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Anne Holmes (directrice de la fiction de France 3) dévoile les nouveautés de la saison et le destin de la collection « Meurtres à... »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 15/09/2016 à 17:32 Mis à jour le 21/09/2016 à 16:05

Benjamin Lopes : La collection Meurtres à… fonctionne très bien sur France 3. Avez-vous aujourd’hui des demandes de comédiens ?

Anne Holmes : Non, mais j’ai été surprise de réponses positives. Le prochain que je lance à Bastia sera avec Richard Bohringer et Amira Casar, c’est improbable comme duo. Que les deux aient dit oui, j’ai été totalement stupéfaite, et en même temps c’est une marque de confiance à cette collection. Même quand Olivier Marchal a accepté, j’ai été étonnée, car il sortait du succès de Borderline sur France 2. Après j’ai réussi à l’amadouer avec un tournage à la Martinique (rires). Cette collection a un véritable plébiscite auprès du public, même en replay où l’on dépasse parfois les 400 000 visionnages, sans compter le succès des rediffusions.

Quelles sont les principales caractéristiques de la bible de Meurtres à… délivrée aux différents producteurs ?

Tout d’abord, il s’agit toujours d’un duo avec une mise en avant de la région, car France 3 est une chaîne patrimoniale. Une légende est raccordée à l’intrigue. Dans Meurtres à La Ciotat ce sont les chantiers navals par exemple. On fait en sorte de choisir des thématiques dont on n’a pas entendu parler auparavant. De plus, on essaie toujours de sauver l’assassin, ce ne sera jamais un serial killer, ce n’est pas qu’un méchant. Et puis après, c’est vrai que l’on est très attachés au casting. On aime mélanger les gens. Quand on me dit que je prends des acteurs de TF1, je ne suis pas d’accord. Oui, ce sont des comédiens qui ont travaillé sur la Une, mais ce sont des acteurs avant tout.

Vous vous autorisez à montrer un peu plus de sang dans cette collection sur France 3. Est-ce une volonté de rendre ces téléfilms plus sombres ?

Plus le succès est au rendez-vous, plus c’est facile pour nous d’autoriser des scènes plus sombres. Je pense que passer par le policier permet d’explorer l’âme humaine complètement différemment. On est moins dans le jugement. Se servir du prétexte de l’intrigue policière pour s’intéresser aux rapports humains est important. La comédie est aussi présente comme dans Meurtres à La Ciotat entre Élodie Varlet et Philippe Bas.

« Plus le succès est au rendez-vous, plus c’est facile pour nous d’autoriser des scènes plus sombres »

Quelle est la prochaine destination des Meurtres à… ?

Après Bastia, la Haute-Savoie qui va faire l’objet d’un nouvel unitaire, mais je suis encore en casting. Ce n’est pas des problèmes de refus, mais d’emplois du temps. La saison théâtrale commence et les comédiens que j’aimerais avoir sont pris. On en tourne cinq à sept par an.

La collection Meurtres à… est-il un concept inépuisable dans le temps à l’instar de Tatort en Allemagne ?

Je ne prévois pas d’augmenter le nombre de Meurtres à… sur la saison en tous les cas. Gouverner c’est prévoir. Le jour où je serai face à une érosion de l’audience sur cette collection, ça sera trop tard et j’en aurais trop en stock. Je ne suis pas certaine que le concept est inusable. Il faut changer de mobile, de duo et c’est très compliqué. C’est stimulant, mais on peut vite tourner en rond, car il faut à chaque fois se renouveler.

N’est-ce pas tentant de proposer uniquement des fictions policières sur France 3 quand on voit les jolis résultats d’audience ?

Non, car notre métier et notre cahier des charges veulent que l’on se diversifie. On a la case du mardi qui est plutôt une case débat, réflexion, et le samedi par nature, c’est le genre policier avec Magellan, Meurtres à… . On est toujours dans une stratégie de mise en avant de nouveaux talents. Dans Meurtres sur le lac Léman, on avait un casting de choc avec Corinne Touzet, mais le réalisateur n’avait jamais réalisé. Pareil pour Meurtres à l’île de Ré. C’est aussi la mission du service public de faire émerger des talents devant et derrière l’écran. On a envie et besoin de faire plusieurs choses donc aucune tentation.

« C’est aussi la mission du service public de faire émerger des talents devant et derrière l’écran »

Quels sont les grands axes de votre rentrée sur France 3 ?

C’est vraiment la case débat qui va être mise en avant. Marion, 13 ans sur le harcèlement scolaire est une thématique très forte. Par ailleurs, Les liens du cœur va aussi permettre de se questionner sur la place des femmes dans les familles recomposées. Il n’existe pas de loi sur le statut des belles-mères. On a tourné ça avec Hélène de Fougerolles. Les téléspectateurs vont également pouvoir découvrir le crossover entre Magellan et Mongeville. Le samedi, il y aura également plusieurs Meurtres à…, le mardi, Capitaine Marleau avec, entre autres, Pierre Arditi... Pour le reste, on traitera de la montée du front national, mais aussi du viol avec un téléfilm qui reviendra sur le fait qu’avant 1978, c’était un délit mineur en France. Gisèle Halimi a fait passer une loi pour transformer le viol en crime. Cet unitaire est basé sur une histoire vraie où deux filles revendiquent leur viol.

Vous vous autorisez à aborder des thématiques de plus en plus sombres dans cette case sociétale. D’autres projets sont-ils en cours ?

Les prisons pour femmes est un sujet encore en développement mais il ne va pas tarder à être tourné. Attention, ce ne sera pas non plus Orange is the new black. Je pense qu’on n’a pas traité la thématique depuis longtemps en France, car c’est étouffant. Mais en même temps, on pensait que c’était le moment d’en parler. Dans un autre registre, j’aurais l’adaptation du roman Illettré avec aux commandes Jean-Pierre Améris, neuf ans après Maman est folle sur France 3. On vient de le signer et le tournage aura lieu en 2017.

Les fictions historiques sont-elles toujours d’actualité sur France 3 ?

Il y a la suite d’Un village français dont je viens de voir la demi-dernière saison avec notamment les procès. On aura également la suite de La vie devant elles.

Vous avez des castings de plus en plus premium pour vos fictions. Est-ce plus facile avec les succès d’audience de France 3 en la matière ?

Rien n’est facile. Par exemple, sur la saison de La loi de…, on a convenu de quelque chose de beaucoup plus humain avec le producteur. On se met d’accord sur l’acteur ou l’actrice. On le contacte et on écrit pour elle. Comme ça, c’est collé au personnage. Je ne pense pas que l’acteur veut absolument tourner pour France 3, mais il se dit que ce personnage est écrit pour lui. Je ne les paie pas plus qu’une autre chaîne. C’est une nouvelle stratégie et j’ai besoin de comédiens super motivés. Dans La loi de…, il y a de véritables tirades à apprendre pour les plaidoyers et Josiane Balasko m’a dit que c’était un véritable enfer à apprendre (rires). Ça se tourne à Angoulême et les comédiens ne rentrent jamais le week-end tellement le travail est important. Sur Capitaine Marleau, c’est un peu plus simple, car c’est Josée Dayan qui produit.