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Marion Seclin (Diana Boss / Clem) : « Je ne prétends pas raconter l’univers du rap »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 12/12/2021 à 15:24

Le vendredi 10 décembre 2021, France.tv Slash a mis en ligne Diana Boss. Marion Seclin se confie sur la série dont elle a imaginé une histoire centrée sur l’univers du rap. Elle évoque également son expérience dans Clem sur TF1.

Benoît Mandin : Le vendredi 10 décembre 2021, France.tv Slash a mis en ligne Diana Boss. Comment est née l’idée de cette série ?

Marion Seclin : L’idée était de faire évoluer un personnage féminin dans l’arène du rap. Je me suis mise à construire une histoire en m’appuyant sur mon propre vécu du milieu artistique et la quantité d’obstacles existant pour une femme dans le monde. Je me suis attelée à être le plus proche de la réalité. Plutôt de dire que le monde est catastrophique, je voulais apporter une dose d’espoir.

Vous êtes-vous inspirée de faits réels pour imaginer Diana Boss ?

D’abord de moi. Quand je compare à mes camarades masculins, on est sur une différence de considération et d’appréciation. Ensuite, j’ai construit l’histoire en fonction de mes envies. Certaines amies m’ont aussi apporté de l’aide. Étant moi-même blanche, je n’étais pas en mesure de me rendre compte de l’étendue du racisme. Du coup, je leur ai demandé de me guider et de me dire si ce que j’écrivais était complètement faux ou si ça pouvait ressembler à leur réalité.

Diana Boss est avocate la journée et rappeuse la nuit. Comment avez-vous imaginé ce paradoxe ?

Ces deux arènes sont venues assez logiquement. J’avais besoin de choisir deux milieux socialement opposés. Ils avaient l’air d’être culturellement riches avec une classe sociale aisée et demandant un certain nombre d’études. J’ai eu besoin de montrer que, quelle que soit la classe sociale, il y avait toujours des problèmes de racisme et de sexisme, que ce soit dans le droit ou le rap.

« Afin de ne me pas m’influencer, je n’ai pas regardé Validé »

Avez-vous rencontré des difficultés à infiltrer le milieu du rap ?

Pas du tout, c’est un milieu très ouvert. Il est composé de personnes avec beaucoup de générosité. Ce milieu n’a pas de condescendance avec le reste du monde. Le rap est la musique la plus écoutée en France. J’ai été amenée à me documenter pour être sûre du milieu où je m’étais les pieds. Le rap est un peu comme le sport. Les gens sont en opposition les uns contre les autres, mais à la fin ils se serrent la main. Ils savent que ce n’est qu’un jeu. C’est assez fidèle à la réalité.

Pourquoi avoir choisi de s’intéresser à l’univers du rap ?

Ce n’était pas tellement l’univers du rap qui m’intéressait, mais l’univers artistique. Pour moi, l’industrie n’est pas ce qui intéresse le public. On s’en fiche des petites histoires secrètes de comment ça se passe pour faire un album. Ce qui comptait était d’avoir un milieu artistique ouvert. Mais il s’avère être comme le reste du monde en étant construit sur des clichés assez vieillots.

Quel message souhaitiez-vous faire passer à travers Diana Boss ?

J’avais envie que de jeunes filles se voient à l’image. Elles peuvent se projeter dans des personnages leur ressemblant tant physiquement que dans l’attitude et l’histoire. Le besoin d’identification dans les choses qu’on regarde est salvateur. À force de se voir à l’image, on a une vision du monde qui nous offre des possibilités de sortir de nos conditions et d’aller vers ce dont on rêve. Je souhaitais aussi raconter une histoire d’un point de vue qu’on n’a jamais trop pris la peine d’essayer de découvrir.

« Clem a été l’une de mes plus belles expériences »

En quoi Diana Boss se différencie de Validé, la série de Canal+, également axée sur l’univers du rap ?

Afin de ne pas m’influencer, je n’ai pas regardé Validé. Je ne prétends pas raconter l’univers du rap. Je prétends raconter l’ambition d’une jeune fille dans un milieu artistique difficile et à l’opposé de sa classe sociale. Je relate le parcours individuel d’une personne ayant de l’ambition et non le milieu du rap.

Vous êtes actuellement à l’affiche de Christmas Flow sur Netflix. Quel rôle incarnez-vous aux côtés de Tayc, gagnant de la saison 11 de Danse avec les stars sur TF1 ?

Je joue Alice, une jeune fille folle et gentille. C’est une journaliste féministe ayant un goût vestimentaire propre à elle. Elle fait partie d’un média féministe, les Simone. Avec ses deux amies, elle essaye de maintenir son journal. Celui-ci ne bénéficie pas de budget et risque de fermer. Elles sont obligées de le revendre à un groupe voyant le féminisme comme un objet marketing.

« Même quand je ne parlais pas de féminisme, j’étais critiquée et jugée sur mon physique »

En 2020, vous êtes apparue dans Clem sur TF1. Quels souvenirs gardez-vous de vos tournages aux côtés de Lucie Lucas et ses camarades de jeu ?

C’est un souvenir génial ! Lucie Lucas est une personne d’une gentillesse assez inimaginable vu son statut. Je me suis bien entendue avec toute l’équipe. Dès que j’avais des scènes avec eux, c’était toujours des moments excellents. Je viens d’internet. Il y a eu des jugements sur le fait que je rejoignais une série de TF1. Comme si ça ne volait pas assez haut pour certaines personnes. Clem a été l’une de mes plus belles expériences !

Êtes-vous toujours en contact avec les équipes de Clem ?

Je suis toujours en contact avec eux. Je garde un œil sur ce qu’elles font. Il n’y a pas de projet en développement à l’heure actuelle. Ces derniers temps, j’ai été davantage concentrée sur Christmas Flow et Diana Boss. Une fois qu’on a mis un petit pied à la télévision, on sait que l’on y a une petite place.

Suite à la publication d’une vidéo, vous avez été la cible d’un cyber-harcèlement il y a quelques années…

C’est difficile de s’en préserver. Même quand je ne parlais pas de féminisme, j’étais critiquée et jugée sur mon physique. Je recevais des messages très violents. Être une femme globalement en ligne, c’est s’exposer à un certain nombre de personnes un peu bête, qui n’ont pas évolué avec le monde… Aujourd’hui, j’ai toujours un certain nombre de gens décidant de me harceler en ligne. Mais le fait d’avoir pu rendre un peu poreuse la limite entre internet, la télévision et les plateformes fait que je suis moins emprise à la panique.