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Anne-Catherine Verwaerde (Affaire conclue) : « Nous n’avons pas tous les mêmes moyens financiers »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 07/11/2018 à 15:37 Mis à jour le 08/11/2018 à 19:48

Ce mercredi 7 novembre à 16h15, France 2 proposera deux nouveaux numéros d’Affaire conclue : tout le monde a quelque chose à vendre. Anne-Catherine Verwaerde se confie sur sa participation au magazine de brocante. Elle évoque également le succès de l’émission, lancée à la rentrée 2017.

Benoît Mandin : Comment êtes-vous arrivée dans Affaire conclue ?

Anne-Catherine Verwaerde : J’ai été contactée par les équipes de casting de la Warner pour le montage de l’épisode pilote. Il devait servir de test par rapport à d’autres émissions qui étaient en concurrence pour le créneau horaire. J’ai reçu un mail le vendredi soir à Londres et le lundi matin, j’étais dans l’Eurostar pour Paris. J’ai fait un essai caméra d’une heure et j’ai eu la joie d’être sélectionnée.

Avez-vous eu des appréhensions ?

Je ne connaissais pas le monde de la télévision et des médias. À la base, j’étais directrice marketing sans avoir eu d’exposition télé. Bien qu’il y avait des appréhensions, l’excitation était forte. C’était une nouvelle aventure. J’aime bien apprendre et découvrir plein de choses.

Connaissiez-vous le format original d’Affaire conclue en Allemagne ?

J’ai demandé à visionner des épisodes du format original avant le tournage du pilote. J’ai trouvé ça très sympa même si c’était très germanique et un peu austère pour le marché français. Il fallait ajouter de l’émotion et de la bonne humeur. La production a très bien réussi cette adaptation. En France, on a besoin d’être dans l’émotion et avoir un contact humain. En Allemagne, Affaire conclue est plus centrée sur l’objet que sur la personnalité du vendeur. Les questions y sont moins personnelles.

« On est parfois plus séduit par la personnalité d’un vendeur que par l’objet »

Diriez-vous que la touche Sophie Davant a été un plus ?

Le pilote a été tourné avec Stéphane Bern. Sophie est une icône du PAF et elle contribue bien évidemment au succès de l’émission. C’est une femme très humaine et populaire.

Comment définiriez-vous votre spécificité dans le milieu de la brocante ?

Ma spécialité est la décoration vintage avec un côté très mode, tendance… Chez moi, le public va pouvoir retrouver tout ce qui plaît aujourd’hui à la génération des trentenaires. Ils ont envie de produits authentiques et vintage sans se rendre dans des grandes enseignes de décoration pour des objets produits en Chine. Le public peut les retrouver sur mon site lapetitebrocante.net et sur Instagram.

Quelle est votre stratégie dans Affaire conclue pour remporter les enchères ?

On ne peut pas vraiment avoir de stratégie, car nous n’avons pas tous les mêmes moyens financiers. De temps en temps,des vendeurs sont sensibles au devenir de l’objet. Il m’est arrivé de remporter des objets avec une enchère moins importante que mes collègues sur la base de l’amour que l’on peut porter à un bien. Je me souviens d’un architecte, venu avec un paravent italien du 18e Siècle. Il a vu que j’avais un coup de cœur et il a décidé de me le vendre alors qu’un autre acheteur proposait 100 euros de plus. On est parfois plus séduit par la personnalité d’un vendeur que par l’objet.

« Le départ d’Alain Laugier a été une perte pour Affaire conclue »

Pour quel objet, avez-vous eu un coup de cœur ?

Mon gros coup de cœur a été pour une toile du 19e Siècle. Elle fait deux mètres sur deux mètres et décore aujourd’hui mon showroom. Je me suis laissée emporter à une enchère très haute pour moi, 850 euros ! Je ne regrette pas, mais j’étais un peu tremblante en dépensant cette somme (rires).

Comment gérez-vous le rythme de tournage d’une émission quotidienne ?

On tourne cinq émissions par jour. Il s’agit d’aller une fois par semaine à Paris pour une ou deux journées consécutives. C’est une chance extraordinaire de participer à Affaire conclue, car on s’y amuse beaucoup.

Comment se passe votre collaboration avec les acheteurs ?

Les tensions que les téléspectateurs découvrent à l’antenne sont celles qui existent réellement. Il faut s’adapter et trouver son petit chemin au milieu de tout ça.

Au printemps, Alain Laugier a annoncé son départ d’Affaire conclue. Comment l’avez-vous vécu ?

Nous avions beaucoup de tournages en commun. J’étais triste de son départ et j’ai pensé que c’était une mauvaise chose pour l’émission. Alain est très populaire et représente une partie des brocanteurs de province. Il a également beaucoup d’humour, ça a été une perte pour Affaire conclue.

« Affaire conclue est l’un des plus gros succès en replay de France 2 »

L’émission a connu un succès immédiat et a permis à France 2 d’atteindre des niveaux d’audience qu’elle n’avait pas décrochée depuis des années. Comment l’analysez-vous ?

J’ai un lien très proche avec les audiences grâce à Toutelatele ! On y croyait pas et la presse même à l’évocation d’un pilote sur la brocante était persuadée que ça ne marcherait jamais. On a commencé entre 3.5 et 4% de parts de marché avec 350.000 téléspectateurs. Je me souviens qu’il y a un an pour mon anniversaire, on fêtait les 10%. Et puis aujourd’hui, on frôle les 20% ! France 2 a pris des risques et Jean-Louis Blot (président de Warner Bros, ndlr) est un visionnaire. Ils étaient confortés par le succès du format allemand qui avoisine les 30%. Affaire conclue a été plus vite que la ZDF pour gagner des parts d’audience. Outre l’émotion et le côté humain, l’émission doit son succès à un mélange instructif et pédagogique, le tout avec bonne humeur et bienveillance. J’espère qu’on va aller plus loin !

Comment expliquez-vous l’attachement du public pour l’équipe d’experts ?

Affaire conclue est diffusée l’après-midi donc sa moyenne d’âge est plus élevée. Elle tourne entre 60 et 70 ans. Il ya beaucoup de gens seuls, de retraités … Certains nous disent : « Je suis à l’hôpital, vous êtes notre petit rayon de soleil de l’après-midi ». On va rechercher les petits-enfants à l’école et on regarde ça en famille. C’est le rendez-vous quotidien qui vous met en joie puisqu’on y apprend tout en s’amusant. On fait partie de la famille.

Affaire conclue est diffusée sept jours sur sept à travers de nombreuses rediffusions. Ne redoutez-vous pas une lassitude du public ?

Je ne me le dis pas, car je ne suis pas une professionnelle du monde de la télévision. Mais peut-être… Mes formations professionnelles de marketing me font penser que le public présent à 16 heures n’est pas celui qui est là le samedi après-midi ou la nuit. Pour cette dernière, c’est plus des gens qui travaillent en équipe ou des restaurateurs. Affaire conclue est leur moment de détente. L’émission est l’un des plus gros succès en replay de France 2, ce qui amène une audience beaucoup plus jeune. Je fais confiance aux gens de la chaîne pour trouver le juste milieu.