Viré pour avoir dit la vérité ?

« Viré par l’Amérique pour avoir dit la vérité » titre le Daily Mirror sur sa Une tout en précisant que le quotidien de Londres avait embauché Peter Arnett.

Après avoir gagné le Prix Pulitzer pour sa couverture de la guerre du Vietnam pour l’Associated Press, le journalise s’est fait connaître du grand public en 1991 lorsqu’il a couvert la guerre du Golfe pour CNN depuis Bagdad. Peter Arnett travaillait encore il y a quelques jours pour NBC et sa déclinaison MSNBC avant qu’il ne participe dimanche dernier à une interview sur la chaîne Iraqi TV. Dans cette émission spéciale, Peter Arnett avait estimé que la stratégie militaire américaine initiale avait échoué en raison de la résistance irakienne et que les stratèges essayaient désormais « d’établir un nouveau plan de guerre ».

Le réseau américain NBC avait tout d’abord défendu le dimanche soir son reporter en expliquant que celui-ci avait accordé cette interview par « courtoisie professionnelle » et qu’il avait développé son analyse du conflit. Toutefois, lundi matin, la direction a changé son fusil d’épaule puisqu’après avoir reçu le journaliste, le président de la chaîne Neal Shapiro a décidé de se séparer de lui.

Reste que certaines rumeurs disaient que l’éviction de Peter Arnett de NBC venait directement du gouvernement américain qui n’aimait pas le positionnement affiché du journaliste alors que les Etats-Unis étaient en pleine guerre en Irak.

« Je suis toujours dans le choc et l’effroi d’avoir été limogé », écrit le journaliste dans le Daily Mirror farouchement opposé à la guerre, tout en ajoutant « Je rapporte ce qui se passe ici à Bagdad et je ne ferai pas mes excuses pour cela ».

Peter Arnett, d’origine néo-zélandaise, a présenté ses excuses pour ses déclarations et a reconnu qu’il avait mal analysé la situation. « Je tiens à présenter mes excuses au peuple américain pour avoir fait sans conteste une erreur de jugement », a-t-il déclaré sur sa propre chaîne NBC. Toutefois l’animateur controversé a rajouté : « J’ai dit ce week-end ce que nous savons tous à propos de cette guerre ».

Le geste et les paroles de Peter Arnett ont eu le mérite cette semaine de créer un débat nouveau sur l’une des guerres médiatiques les plus importantes de l’humanité aussi bien dans les couloirs des rédactions mais aussi dans les salons américains...