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Au cœur de Fort Boyard 2011

Alexandre Raveleau
Publié le 01/07/2011 à 23:55 Mis à jour le 02/07/2011 à 23:37

Les années passent mais Fort Boyard reste solidement accroché aux samedis soir des étés de France 2. Les vents de juillet août 2010 ont bien secoué le mastodonte des Charentes mais l’émission en a vu d’autres. Survivant des jeux d’aventures de l’ère pré-Koh-Lanta, le concept de Jacques Antoine a enterré les Pago Pago, Piste de Xapatan, Forges du désert, Légende de Mélusine et Mission Millénium. Pour sa 22e saison d’affilée, un retour aux fondamentaux s’imposait.

Olivier Minne, seul aux manettes, guide désormais de nouvelles équipes de people dans la quête des sept clés et des indices en vue d’amasser, comme le veut la tradition, un maximum de boyards dans la salle du trésor. Mais attention, les innovations sont néanmoins nombreuses, avec cellule hi-tech, déménagement du Père Fouras dans les bas-fonds et arrivée de Blanche, alias Madame la Juge. Pour en comprendre toutes les finesses, quoi de plus significatif qu’un petit séjour dans l’enceinte fortifiée ? Mieux gardé que le plateau de Taratata un soir de Black Eyed Peas, plus inaccessible encore que les épreuves en altitude de L’Étoffe des champions, Fort Boyard est le Graal en matière de plateau télé.

Pour accéder au Fort, un seul mode de transport possible : le bateau. La navette faisant l’aller-retour jusqu’au « studio d’enregistrement » transfert tous les jours 120 techniciens et les candidats en pleine saison de tournage, soit de la mi-mai à la mi-juillet en ce qui concerne 2011. Ce « Sea surfer » est équipé d’une cinquantaine de places assises, avec pont ouvert à l’avant pour amateurs de sensations froides. Les jours de houles - et ils ne sont pas rares sur les vagues de l’Atlantique -, les abords du Fort prennent une dimension quasi surnaturelle.

La carte postale promise au lointain s’estompe à l’approche... S’agripper aux bastingages n’est plus une option et rien ne sert de bomber le torse... Reste ensuite à enfiler un gilet de sauvetage et s’accrocher au « panier » pour être hissé jusqu’à la plate-forme d’accueil. Quelques secondes d’ascension suffisent pour pénétrer dans le dernier temple sacré cathodique.

Depuis son ouverture aux caméras, en 1990, Fort Boyard est toujours resté un chantier en éternel perfectionnement. Les lointaines images d’un Patrice Laffont espérant que les candidats ne se blessent pas au cours des jeux, de la terrasse du dernier étage en friche, et des escaliers escarpés sont à bannir. Si l’esprit des lieux a pleinement été conservé, chaque recoin de l’édifice fleure bon la télévision des années 2000. Qui plus est depuis la création de la cellule hi-tech, l’événement de la saison.


Située au premier étage, à proximité du fameux gong si cher à La Boule, cette ancienne geôle vise à insuffler toujours plus de modernisme, histoire de rester dans le coup à l’heure du game play intuitif. Debout sur un sol interactif, le candidat doit par exemple y toucher des boules virtuelles en mouvement, dans l’ordre indiqué par l’ordinateur. Cinq jeux différents ont été créés pour l’occasion, mettant à contribution la mémoire, les réflexes et l’habileté.

En direct depuis les bas-fonds, le Père Fouras proposera cet été ses énigmes visuelles. Fini l’époque où le vieil homme faisait de sa vigie le lieu de la réflexion la plus pure. S’il ne jetait déjà plus depuis longtemps les clés à la mer, le Père Fouras n’avait jamais dévalé les 35 marches de sa tour vitrée à 360°. Là-haut, il ne reste plus rien des vingt années écoulées, ni placard, ni grimoire... pas même un message gravé dans la pierre par Passe-Temps.

Reste que si le Père Fouras est descendu de son pied d’Estal, il a réussi à troquer sa solitude par la compagnie des Maîtres du Temps. Dans cette pièce exigüe (située dans la réalité au deuxième étage du Fort), le temps disponible dans la Salle du trésor est en jeu. Et pour 2011, les candidats doivent parier ! 10, 15 ou 20 secondes sont à gagner... ou à perdre ! Cette manche du jeu sera donc menée par Maître Fouras himself. La mascotte de Fort Boyard acquiert enfin le titre d’animateur.

Le Hi-tech n’est pas la seule tendance à la mode dans les Charentes. Deux autres thématiques ont le vent en poupe : la jungle et la fête foraine. Toutes les portes des cellules ont d’ailleurs été repeintes selon les codes couleur adéquats. Au fil de la visite, on y découvre que les « Cylindres » réservés aux jeunes femmes sont devenus roses, avec machine à pop-corn en option et qu’un « Loto des animaux » a été conçu. Dans le vert d’une forêt reconstituée, l’amazone aux « Cotons-tiges » fait sa réapparition. Cette lutteuse retrouvera également la boue (elle aussi verte) qui faisait son succès, jadis, dans les années 1990. À bord de la cabine du « Pied marin », il faut aussi avoir le cœur bien accroché pour éviter la chute...

L’autre grande spécialité du Fort reste sans conteste les animaux. Cette année encore, scorpions, mygales, serpents et insectes feront des sorties remarquées. La visite de l’animalerie est le clou du spectacle. Installée dans un recoin de l’atelier déco, au rez-de-chaussée, la pièce surchauffée où se reposent les vraies stars du samedi soir ne fait pas plus de 10 m2. Pourtant, dans cet espace, un python de 4m80 (qui ne mange qu’un lapin ou une poule par mois) côtoie une armoire remplie d’araignées et des vivariums de blattes de Madagascar. La palme du surprenant revient aux mygales. Installés individuellement dans des petites boîtes en plastique, les cinquante arachnides velus patientent gentiment en attendant leur entrée en scène.


Pendant ce temps-là, les scorpions se battent pour grappiller quelques vivres. Ces bestioles à queue empoisonnée ont la carcasse aussi luisante et le poids d’un petit jouet en plastique tout neuf. Quant aux serpents, leur froideur et douceur apparentes peut cacher quelques réactions qui peuvent pousser aux extrêmes. Recroquevillé lorsqu’il n’est pas à l’aise, le reptile se détend lorsqu’on le caresse... Qu’on se le dise ! Au point d’accepter de sortir sa tête et sa langue... La danse du petit python n’est pas du goût de tous les visiteurs d’un jour. La chute est parfois inévitable !

Pour Olivier Minne, il s’agit d’un neuvième été passé sur France 2 en prime time. Après Sarah Lelouch et Anne-Gaëlle Riccio, l’animateur retrouve la formule solo de 2010. « Cette fois-ci, nous appuierons moins sur la dramaturgie. (...) Je suis animateur à 100%. Le Père Fouras redevient le Mamamouchi ». De fait, en plus de son rôle au Conseil, le Père Fouras décidera lui-même des épreuves du jour. Malheureusement pour lui, Olivier Minne n’a pas eu la possibilité de tester les nouvelles épreuves, « à cause des assurances ». Les jeux inédits ont donc été expérimentés par des joueurs du Top 14, avant le début des enregistrements. Durée de la clepsydre, difficulté, profil des joueurs... Tout est passé au peigne fin jusqu’à la mise en boîte officielle.

Après un été réservé aux anonymes, les people font leur retour dans les cellules. Nageurs français, animateurs de France 3, acteurs de Plus Belle la vie et Miss ont fait le voyage à des fins caritatives. Les tournages des émissions françaises auront pris en tout et pour tout une semaine. Suivent, jusqu’au 15 juillet, les adaptations suédoises, norvégiennes et algériennes.

Rouvert le 13 avril pour accueillir artisans, décorateurs et personnels techniques (pour la plupart des historiques), le Fort refermera ses portes dès les premières fraicheurs d’automne. En Hiver, les fantômes du Fort reprennent place sur la terrasse... Sophie Davant y croise Marie Talon, avec Cendrine Dominguez, le magicien Gilles Arthur et Jaba le pirate...