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Au coeur de Chante, le High School Musical français

Tony Cotte
Publié le 16/02/2008 à 18:13 Mis à jour le 24/03/2008 à 13:04

Mardi 30 octobre 2007. Marseille. A la veille d’Halloween, le rendez-vous est pris à la Friche de la belle de mai. Alors que les acteurs sont sur place depuis 7h45 du matin, les journalistes n’arrivent que deux heures plus tard sur les lieux. L’inhérent Mistral accueille ainsi la presse avant une visite guidée et la présentation des équipes. Sur place, une salle d’auditions et les vestiaires du fictif Studio 24 sont reconstitués. Les décors et l’ambiance ne sont pas sans rappeler les sitcoms des années 90. Pourtant, il s’agit bel et bien du tournage d’une nouvelle série, celui de Chante.

Plus connue comme étant la fiction de la chanteuse Priscilla, la production jeunesse de France 2 est aujourd’hui à son trentième jour de tournage. Moins de dix heures auparavant, l’actrice principale dînait encore en compagnie des journalistes pour la présentation du programme. Peu de sommeil donc et pourtant pas une cerne ne s’affiche sur le joli minois de la jeune artiste. Au contraire, c’est une Priscilla rayonnante que l’on retrouve. L’équipe tourne une séquence prévue pour le deuxième épisode sous la houlette de Charli Beleteau. Car, à l’instar de nombreux plateaux, les ordres des scènes tournées ne correspondent pas à ceux de la diffusion. Debout depuis quatre heures du matin, le réalisateur ne laisse transparaître aucune fatigue : « C’est une question d’habitude », confie-t-il quand on lui demande son secret. Dans trois jours, il laissera la place à Jean-Marc Thérin, chargé de réaliser la seconde partie de la première saison, également constituée de 13 épisodes. En coulisses, acteurs comme techniciens ne cachent pas leur appréhension à d’éventuelles pertes de repères.

Mais pour l’heure, place au tournage d’une scène dans les vestiaires avec Tina (Priscilla), Océane et Manon. Sur place, Charli Beleteau interpelle les acteurs par le nom de leur personnage. Et si l’un d’eux commet une erreur, l’homme n’hésite pas à encourager le fautif au lieu de le réprimander. Chaque scène est tournée entre trois et six fois, voire davantage, dans différents plans et même certaines en caméra épaule. En coulisses, l’un des producteurs explique que ce nombre de prises est propre aux séries jeunesse et que le budget ne permet pas du perfectionnisme. Pourtant, le réalisateur est plutôt fier de son procédé : « Ma technique de travail est particulière (...) Pour que l’acteur ne lâche pas la pression, je ne coupe pas. Je gagne ainsi un temps important et c’est une façon de tenir le fil (...) La concentration sur l’instant T est tellement forte que je sais ce qui va. Si l’on devait couper en pleine action, il faut tout recommencer à zéro ».


Au-delà des décors incontestablement bon marché, les similitudes avec les sitcoms AB s’arrêtent ici. Chante demeure avant tout une comédie musicale, avec une part majoritaire de chorégraphie et de chant. La plupart des acteurs sont en réalité des professionnels de la danse, habitués au Cabaret Bobino de Paris. Pour les producteurs, l’objectif n’était pas de trouver des comédiens crédibles, mais en priorité « des danseurs sachant jouer ». La chorégraphe sur place, Alexandra Lemoine, interprète également la professeure de danse à l’écran, une double casquette pas toujours simple à porter : « Je dois placer les danseurs tout en répétant mon rôle et gérer la musique en même temps que l’on me coiffe. C’est l’horreur », confie-t-elle en coulisses. Le rythme de travail est effectivement des plus effréné et les répétitions n’ont débuté que 15 jours avant le premier clap. Un laps de temps court, a fortiori pour 26 épisodes.

Malgré toute cette agitation, l’équipe a droit à une pause déjeuner d’une durée de 60 minutes et pas une de plus ! Ce jour-là, malgré quelques rafales, plusieurs tables sont disposées dans une cour. Les journalistes prennent donc place ensemble en compagnie du réalisateur. Les acteurs alternent ensuite leur venue auprès de la presse pour improviser des mini-interviews. Après de brefs entretiens de questions / réponses, Charli Beleteau et son équipe, rassasiés, rejoignent les plateaux pour reprendre la séquence au même stade où elle avait été laissée quelques minutes auparavant. « On a demandé le silence, tout le monde se tait », hurle alors un sosie de Ticky Holgado. Le travail peut recommencer.

Il faut attendre 15h30 pour changer de lieu et rejoindre la salle fictive d’auditions, utilisée pour des scènes du pilote de la série où les différents élèves du Studio 24 enchaînent leurs prestations. L’aspect comédie musicale « est une mise en scène plus compliquée », confie Charli Beleteau. « Quand Tina chante, elle pense tout haut mais personne ne l’entend et tout le contexte autour doit continuer à vivre. Cela exige une autre écriture (...) et une fluidité dans les plans ». Et le procédé semble être une réussite suite à l’enthousiasme des quelques journalistes après une projection improvisée, la veille, de quelques rushes.

Si les acteurs achèvent leur journée de tournage dès 18 heures, la presse quitte les lieux plus tôt pour rejoindre la capitale. Producteurs, comédiens, assistants comme régisseurs semblent former une équipe soudée. Si au cours de ce périple Marseillais, celle-ci n’a pas vraiment apprécié les similitudes avec High School Musical évoquées par certains journalistes, il y a toujours plus désagréable que d’être comparé à un phénomène culturel mondial de cette envergure.

 VIDEO > Retrouvez le générique de Chante