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Nans (Nus & Culottés) : « Ces défis sont des rêves de gosse »

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Directeur de la publication
Publié le 01/08/2013 à 20:04 Mis à jour le 18/08/2013 à 15:22

Depuis maintenant deux ans, Nans et Mouts se donnent des défis, histoire de parcourir la terre entière et la faire découvrir par la même occasion aux téléspectateurs de France 5. Et à chaque fois, leur expédition démarre dans le plus simple appareil, un « véritable engagement à la vie sauvage ». Mouts à l’autre bout du monde, Nans a répondu aux questions de Toutelatele, habillé, mais toujours habité par le voyage.

Jérôme Roulet : Comment vous définiriez-vous ?

Nans Thomassey : Comme des vagabonds chercheurs. On part d’une envie d’être heureux, de se sentir en vie. Et puis on se sent un peu chercheurs et laborantins car nous créons nos conditions d’expériences nous-mêmes : comment passer une nuit à zéro degré ? Comment faire du stop ? Ces voyages sont un grand terrain d’expérimentation et c’est fascinant. A chaque fois, y’a des pépites et c’est un peu notre moteur.

Avez-vous un modèle ?

On a plutôt des sources d’inspiration comme Sylvain Tesson qui voyageait chez l’habitant, il faisait de la marche et du vélo et non du stop, ou encore Ludovic Hubler. Il a fait le tour du monde en stop en cinq ans.

Comment vous est venue cette idée de parcourir le monde ?

Depuis 2008, on voyage beaucoup en stop et chez l’habitant notamment. Peu à peu, on s’est rendu compte qu’il y avait un certain plaisir dans allègement au niveau du voyage. Plus on s’allégeait, plus on s’en remettait à la magie des rencontres. On a commencé à voyager sans argent. À l’été 2010, on a décidé de partir de rien, sans sac à dos et sans vêtements, pour voir ce que ça pouvait donner. Cette plongée dans l’inconnue nous fascinait.

Comme s’est déroulée cette « première fois » ?

Un matin de juillet 2010, on s’est jeté dans la Drome tout nus avec comme rêve d’arriver à Paris en décapotable rouge pour sortir en boite de nuit en costard-cravate. On voulait relier les deux extrêmes : l’homme sauvage et l’homme moderne. Comment voyage-t-on quand rien n’est prévisible ? On a pris quelques images avec un appareil photo. Puis, on a monté avec ça un petit film amateur de 3 minutes qu’on a envoyé pour délirer à une boite de production (Bonne Pioche, ndlr). Ils nous ont appelés le lendemain, en nous disant qu’ils étaient intéressés pour des films de 52 minutes sur ce concept.

« On n’a jamais été plus à l’aise que ça dans la nudité »

N’êtes-vous pas également un peu exhibitionniste ?

(rires) Non, il fallait vraiment aller à fond dans allègement, et on n’a jamais été plus à l’aise que ça. D’ailleurs, on met toujours des feuilles de vigne. Et puis, quand on va au-devant des gens, on a toujours un minimum de « vêtements » comme un buisson ou une bâche…

Que trouvez-vous vraiment dans la nudité ?

Etre tout nu, c’est un engagement complet dans la vie sauvage qui nous intéresse tout particulièrement. Il y a quelques années, j’ai fait un stage avec François Couplan. On était parti une semaine dans les bois pour apprendre à faire du feu, trouver sa nourriture, fabriquer des vêtements, etc. Le but était de se reconnecter totalement avec notre partie animale qui était endormie. Aujourd’hui, on vit dans un certain confort donc on ne se retrouve plus face au monde sauvage. Et moi, j’avais très envie de retrouver ça dans ma vie.

Dans Nus & Culottés, vous êtes également dans le plus simple appareil en pleine ville…

Oui, il y a une scène à la fin du film, mais c’est juste pour donner du sens. La symbolique est un peu l’image d’une vie : on commence tout nu et on finit tout nu.

Partie 2 > Une 3e saison pour Nus et Culottés ?


Quel a été le défi le plus dur à réaliser ce jour ?

Paradoxalement, c’est celui des aurores boréales en Islande (diffusé ce jeudi 1er août à 20h45, ndlr). Il demandait le plus de carburant et de motivation. On avait 3000 kilomètres à faire, trois pays et deux mers à traverser, avec l’incertitude des aurores boréales. C’était un voyage difficile qui nous a demandé beaucoup de ressources.

Comment imaginez-vous ces défis ?

Ce sont, en fait, des rêves de gosse. Au départ, on les a tous posés sur une feuille et on a fait un tri. Il fallait que le rêve puisse être assez fou pour entraîner les gens avec nous et assez réalisable pour pas qu’on mette toute notre énergie à la réalisation du rêve. Il faut savoir qu’être tout nus, ça demande à chaque fois, même après le 12e voyage, de s’abandonner. Juste avant de partir, on en pleure, c’est comme une petite mort. Il y a beaucoup d’émotion, et c’est vraiment ce qu’on cherche aussi. Donc si on n’a pas un rêve qui nous tient aux tripes, on ne sort pas dans les bois et on n’y rentre même pas (rires). Il faut vraiment une grande motivation.

Quel est votre rêve le plus fou ?

Je rêve d’un sous-marin stop qui nous mènerait dans une cité sous-marine, dans un pays complètement imaginaire et inconnu qui n’est pas encore cartographié (rires).

Comment avez-vous appris que Nus & Culottés était renouvelé pour une saison 2 ?

Après la diffusion des trois ou quatre premiers épisodes de la saison 1, France 5 nous a contactés pour nous dire qu’ils étaient partants pour une deuxième saison. On ne s’y attendait pas au début, car avec l’histoire de la nudité, il y eu des amalgames. On ne savait pas si les gens allaient percevoir le message qu’il y avait derrière. Et puis, on n’a eu que des retours positifs, personne n’a été choqué. Le seul reproche qu’on a pu nous faire, c’était de porter une feuille de vigne ! (rires)

Quel type d’encouragement recevez-vous ?

On a des retours extraordinaires de personnes qui ont eu envie de se mettre en voyage ou de recevoir des gens chez eux. Ça, c’est le plus beau des compliments. Avoir confiance dans le voyageur, le vagabond, l’étranger… Ça me fait plaisir qu’à travers cette émission, la télévision puisse être un facteur de curiosité et un facteur d’ouverture à l’autre.

« On va faire une pause pour digérer tout ça »

Etes-vous partant pour une saison 3 ?

Non, on fait une pause pour décanter et digérer tout ça. C’est une réelle volonté de notre part pour ne pas manquer de respect à ces voyages. On a vécu quelque chose de très intense pendant deux ans. Aujourd’hui, nous avons besoin d’écrire, de partager tout ça dans un livre et des conférences, et puis aussi prendre du temps avec nos proches.

Tout cela est-il possible grâce à Nus & Culottés ?

On le faisait déjà avant. On reprend en fait notre activité d’il y a deux ans. Nous allons écrire un second livre qui proposera tout ce qu’on n’a pas pu inclure dans les films de 52 minutes. Ça nous tient à cœur de partager ce qui s’est passé dans ces voyages.

Comptez-vous vagabonder toute votre vie ?

J’aimerais bien (rires) Mais le vagabondage peut se faire aussi autour de chez soi. Chacun vit son aventure à sa manière sans forcément partir à l’autre bout du monde. Le cœur du voyage, c’est la découverte… Pourquoi ne pas voyager chez soi, en cuisinant, en dégustant, etc. Récemment des proches ont hébergé un pèlerin chez eux, et ça a été un véritable voyage pour eux…