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David Pujadas, ses adieux au 20H, son discours complet : « Ce n’est pas ma décision, ce n’est pas mon choix, mais la route s’arrête... »

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Directeur de la publication
Publié le 08/06/2017 à 21:23 Mis à jour le 09/06/2017 à 00:14

Ce jeudi 8 juin, David Pujadas a lancé son dernier « Bonsoir à tous  » en direct du fauteuil de 20 heures de France 2. À l’antenne depuis le 3 septembre 2001, il a été limogé par Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, après seize ans de présence. Cette dernière souhaitant une nouvelle incarnation de l’information de la chaine publique.

David Pujadas, « passionné de politique et de direct », a choisi de tirer sa révérence avant même la fin de la saison, au cours de son 2575e journal télévisé. Aux alentours de 20h25, Étienne Leenhardt, Nathalie Saint-Cricq et François Lenglet ont surgi sur le plateau pour rendre hommage au journaliste à travers un message et un magnéto relatant les temps forts des seize années de David Pujadas aux commandes du 20 heures et des éditions spéciales.

À 20h37, alors que David Pujadas fait son discours d’adieu, ses collègues de la rédaction ont investi le plateau du 20 heures. Après avoir remercié les téléspectateurs et son équipe, David Pujadas a été longtemps applaudi avant de tirer sa révérence, non sans avoir encouragé Anne-Sophie Lapix qui le remplacera en septembre prochain.

A noter que peu avant sur TF1, Gilles Bouleau a salué son confrère en fin de journal : « David Pujadas referme ce soir avec grande classe un chapitre de l’information à la télévision. Bonne soirée et bon vent à lui  », tout comme Carole Gaessler sur France 3 au terme du 19/20 : « Une pensée amicale pour notre confrère David Pujadas, qui va présenter ce soir son dernier journal sur France 2. Pensées à lui. »

Le discours complet des adieux de David Pujadas

« Je suis navré d’avoir à ce point concentré l’attention de ce journal… J’avais prévu de vous dire quelques mots puisque c’est le dernier journal que j’aurais eu l’honneur de vous présenter… ce n’est pas ma décision, ce n’est pas mon choix, mais la route s’arrête. Et une fois n’est pas coutume, mais permettez moi de partager avec vous mon sentiment. Et ce sentiment, c’est un sentiment de gratitude pour ce qui a été une grande aventure collective, intellectuelle et civique je l’espère à votre service.

Je parle d’aventure parce qu’il y a quelques années comme tous les médias, on a fait le constat de la défiance grandissante du public. On a cherché, on a réfléchi et nous avons fait un choix, le choix d’un journalisme recentré sur l’essentiel, le monde, la politique au sens large, l’économie, les mouvements de la société. Un journalisme de la pédagogie qui donne à réfléchir, mais qui ne vous dit pas ce qu’il faut penser. Un journalisme indépendant, cela reste un combat quotidien. Indépendant vis-à-vis des pressions de tous les pouvoirs, y compris celui invisible du conformisme et du suivisme. Un journalisme qui offre plus, l’expertise, l’enquête, le grand reportage et l’impertinence sans la démagogie, avec l’œil du 20 heures.

Alors, tout n’a pas été rose, tout n’a pas été parfait loin de là, et on apprend beaucoup de ses erreurs, et le travail est énorme. Je remercie ce soir du fond du cœur tout ceux qui sont là pour beaucoup d’entre eux, qui ont nourri cette réflexion et ce journal. Vous en connaissez beaucoup, leurs visages, leurs voix, leurs noms, et puis à tous les autres, à tous les étages et à tous les postes, et ils peuvent être fiers. Merci…

Je voulais vous dire, que votre présence, votre constance qui ont grandi au fil du temps, cette présence, cette constance ont été un cadeau inestimable. Et je vous le dis simplement, ça a été un immense honneur, un bonheur aussi de vous accompagner toutes ces années. Et je veux aussi exprimer ma reconnaissance à tout ceux et toutes celles qui ont cru en moi, les dirigeants ; nos dirigeants, qui ont cru en moi, parfois contre toute évidence, et ils se reconnaîtront. Pardon d’avoir été un peu sentencieux… On peut faire ce métier que si on l’aime et que s’il a du sens. Je souhaite bonne chance et belle route à Anne-Sophie Lapix. Elle sera avec vous à la rentrée de septembre. Je suis sûr que son talent et sa personnalité sauront s’accorder avec la qualité des équipes ici présentes pour aller encore plus haut… Merci beaucoup, vive l’information, merci, bonsoir  »