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1 série, 1 destin > V, les Visiteurs

Robin Girard-Kromas
Publié le 17/02/2012 à 11:54 Mis à jour le 02/05/2012 à 19:39

« 2009. De mystérieux extraterrestres envahissent la Terre. Bien qu’ils se déclarent pacifistes, à en croire leur glaçante représentante Anna, les humains ne voient pas tous d’un très bon œil l’arrivée de ces étrangers et une résistance se forme. De son côté, l’agent du FBI Eric Evans décide d’enquêter sur le sujet ». Si ce scénario vous rappelle vaguement quelques souvenirs lointains, c’est qu’il n’a d’original que la date.

Créée en 1982, V a connu un destin peu commun. Succès surprise d’audience les 1er et 2 mai 1983 sur NBC, la mini-série a été rapidement renouvelée pour un second volet. Mais tout s’est compliqué lorsque la chaîne a souhaité profiter un maximum de son succès en exigeant, dès 1984, une série hebdomadaire. Les téléspectateurs ont alors déserté et V s’est conclue dans l’indifférence générale après 19 épisodes seulement. Pour autant, celle-ci a conservé le statut de « série culte », ce qui lui vaut, un peu moins de trente ans plus tard, une seconde jeunesse.

Après un projet avorté de téléfilm en 2003 pour NBC, ABC commande, en octobre 2008, le pilote d’un remake. Contrairement au premier projet, l’ancien créateur Kenneth Johnson n’est pas impliqué et la chaîne décide de faire appel à Scott Peters, le papa des 4400. Une décision peu étonnante : cinq ans auparavant, la mini-série surnaturelle avait connu un certain succès et s’était transformée en une série de plusieurs saisons. ABC commandera finalement 12 épisodes, prévus pour la mi-saison. Entre temps, le casting est finalisé et Elizabeth Mitchell, Morena Baccarin, Scott Wolf ou encore Joel Gretsch rejoignent l’aventure.

Au mois d’août, ABC annonce enfin une date d’arrivée pour son remake très attendu et prévoit de lancer V un mois après la rentrée habituelle, avec la diffusion du premier épisode prévu le 3 novembre 2009. En septembre cependant, la chaîne doit composer avec les problèmes qui surviennent en coulisse. La production est en effet stoppée pendant deux semaines, sans raison apparente. Le studio de production Warner Bros et ABC annoncent toutefois qu’ils « profitent du lancement tardif de V pour proposer la meilleure série possible ». En réalité, selon l’expert de la télévision américaine Michael Ausiello, le studio est très mécontent de la qualité des scénarios proposés par Jeff Bell.


Conséquence de cet arrêt inopiné des tournages, ABC décide d’opter pour une stratégie de programmation originale. Le diffuseur compte en effet proposer les quatre premiers épisodes au mois de novembre et ne diffuser les 8 suivants qu’en mars, après les Jeux Olympiques, pour éviter une concurrence frontale. V génère alors un certain buzz et les « tracas » en coulisse participe à la publicité de la série. Bien consciente de son pari osé, ABC se donne les moyens de ses ambitions en effectuant une promotion intense pour l’arrivée. Cette dernière est prévue pour le mardi soir à 20 heures, face au succès NCIS et à la télé-réalité de NBC The Biggest Loser. Surtout, elle doit investir une case horaire dans laquelle elle a connu beaucoup de difficultés depuis des mois. Partout dans le pays, ABC envoie des avions pour lancer des « V » rouges dans le ciel. Sur son antenne, les spots pour l’arrivée du remake ne cessent d’être diffusés.

La stratégie agressive se révèle payante. Le 3 novembre 2009, le premier épisode de V réalise une excellente performance avec 14.2 millions de téléspectateurs pour un taux de 5.2% sur les 18/49 ans. Pour la première fois depuis 5 ans, ABC s’impose sur la cible privilégiée des publicitaires devant NCIS. Mieux, V signe la plus haute audience de la case depuis 3 ans et réalise le meilleur démarrage pour une série sur les 18-49 ans depuis 2005. Un plébiscite pour les envahisseurs.

La réussite du coup d’envoi de V n’assure toutefois en aucun cas l’avenir de la série. Dès la semaine suivante, une partie du public déserte. La série abandonne un peu moins de 4 millions de personnes et atteint 10.7 millions de téléspectateurs. V perd même le leadership sur les 18/49 ans face à NCIS. Les deux semaines suivantes, le phénomène se poursuit et ils ne sont plus que 9.2 millions à assister au 4e et dernier épisode de l’année. Bien qu’à l’évolution inquiétante, cette « mini-série » affiche une bonne moyenne de 10.9 millions de fidèles et d’excellentes performances chez les jeunes téléspectateurs.


Quatre mois plus tard, le mardi 30 mars 2010, V fait son retour sur ABC. Pour l’occasion, la série change de case horaire. Celle-ci est décalée deux heures plus tard, juste après Lost. La chaîne espère ainsi que les fans de la série de J.J. Abrams viendront grossir les rangs de la Résistance. Entre une longue absence des écrans et un changement de case horaire, V effectue un retour décevant. Seuls 7 millions de curieux sont au rendez-vous, soit 3 millions de moins que Lost une heure plus tôt. Rien ne s’arrange les semaines suivantes. V est battu à plate couture et chute sous la barre des 6 millions de fidèles. La première saison s’achève finalement devant 5.9 millions de téléspectateurs et surtout dans l’incertitude d’un éventuel retour pour une seconde salve.

En moyenne, 7.8 millions de téléspectateurs ont ainsi assisté aux 12 premiers volets de la série. Un chiffre à tempérer, tant le public s’est fait plus discret au fil des épisodes. Sur les 18-49 ans, V affiche une performance acceptable avec un taux de 2.8%. De quoi lui permettre d’être « sauvée » au détriment de Flash Forward. Toutefois, le network prend peu de risques et commande 13 épisodes supplémentaires, de quoi « boucher les trous » entre les deux éditions de Danse avec les stars dont le succès n’est plus à prouver. Après réflexion, celle-ci décide même de réduire son engagement à 10 numéros afin de « mieux contrôler sa qualité ».

Une nouvelle fois, V est donc priée de quitter l’antenne pendant de nombreux mois. Après un hiatus de plus de 30 semaines, la série est finalement de retour le mardi 4 janvier 2011. Celle-ci change encore de case horaire pour l’occasion, en passant à 21 heures, un créneau certes plus exposé. Coincée entre deux échecs (No ordinary family et Detroit 1-8-7), V a peu de chance de s’en sortir. Ils sont tout de même 6.6 millions à retrouver les visiteurs, une performance honorable, notamment sur les 18/49 ans (2.1%). Au fil des épisodes, et bien que les producteurs fassent appel à d’anciennes stars de la série originale pour drainer les nostalgiques (Jane Badler & Marc Singer), V voit à nouveau son public déserter et doit se contenter d’à peine 5 millions de fans. Le 15 mars 2011, ils sont 5.5 millions à assister au dernier épisode de la saison 2, qui s’avèrera également être le dernier de la série.

Avec une moyenne de 5.5 millions de fidèles et un taux moyen de 1.9% sur les 18-49 ans, certains espèrent encore un renouvellement sur le fil. Mais en mai 2011, ABC met un terme au suspense et annonce l’annulation de V. Encore une fois, les visiteurs sont donc priés de faire leurs bagages après 22 petits épisodes...


En France, le remake de V n’a pas eu de mal à trouver son public sur TF1. Lancée derrière le carton Mentalist, le premier épisode a réuni près de 3.4 millions de téléspectateurs, soit 37.5% de part de marché. Le second a affiché des performances encore plus impressionnantes avec 48.3% des téléspectateurs présents devant leur petit écran . De plus V a su séduire les ménagères de moins de 50 ans fans de Simon Baker en atteignant 48% de part d’audience sur ce public.

Mais, victime de la programmation de la Ligue des Champions en prime time, V tombe à 12% de part de marché dès sa deuxième semaine de diffusion. Et même avec le retour de Mentalist, les records des débuts ne sont plus au rendez-vous. Le 29 décembre, V quitte ainsi l’antenne sur une mauvaise note avec tout juste 12.5% puis 17.4% de part d’audience. Seul le dernier épisode de la saison, diffusé tardivement, permet à la chaîne de redresser la barre avec 27% du public présent devant son petit écran.

Pour la seconde saison de V, la Une décide de conserver le même type de programmation en deuxième partie de soirée. La série doit toutefois abandonner le Mentalist en passant le mardi soir. Déçue des audiences réalisées, TF1 ne tarde pas à diffuser les 10 épisodes, parfois jusqu’au bout de la nuit. En seulement trois semaines, le stock est ainsi épuisé. Un soulagement pour la chaîne, au vu des dernières performances de V. Reste que début 2012, le groupe TF1 a offert une seconde exposition à la série en la propulsant en prime time sur NT1. Plus de 500 000 inconditionnels ont été au rendez-vous pendant les deux mois de diffusion, soit 2.3% du public. Une performance supérieure aux Mystères de Haven, la série proposée précédemment dans cette case sur NT1. De quoi certainement assurer à Anna et ses visiteurs une rediffusion prochaine sur la chaîne...