Toutelatele

Caterina Murino (Taxi Brooklyn) : « Ça a été un vrai bonheur de créer le personnage de Giada »

Claire Varin
Publié le 05/05/2014 à 19:01 Mis à jour le 15/05/2014 à 16:13

Ces dix dernières années, on l’a vue au cinéma dans L’Enquête corse, Les Bronzés 3, Le Grand Alibi, Comme les cinq doigts de la main, et bien sûr, Casino Royale. A 36 ans, Caterina Murino, la Pénélope d’Odysseus (Arte), ajoute à sa filmographie une participation à Taxi Brooklyn. L’actrice italienne revient ici sur son expérience dans la série de TF1. Elle évoque la création de son personnage « déjantée », sa collaboration avec Chyler Leigh et ses projets.

Claire Varin : Est-ce votre collaboration avec EuropaCorp Télévision sur la série XIII qui vous a amenée sur Taxi Brookyn ?

Caterina Murino  : J’avais déjà travaillé avec les deux producteurs Édouard de Vésinne et Thomas Anargyros, avec qui j’avais fait XIII et L’amour aux trousses, avec Jean Dujardin et Pascal Elbé. C’est une amitié et un travail que l’on fait depuis très longtemps ensemble. C’était un plaisir pour moi d’avoir un petit cameo dans Taxi Brooklyn.

Par quoi avez-vous été intéressée dans ce projet ?

J’ai lu les épisodes et j’ai trouvé ça extrêmement sympa. Les histoires étaient bien ficelées et d’une façon un peu différente du flic que l’on connait habituellement. Normalement, c’est très sérieux. Là, les enquêtes sont menées avec beaucoup d’ironie. Et puis, ça a été un vrai bonheur de créer le personnage de Giada, qui est totalement déjanté. Je n’avais jamais joué un rôle aussi créatif. J’ai eu la chance que les metteurs en scène me laissent un peu d’espace libre. J’ai amené beaucoup de choses et à ma grande surprise, ils n’ont pas coupé au montage.

Qu’avez-vous apporté qui n’était pas dans le scénario ?

Par exemple, la scène avec la junkie [épisode 11, ndlr.] où j’amène le thé. Elle a été un peu inventée sur le moment. Ou encore quand je m’évanouis avec les pilules [épisode 10, ndlr.], c’était totalement inventé. Je me suis retrouvée sur le plateau avec des acteurs extraordinaires, qui ont vraiment joué le jeu. Ils ont improvisé avec moi. C’était un vrai plaisir parce que j’ai pris tout le monde un peu par surprise et ils ont suivi jusqu’à la fin.

De manière plus générale, aimez-vous l’improvisation ?

Je suis quelqu’un qui étudie même les virgules. J’apprends par cœur et pas seulement mes répliques. Je me prépare énormément avec mes coaches d’anglais ou de français et ma coach de jeu. Grâce à cela, j’arrive à explorer d’autres choses. Donc je propose pas mal de choses aux metteurs en scène, parfois ils acceptent, d’autres fois non. Et quand je trouve un excellent acteur qui me donne la réplique et qui continue dans ce jeu-là, c’est un vrai plaisir. C’est un exercice que j’aime beaucoup. Mais souvent, il est bien préparé en amont.

« Chyler Leigh est adorable. C’est une vraie actrice. Il n’y avait pas de jalousie »

Comment s’est passé ce tournage avec Chyler Leigh et Jacky Ido ?

Chyler Leigh est adorable. C’est une vraie actrice. Il n’y avait pas de jalousie. Tout le monde était attentif à ce que chacun puisse amener. Elle était vraiment sympa. Jacky, aussi. C’était de vraies rencontres. Et Luke Roberts [acteur anglais qui joue Rhys, ndlr.], avec qui j’ai fait cette scène de l’évanouissement, était un vrai pro. J’adore tous les acteurs anglais, ils sont vraiment gentlemen, mais surtout d’excellents comédiens.

Vous avez tourné avec des réalisateurs différents pour les quatre épisodes : Gérard Krawczyk, qui avait réalisé les films Taxi 2, 3 et 4, Alain Tasma et Frédéric Berthe...

J’ai travaillé avec trois noms importants, qui ont fait partie de l’histoire du cinéma français. Mais le timing du tournage était vraiment très réduit. Même si le metteur en scène de Taxi a pris beaucoup de temps pour une de mes scènes finales. Il a voulu que cette scène de séduction soit précise, donc là, on est retourné dans le « timing du cinéma ». Mais j’ai pris beaucoup de plaisir avec les trois. Ils ont été extraordinaires. Ils ont dirigé tous les trois de façons différentes, mais ils ont laissé toute la liberté à la douce folie de Giada.

Partie 2 > Les spécificités de Taxi Brooklyn, et la télévision italienne


Vous êtes habituée à ces productions internationales. Ce tournage à New York avait-il des spécificités ?

Il n’y avait pas beaucoup de différences. Là, je viens de terminer le tournage d’un film en Chine. C’était ma première production chinoise. Tous les acteurs étaient chinois, sauf moi. Je trouve qu’au-delà de la langue, qui aurait pu être une barrière, c’était exactement pareil. La différence et les variations d’un film à l’autre, on les voit seulement dans le budget. Aujourd’hui, avec la technique, le cinéma est devenu très « globalisé ».

Avez-vous senti une différence de budget entre Taxi Brooklyn et Odysseus ?

Je ne connais pas vraiment le budget de Taxi Brooklyn. Odysseus, on l’a tourné un peu comme un film. Ça a été différent. Peut-être est-ce un problème d’argent ? Taxi Brooklyn a été tourné beaucoup plus rapidement. Et les scénarios changeaient beaucoup. Plusieurs scènes étaient modifiées jusqu’à la veille du tournage. En revanche, sur Odysseus, il n’y avait qu’un metteur en scène. On n’avait pas de producteurs ou de scénaristes qui pouvaient changer le scénario à droite ou à gauche, comme ça se passe très souvent à la télé.

Le format série vous intéresse-t-il ?

XIII a déclenché une ouverture. Pendant trois ans, j’avais fait de longues séries à la télévision italienne et à l’époque - il y a quatorze ans, quand j’ai commencé - la télévision n’était pas encore au top comme elle l’est aujourd’hui. J’ai vu une transformation. Il y a tellement de stars aujourd’hui qui font de la très bonne télé. C’est peut-être mieux d’être sur une très bonne série télé plutôt que dans un petit film que personne ne va voir. Non pas qu’il ne faut pas faire un film que personne ne va voir, mais on ne fait pas des films pour les musées. Avec tout le travail que cela demande, c’est quand même notre but d’être vu par le public.

« Plusieurs scènes de Taxi Brooklyn étaient modifiées jusqu’à la veille du tournage »

Que pensez-vous de la télévision italienne d’aujourd’hui ?

Elle s’est beaucoup améliorée. Il y a beaucoup de mini-séries et beaucoup de coproductions. Malheureusement, on ne les voit pas assez en France. Il faut dire qu’ils font beaucoup de fictions sur des personnages italiens cultes. Ce sont des histoires qui parlent beaucoup aux Italiens, mais pas vraiment au reste du monde.

Pouvez-vous en dire plus sur ce film chinois que vous avez tourné ?

Je ne sais pas s’il sortira en Europe. Ça s’appelle Invincible Little Flying Pig et c’est une histoire pour les enfants, avec des scènes animées. On avait un mois de tournage et six mois de post-production. Je joue une professeure d’anglais, qui a des pouvoirs magiques et qui vient d’un autre monde pour sauver la Terre. C’est un film qui était fortement voulu par le gouvernement chinois, car il y a des messages forts sur l’environnement. C’est un projet que j’ai adoré parce que je n’avais jamais fait de film pour les enfants et je trouvais l’histoire très importante. La Chine a tellement évolué en très peu de temps et il y a encore des problèmes autour de l’écologie. C’est génial de pouvoir s’adresser directement aux enfants sur ce sujet. J’ai d’autres projets, dont un film d’horreur, réalisé par une Française et tourné en Arizona. C’est encore un genre que je n’avais jamais fait et c’est un rôle magnifique.