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Emily Bett Rickards (Felicity dans Arrow) : « C’est le rôle de la télévision d’avoir des personnages féminins qui puissent servir de modèles »

Tony Cotte
Publié le 15/10/2014 à 19:05 Mis à jour le 17/12/2014 à 15:02

Emily Bett Rickards a une affection toute particulière pour la France. Interrogée par téléphone, faute de temps pour se déplacer jusque chez nous, l’actrice se souvient de son dernier voyage à Paris, en 2007. A l’époque, la jeune femme a tout particulièrement apprécié son excursion à Versailles. Aujourd’hui, c’est à Vancouver, au Canada, qu’elle passe plusieurs mois dans l’année pour le tournage de la série Arrow. Pour Toutelatele, elle revient sur son expérience et sur la condition des actrices au pays de l’oncle Sam.

Tony Cotte : Comment vous êtes-vous retrouvée impliquée dans le projet Arrow ?

Emily Bett Rickards : Il y a deux ans, au mois de juillet, je me suis rendue à une audition juste avant le tournage du troisième épisode de la série. Dans la foulée, j’ai eu un appel pour me dire que j’étais prise et l’aventure a commencé dès la semaine suivante. J’étais ravie ; j’en ai même pleuré. Et puis on m’a appelé à nouveau, mon personnage a rapidement fait partie intégrante de l’équipe.

Avez-vous conscience de la cote de popularité de votre personnage (Felicity Smoak) auprès des fans de la série ?

J’en suis surtout reconnaissante. On peut facilement s’identifier à Felicity ; elle est à la fois honnête et maladroite. On peut dire qu’elle fait partie des « underdogs » [outsiders, ndlr]. Le public soutient souvent ce genre de protagonistes. J’en suis ravie, car c’est une femme intelligente. En termes de représentation, c’est une bonne chose. Il devrait y avoir plus de personnages féminins à la télévision capable de séduire par leur esprit.

Qu’est-ce qu’Arrow vous a apporté en tant qu’actrice ?

Je n’ai jamais eu l’opportunité d’avoir un même rôle pendant deux ans. Cette expérience dans son ensemble m’apporte tant. Je continue d’apprendre au quotidien sur le tournage, du jargon de ce milieu au fait de donner la réplique à des acteurs différents. Je comprends également mieux le processus de création d’un épisode et le travail des scénaristes qui sont aujourd’hui pour beaucoup de bons amis. Le simple fait de les voir assis et d’écrire de bonnes histoires est assez exaltant. Et sur le plan personnel, cette série m’a fait énormément grandir en l’espace de deux années, même si je n’ai que 22 ans [l’interview a été réalisée peu avant son 23e anniversaire, ndlr].

Vous partagez l’écran avec de nombreux acteurs à la plastique irréprochable. Cela vous donne-t-il l’impression de devoir être « sexy » ?

Non. [Rires]. Ce sont tous des gentlemen très séduisants. C’est impossible de prendre une mauvaise photo d’eux et pourtant, croyez-moi, j’ai essayé. [Rires.] Mais ils ont un grand sens de l’humour, alors ça me va.

« Cette série m’a fait énormément grandir en l’espace de deux années »

Quel regard portez-vous sur l’importance de ce qui est « esthétique » à Hollywood ?

J’aimerais que ça n’en soit justement pas une. J’ai l’impression que le fait d’être jugée peu attirante est la pire des insultes dans notre société, alors que l’égoïsme, la jalousie ou encore le manque de respect sont en réalité de vrais défauts. C’est toute une hiérarchie à revoir et qui a malheureusement la peau dure.

Quelles sont les personnes qui vous inspirent dans cette industrie ?

J’aime beaucoup ce que font Emma Stone et Emma Watson, et pas uniquement pour leur travail d’actrice, mais pour leur honnêteté dans les différentes interviews. J’admire également Kristen Wiig. Récemment, j’ai été impressionnée par le discours d’Ellen Page ; son coming-out était magnifique.

Vous semblez impliquée dans la cause féministe…

Au fil du temps, je prends conscience qu’il subsiste des inégalités et je constate que les jeunes femmes sont toujours conditionnées à penser avant tout à leur apparence. Cela crée des pressions assez curieuses à observer, car elles viennent de partout, mais de la part de personne en particulier. C’est aussi le rôle de la télévision d’avoir des personnages féminins qui puissent servir de modèles. Il y en a de plus en plus, mais je pense qu’il reste des efforts à fournir de ce côté. Quand la représentation générale des femmes sera plus positive dans les médias, les pressions seront moindres.

Avant Arrow, vous avez tourné huit épisodes de la série canadienne Soldiers of the Apocalypse. Que retenez-vous de cette expérience ?

C’était une web-série fait par un groupe d’amis. Les conditions de tournage étaient amusantes. J’ai pris beaucoup de plaisir. Avec le recul, mon personnage était intéressant, car il était à la fois drôle, malin et pouvait se battre. C’était une bonne expérience.