, voire très dur, en particulier avec Michel. Pour le père, la seule réussite sociale possible est de passer par le canal des études. Ce qui est évidemment faux, mais c’est ce qui est le plus répandu dans le monde occidental.

On vous a beaucoup vu dans des rôles de méchant, est-ce que ce vous préférez jouer ?

Les gens se souviennent de vous dans le dernier rôle que vous avez incarné. Puis, quand vous faites autre chose, ils se rendent compte que vous pouvez aussi faire ça. C’est aussi une question de temps et de circonstance. Pour moi, que ce soit un gentil ou un méchant, il faut d’abord que ce soit intelligemment écrit. Il faut de la matière de jeu et un bon réalisateur. Jouer Hamlet n’a pas trop de sens si le metteur n’a aucune vision.

Comment avez-vous vécu l’annulation de Pigalle, la nuit ?

On devait la faire. Ils avaient commencé les repérages. La tristesse et la déception sont toujours légitimes. On est toujours déçu de ne pas continuer un travail, qui était beau et fort. Les raisons de Canal+ sont les raisons de Canal+. Ils ont essayé de me l’expliquer mille fois, je n’ai pas compris. Il y a quelque chose qui m’échappe là-dedans. C’est brutal et, en même temps, j’évolue dans ce milieu et je sais que c’est un milieu qui prend de moins en moins de temps pour expliquer les choses. Ce n’est pas le fait d’une personne. Il y a eu des efforts faits de part et d’autre, mais, à un moment donné, il n’était plus temps. Un travail n’est jamais perdu : ce qu’on a fait sur Pigalle, la nuit se retrouvera ailleurs et autrement avec Hervé Hadmar, Marc Herpoux et la productrice Christine de Bourbon Busset.

Vous étiez dans trois beaux projets de séries (Pigalle, la nuit, Les beaux mecs et Kaboul Kitchen). Recevez-vous beaucoup de propositions de séries françaises ?

Depuis une quinzaine d’années déjà. On m’en propose régulièrement et je refuse régulièrement. Je ne travaille pas par dépit, mais par désir. Si on s’investit dans un projet aussi long et que l’on continue à le porter après, au-delà du plateau, on a intérêt à faire un vrai choix. Si c’est alimentaire, le discours est très limité. Attention, je ne juge pas : je n’ai rien contre l’alimentaire. Mais, des projets comme Pigalle et Les beaux mecs, je les porterai jusqu’au bout.

Et être un héros récurrent, cela ne vous pose pas de problème ?

Pas sur Canal+. D’abord parce que c’est une chaîne cryptée. En même temps, j’étais très content de faire Les beaux mecs sur France 2. Ma vie, ce n’est pas de faire des séries. Ma vie, c’est d’être acteur.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans Kaboul Kitchen ?

C’est d’abord l’histoire. C’était vraiment bien écrit. Au début, je ne savais pas que mon personnage pourrait être aussi truculent et drôle à jouer. On m’a raconté l’histoire et j’ai demandé à faire des essais. Sur Canal+, j’étais déjà dans Pigalle, la nuit. On s’est demandé si un acteur pouvait être dans deux séries sur la même chaîne. C’est aussi ce qui m’a intéressé : je voulais montrer qu’un acteur est polyvalent.

PARTIE 2 : Simon Abkarian parle de la saison 2 de Kaboul Kitchen.


Où en est le projet d’une saison 2 ?

C’est en cours d’écriture. Nous devrions tourner en avril prochain. C’est une jolie aventure et il y a une vraie attente du public. Je ne travaille pas en m’inquiétant de l’impact que j’ai suis les gens, mais quand vous avez fait à manger à quelqu’un et que vous voyez que ça lui a fait plaisir, vous vous dites vivement qu’il revienne. Je vais encore plus m’appliquer pour lui faire encore plus plaisir. C’est ce qui se passe avec cette série. Il y a un vrai engouement. Il ne faut pas s’arrêter. On doit voir où vont aller tous ces personnages.

Vous avez également participé à la série britannique MI5. Avez-vous noté des différences par rapport à la production française ?

De mon expérience, il y a plus de confort en France. En termes de rythme, de logistique, de tout. MI5, c’était à l’arrache. Et ils abattent le travail. Les acteurs anglais ne parlent pas, ils foncent. C’est vraiment une autre manière d’appréhender la chose. Mais, quand ça joue, ça joue. C’est ce qui est bien. Ça reste une bonne expérience, car l’anglais n’est pas ma langue alors on se concentre sur autre chose. Quand je suis revenu au français, je me suis dit que si je considérais le français comme une langue étrangère, peut-être que je l’appréhenderais différemment. Travailler en anglais me pose toujours la question du jeu. Ce qui m’intéresse dans le jeu, c’est comment appréhender l’humain.

Pouvez-vous nous parler de vos projets d’écriture ?

Je suis en train d’écrire deux textes de théâtre. Un monologue qui s’appelle Ménélas Rhapsody, sur Ménélas qui se demande pourquoi Hélène est partie. C’est une invitation à un questionnement sur l’amour. C’est un texte que je vais jouer. Parallèlement, j’écris un autre spectacle Le dernier jour du jeûne, qui sera créé à Marseille en septembre 2013, avec Ariane Ascaride et Aure Atika. Et j’écris le scénario d’un film noir que je réaliserai pour le cinéma.

Pourquoi ce besoin d’écrire ?

J’écris ce que j’ai envie de voir que ce soit pour le cinéma ou le théâtre. C’est la frustration d’un manquement qui me guide. Dans ce film, il y a quatre femmes, dont deux rôles très importants. Le monde des hommes se construit par le regard des femmes. Dans les films noirs, il y a toujours les hommes et les femmes qui font les potiches. Elles mettent les mains sur la tête, ferment leur gueule et s’allongent. Là, ce n’est pas le cas. Ce qui m’intéresse c’est de faire parler des héroïnes, qui nous font défaut. Ce sont des considérations politiques et philosophiques que je mets en pratique par mon art. Mais il faut que cela reste léger et dissout dans le spectacle.

Comment alliez-vous votre travail d’acteur et celui de l’écriture ?

Je n’arrive pas à faire plein de choses en même temps, mais j’ai appris à séparer des temps. Pendant un mois, je ne fais que ça. Si je ne suis pas discipliné, je suis mort. En tant qu’acteur, je ne peux pas me permettre d’arriver sur le plateau sans connaître mon texte, bourré, en retard, n’ayant pas compris les autres personnages, etc. La disciple est mon cheval de bataille, mais il ne faut pas qu’elle se voie.