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Diplomatie (Arte) : histoire vraie entre Nordling et von Choltitz ou pure invention de Volker Schlöndorff ?

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Directeur de la publication
Publié le 06/05/2020 à 18:47 Mis à jour le 06/05/2020 à 22:50

Ce 6 mai, Diplomatie revient sur un moment de l’histoire de la seconde guerre mondiale : une discussion entre Dietrich von Choltitz et Raoul Nordling. Cependant, tout laisse à penser qu’elle n’a jamais eu lieu...

Ce mercredi 6 mai, Arte met à l’antenne un huis clos réalisé en 2014 par Volker Schlöndorff, Diplomatie. Ce film, avec André Dussollier et Niels Arestrup, retrace un face à face entre le général Dietrich von Choltitz aux ordres d’Hitler, à Raoul Nordling, un consul suédois. Ce dernier souhaite dissuader le général de submerger Paris en détruisant ses ponts et les monuments historiques les plus prestigieux de la capitale française. Dans la nuit du 24 au 25 août 1944, la rencontre a lieu à l’hôtel Meurice, situé au 228 rue de Rivoli à Paris. La négociation peut commencer et va s’égrener pendant 1h20 devant les caméras du cinéaste allemand.

Pas de destruction de Paris en jeu ?

Si Diplomatie s’inspire d’un fait réel (une rencontre entre Choltitz et Nordling), l’intrigue principale -d’après le pièce de théâtre de Cyril Gély, s’avère essentiellement fictive comme le faisait savoir l’historien Fabrice Virgili dans les colonnes de Télérama lors de la sortie du film dans les salles de cinéma. En effet, selon lui, le suédois n’aurait pas orchestré cette rencontre pour empêcher l’allemand de raser les monuments parisiens, mais pour, entre autres, négocier la libération de prisonniers politiques : « Je comprends que l’on dramatise cet enjeu dans une fiction, mais il n’a pas réellement existé (…) L’une de ses premières tâches a été de sauver les prisonniers politiques (…) il obtient de Choltitz que le ravitaillement de la capitale soit assuré. »

Bon nombre d’historiens ont même remis en cause le fait qu’Adolf Hilter ait demandé la destruction totale de Paris. Fabrice Virgili complète : « La destruction d’un pont n’aurait pas entraîné l‘inondation de la capitale qu’on nous décrit dans le film. D’ailleurs, dans ses mémoires, qu’il a écrites juste après la guerre, mais qui n’ont été publiées que récemment, Nordling insiste plus sur la protection des détenus que sur le fait d’avoir empêché la destruction de Paris. Il ne magnifie pas son rôle. »

Un face à face purement imaginaire ?

Interrogé par le magazine Histoire, repris dans les colonnes du Nouvel observateur en 2014, l’historien et critique Antoine de Baecque complète « La décision du général était prise depuis sa rencontre avec Hitler qu’il regarde désormais comme un fou dont il n’exécutera pas l’ordre le plus insensé » tout en pointant du doigt l’impossibilité temporelle de la rencontre dans le film : « Nordling ne parlait pas allemand et von Choltitz pas le français ; le premier a été victime d’une crise cardiaque la veille, le 22 août, et on l’imagine mal d’aplomb pour une telle épreuve. »

Diplomatie est à retrouver ce mercredi 6 mai à 20h55 sur Arte, juste avant un document inédit sur son réalisateur, Volker Schlöndorff, Tambour battant, prévu à 22h20. Le 29 avril dernier, Arte avait programmé avec succès le film de Bertrand Tavernier, L’appât sur cette même case horaire.