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Petits Meurtres en Famille > Frédérique Bel

Tony Cotte
Publié le 14/11/2006 à 00:58 Mis à jour le 06/09/2019 à 16:41

Frédérique Bel n’a pas sa langue dans sa poche. Les amateurs des 400 épisodes de La minute blonde en savent quelque chose. Ces saynètes satiriques rassemblaient plus de 2 millions de fidèles sur Canal +. Mais le temps est révolu ! Désormais, Frédérique Bel se consacre à ses rôles au cinéma ou à la télévision. C’est ainsi qu’on la retrouve dans la nouvelle saga de France 2 Petits meurtres en famille. Elle y incarne Madeleine, un personnage énigmatique qu’elle place à mi-chemin entre Arielle Dombasle et Cruella !

Tony Cotte : Dans Petits meurtres en famille, votre rôle de Madeleine brise un peu les personnages que vous avez interprétés à ce jour...

Frédérique Bel : C’est un rôle beaucoup plus femme que d’habitude. C’est un peu le « dark side of the blonde ». La méchanceté est une forme de névrose et donc de folie. Madeleine a un côté obscur et je pense que l’être humain en général est fou. Agatha Christie a toujours écrit ses livres sous forme de parodie. Dans son écriture, elle a un côté très cartoon. J’ai donc joué mon personnage un peu à la « Tex Avery », entre Arielle Dombasle pour le côté cantatrice et Cruella.

Cette saga de l’automne marque votre retour sur le petit écran. Si on se souvient tous du succès de La Minute Blonde, comment l’aventure a-t-elle commencé ?

J’étais mannequin, par conséquent, je ne serai jamais comédienne. En France, il n’est pas possible de faire le pas. Je me souviens que je ne pouvais pas défiler pour la Haute Couture car la veille on m’avait vu me faire vomir dessus dans Groland. On me disait que je n’avais pas l’image glamour et j’étais coincée dans un entre-deux où j’avais du mal à exister. Si on veut être humoriste, il faut soit être lesbien en faisant le mec, soit mettre de grosses boucles d’oreille et se classer derrière des codes sociaux. Pourquoi personne ne pourrait avoir de l’humour tout en assumant sa sexualité ? En France, les comédiennes ne jouent pas sur leur sex-appeal parce que c’est trop américain. Dorothy Doll a ainsi tapé dans le mille. C’était une vraie création, tant sur le personnage que sur le concept...

Avec le recul, quel est le bilan ?

Frédérique Bel : 400 minutes de bonheur ! J’étais à un point où j’avais l’impression d’avoir fait toutes les choses les plus connes que l’on pouvait faire sur Terre.

Êtes-vous restée en bon terme avec Canal + ?

La Minute Blonde a été le pic d’audience du Grand Journal pendant deux ans. Nous sommes passés de 400 000 à 2.5 millions de téléspectateurs. Mais j’ai dû quitter Canal pour des raisons économiques, cela ne me permettait pas de vivre correctement. J’ai, en revanche, un projet de grosse série avec eux pour la saison prochaine...

Avec ce genre de commentaires, ne risquez-vous pas de les froisser ?

Ils étaient juste bien contents de ne pas me donner d’argent. La seule personne qui est froissée dans l’histoire, c’est mon banquier.

En même temps, vous ne représentiez qu’une minute d’antenne...

... qui représentait un boulot de dingue ! Je touchais la même chose que la fille qui faisait la météo. On peut dire que j’ai fait deux ans de météo ! Et j’étais beaucoup moins payée qu’un homme ne l’aurait été en faisant la blonde.


Une allusion à Samantha ?

Ah, par contre le concept de Samantha, je l’ai créé avec une copine...

Le fameux concept que l’on vous aurait volé il y a quelques années ?

En fait, on ne peut pas vraiment parler de vol. Les sketchs de blonde n’appartiennent à personne. Glem m’a juste « serré » le concept en m’empêchant de le faire pendant deux ans. Les cassettes ont circulé et c’est devenu Samantha, mais avec des hommes. Les premiers épisodes étaient mes pilotes.

A lire vos différentes interviews, on a l’impression que vous menez une guerre pour que le public ne fasse pas l’amalgame entre Dorothy Doll et Frédérique Bel...

Je peux vous assurer que le mec qui fait Mickey à Disneyland ne couche pas avec Minnie et qu’il ne mange pas que du fromage. Et celui qui fait Casimir n’est pas non plus orange et ne vit pas sur l’île aux enfants !

Tony Cotte : Pouvez-vous comprendre que le public fasse la confusion quand il voit votre personnage de Christy dans Camping et celui de Dorothy Doll ?

Ce sont les gens du métier qui font l’amalgame. Le public sait que c’est un rôle. Même les enfants de 8 ans disent en me voyant « Regarde maman, c’est la femme qui fait la conne à la télé ! » Dans Camping, je ne suis pas maquillée et je porte des tongues. Bien sur, il y a des similitudes puisque c’est une conne. Tout comme l’est Madeleine dans Petits meurtres en famille. A partir du moment où je joue ce genre de rôle, je serai amenée à en avoir d’autres.

Alors, à quand un rôle de « non-conne » ?

Dans Teen Spirit, dont le tournage vient de terminer, je joue une fille triste qui voit un psychologue à cause de son mec. Je suis en jogging tout le long ! Et dans Ma vie sans Meg Ryan de Marc Gibaja (à l’origine de La minute blonde, ndlr), je suis une secrétaire... brune !

Vous dîtes que certains journalistes vous « pourrissent la vie ». En tournant dans un feuilleton populaire et en participant à sa conférence de presse ce n’est pas le meilleur moyen de les éviter...

Je n’en ai rien à foutre des journalistes. Je pense avant tout à mon plaisir de jouer et à mon compte en banque.

Vous allez tourner dans un « film d’horreur drôle et trash sur le monde de la télévision ». Vos premières victimes seront-elles Cauet ou Gérard Louvin envers qui vous avez une dent ?

Frédérique Bel : Je n’ai une dent que contre les gens qui font de la merde à la télé. S’ils se sentent concernés, tant mieux pour eux. Mais c’est toujours au stade de l’écriture. Pour Cauet, des journalistes ont repris dans une de mes interviews le propos de Dorothy Doll : « Quitte à faire comme Coluche, vous ne pouvez pas plutôt vous acheter une moto ? ». C’est mon personnage qui a déclaré cela. Les journalistes sont bêtes, les gens normaux, eux, savent bien faire la différence.

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