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AB5 : encore une nouvelle chaîne pour la Belgique

Vincent Schmitz
Publié le 02/03/2004 à 00:27 Mis à jour le 02/03/2004 à 00:27

Le paysage audiovisuel belge va encore connaître de nouveaux changements. Le 18 février dernier, le CSA a en effet accordé une licence belge d’une durée de 9 ans à AB5. Néanmoins, il faudra encore attendre avant de la voir apparaître sur les écrans. Les négociations sont encore en cours avec les différents câblodistributeurs du pays. La petite dernière s’installera alors progressivement dans toute la Communauté française.

AB5 se veut une chaîne destinée aux 15/25 ans. Des séries, des téléfilms et des mangas constitueront l’essentiel de la programmation. Il s’agira en fait d’une grille très similaire à AB1 déjà présente sur différents bouquets satellites français. S’adressant à la même cible, elle sera la concurrente directe de la toute nouvelle Plug TV qui appartient à RTL. La guerre de l’audience est donc plus que jamais déclarée entre les deux groupes privés du paysage audiovisuel belge.

C’est en 2001 que le groupe de Claude Berda a pénétré pour la première fois dans les foyers belges avec AB3. On se souvient du bouleversement qu’avait créé son arrivée. Chaîne généraliste mais ciblée « jeunes » (15/44 ans), elle se posait clairement comme un trouble-fête. Elle était en effet la première à oser rompre l’équilibre belge, à savoir la sacro-sainte dualité : public (RTBF) contre privé (RTL). De plus, elle n’a pas hésité à mettre sur antenne l’émission Ca va se savoir qui a fait couler beaucoup d’encre.

Si les audiences ne sont pas extraordinaires, elles sont satisfaisantes. En 2002, la part de marché d’AB3 s’élevait à 3,6% pour atteindre 4,4 % l’année suivante. Elle est de 4,2% pour le mois de janvier 2004. Elle reste néanmoins toujours inférieure à celle de Club RTL qui oscille entre 5,2% et 5,4% mais dont il faut signaler que les meilleurs scores sont dus au football. Quant à AB4, présente depuis un peu plus d’un an, elle fut quelque temps diffusée depuis la France avant d’obtenir le statut de chaîne belge. Aujourd’hui encore elle n’est pas présente partout en communauté française et l’offre proposée reste assez pauvre.

Il faut souligner que cette autorisation intervient alors que Claude Berda est toujours en conflit avec le CSA. Les membres du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel sont divisés sur le sujet et certains estimaient d’ailleurs qu’il n’était pas opportun de donner cette nouvelle autorisation tant que le problème n’était pas réglé. AB3 s’est en effet vu infliger une amende de 125.000 euros pour le non-respect de certaines obligations en 2001 et 2002. Premièrement, il y a eu trop peu de diffusion d’œuvres européennes et de la Communauté française. Deuxièmement le quota de production propre n’a pas non plus été atteint. Le Conseil d’Etat a été saisi et le dossier est pour l’heure bloqué.

Gageons en tout cas que cette surenchère dans l’offre proposée se calme quelques temps. Si l’on fait les comptes, la RTBF dispose de deux stations, RTL en propose trois et AB bientôt trois également. Huit chaînes qui doivent en plus faire face à l’énorme concurrence française. Il ne faut pas non plus oublier les cinq néerlandophones. On arrive alors à treize chaînes pour une population égale à celle de Paris. On peut dès lors s’interroger sur les ressources publicitaires qui ne sont pas inépuisables. D’autant plus que le téléspectateur belge n’en demande sûrement pas tant et souhaiterait davantage de productions propres et d’inédits. Autrement dit, le public préfèrerait sans doute voir la qualité primer sur la quantité.