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Autumn Reeser > Last Resort et sexisme à Hollywood

Robin Girard-Kromas
Publié le 22/08/2013 à 19:27 Mis à jour le 27/08/2013 à 08:24

A seulement 32 ans, Autumn Reeser est déjà apparue dans de multiples séries américaines. Après ses débuts dans Star Trek : Voyager et ses petits rôles récurrents dans Parents à tout prix et Les Sauvages, l’actrice s’est révélée en 2005 en interprétant la jeune Taylor Townsend dans Newport Beach - voyant son personnage gagner en importance au cours de ses trois années d’antenne. En 2012, après Entourage, Super Hero Family ou encore Hawaï Five-0, la jeune femme tente l’aventure Last Resort dans la peau de Kylie Sinclair. A l’occasion du 53e festival de la télévision de Monte-Carlo, celle-ci revient pour Toutelatele sur ce nouveau challenge et sur l’ensemble de sa carrière.

Robin Girard-Kromas : Annulée après treize épisodes, pourquoi pensez-vous que Last Resort n’est pas parvenue à convaincre le public américain ?

Autumn Reeser : Les histoires que nous avons proposées étaient très complexes. Peut-être un peu trop pour convenir au format de 42 minutes en vogue sur les networks. Par ailleurs, il y avait de très nombreux personnages, plusieurs nations représentées, je pense que tout cela était parfois compliqué.

Selon vous, aurait-il fallu réduire le nombre de personnages principaux ?

En réalité, je pense que si la série avait continué un peu plus longtemps, nous aurions pu explorer les différents personnages et mieux comprendre les ramifications de cette histoire. Mais treize épisodes, c’est trop peu. Cela dit, je sais que la série était très chère à produire pour ABC, donc je les remercie déjà d’avoir fait le pari de le mettre à l’antenne. Last Resort n’était pas un choix évident au vu de l’image et du public de la chaîne. Ils ont pris un vrai risque et ils n’ont pas lésiné sur le marketing. Mais ça n’a pas marché...

Dans Last Resort, vous interprétiez le rôle d’une lobbyiste assez éloignée de vos précédents personnages…

Kylie est l’une des femmes que j’ai préféré interpréter, car c’était quelqu’un de très déterminé et d’ambitieuse, avec un vrai point de vue, dans un monde globalement dominé par les hommes. Elle utilisait tout ce qu’elle avait entre ces mains. Ce personnage était un peu le rôle de mes rêves. Dès que j’ai lu le script, je me suis dit que j’allais me battre pour décrocher ma place dans cette série.

L’arrêt de Last Resort fait écho à celui de Super Hero Family, autre série rapidement annulée dans laquelle vous apparaissiez. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?

Super Hero Family reste une expérience à part, car je me situais plus dans le rôle de la comédie. C’était assez différent des séries dramatiques dans lesquelles j’étais apparue auparavant. Mais je prends du plaisir à jouer dans ces deux types de séries. Ce que je préfère rester mélanger les deux : jouer un personnage comique dans une dramédie, façon Ally McBeal.

« Je me suis battue pour décrocher ma place dans Last Resort »

Comment analysez-vous l’échec de Super Hero Family, l’une des séries les plus attendues lors de son arrivée aux États-Unis ?

Le problème est qu’on a, peut-être, essayé de plaire à trop de gens. Selon moi, le plus intéressant était les relations entre les membres de cette famille, leur réaction face à cet événement unique. Peut-être que la série s’est trop rapprochée d’un « procedural » où il fallait abattre un « méchant » chaque semaine.

Plus globalement, comment avez-vous vécu ces arrêts prématurés au cours de votre carrière ?

Je suis d’abord heureuse d’avoir pu participer à autant de séries passées à la télévision. Même si elles n’ont pas forcément eu beaucoup d’épisodes, elles ont déjà réussi à atterrir sur le petit écran. Il faut savoir que chaque année, près de quatre-vingts pilotes sont tournés et seule une trentaine vont peut-être réussir à obtenir une commande. Maintenant, j’espère que ma prochaine série parviendra à rester plus longtemps à l’antenne (rires). Cela dit, c’est hors de mon contrôle. J’essaye simplement de faire le mieux possible.

Partie 2 > Ses projets : du film Entourage aux séries TV


Que pouvez-vous nous dire quant à votre participation au film Entourage ?

J’aimerais beaucoup que le film se fasse. Mais c’est très difficile à mettre en place… Cela dit, si cela se fait, j’adorerais être de la partie. Mon personnage était très fun. Pour le moment, je me consacre à La Diva du divan et Hawaï Five-0.

La diva du divan est diffusée sur le câble américain. Avez-vous ressenti ce changement de support de diffusion en tant qu’actrice ?

L’expérience de tournage reste assez similaire entre le câble et le network. Moi, je fais mon boulot. Cela dit, je vois la différence en tant que téléspectatrice : les séries du câble sont un peu plus proches de la réalité, car on n’a pas besoin de plaire à tout le monde, il n’y a pas de censure et de restrictions.

Cette année, vous n’avez rejoint aucun projet de nouvelles séries. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Cette saison, j’ai opéré différemment. L’année dernière, j’avais fait déménager toute ma famille Hawai pour Last Resort. Aujourd’hui, j’ai un fils de 1 an et je suis enceinte pour la seconde fois, j’appréhende donc les choses de façon complètement différente. Je ne suis plus la jeune célibataire qui peut naviguer au gré du vent. J’ai donc concentré mes essais de pilotes sur ce qui se tournait à Los Angeles. Il est difficile de trouver comment balancer sa vie professionnelle et sa vie privée. Ou alors, il faut privilégier les séries du câble, car ce sont des tournages plus courts. Pour une série de networks, il faut parfois vivre ailleurs dix à onze mois par an, et ce, pendant des années. Je ne pense pas pouvoir le faire aujourd’hui, c’est un sacrifice que je fais.

« ,Les séries du câble sont un peu plus proches de la réalité, car on n’a pas besoin de plaire à tout le monde »

Vieillir pour une femme à Hollywood semble toujours difficile. Cette saison, Margo Martindale, 62 ans, doit se contenter d’un second rôle de grand-mère quand des hommes du même âge peuvent encore porter une série. Quel est votre point de vue à ce sujet ?

Plus on parviendra à avoir de femmes derrière la caméra, que ce soit en tant que scénariste, showrunner, producteur ou autre, plus ce sera facile pour les actrices. On a besoin de plus de femmes dans les médias, et heureusement j’ai l’impression que c’est ce qui se passe. Cela nous permettra d’expliquer que les histoires de femmes restent intéressantes même lorsque celles-ci ne sont plus les plus sexy. C’est triste de devoir le dire, mais le problème se pose encore aujourd’hui. Un film comme Bridesmaids a très bien fonctionné, et cela montre que beaucoup de femmes aiment voir ce type d’histoire.

Quels sont vos projets pour la rentrée ?

Je vais continuer à travailler sur Hawai Five-0 en tant que personnage secondaire, et poursuivre les tournages de La diva du divan.

Quelle série rêveriez-vous d’intégrer dans le futur ?

Game of Thrones ! J’adorerais faire partie de cet univers…