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Cathy Verney (Fais pas ci, fais pas ça) : « Je serais bien allée plus loin. Mais il ne faut pas briser l’ADN de la série »

Claire Varin
Publié le 17/12/2014 à 19:13 Mis à jour le 17/12/2014 à 19:48

A l’occasion de la diffusion de la saison 7 de Fais pas ci, fais pas ça sur France 2, Toutelatele a rencontré Cathy Verney, codirectrice de collection et réalisatrice. La créatrice de Hard a ici évoqué son intérêt pour la comédie familiale, le challenge de renouveler la série, l’écriture avec Michel Leclerc, le tournage avec les comédiens et sur ses projets.

Claire Varin : Certes, Hard parlait de la famille. mais quels étaient vos envies et intérêts à travailler sur Fais pas ci, fais pas ça ?

Cathy Verney : J’ai fait trois épisodes en fin de saison 6 en tant que réalisatrice, et c’est comme ça que j’ai rencontré toute l’équipe. J’adorais la série. Je trouvais qu’elle avait un ton assez acide. Ça parlait de la famille, mais ça osait pas mal de choses dans les dialogues. C’était la première fois que je réalisais quelque chose que je n’avais pas écrit. C’était un bon challenge. Et ensuite, Guillaume Renouil, le producteur, m’a proposé la direction de collection avec Michel Leclerc. Il voulait un nouveau regard et il avait envie qu’on emmène la série ailleurs. Cette envie de se renouveler m’a plu. Et je me suis dit que je pouvais amener ma patte en les foutant tous à poils (rires).

Comment avez-vous abordé ce besoin de renouvellement ?

On avait envie de bousculer les convictions des personnages. C’est pour ça que l’on a proposé de séparer un couple. Ou, en tout cas, de le malmener. Ça fait six ans qu’ils sont un peu dans leur cocon. Ils ont des crises et des inquiétudes, mais plus par rapport aux enfants. L’amour entre eux est acquis. On avait envie de voir ce qu’il pouvait se passer pour ces personnages, si l’on provoquait une trahison, un adultère et une envie de se séparer. Ça nous plaisait de prendre ce risque avec Michel. Et puis, on a voulu les changer de décor. Ça fait six ans qu’ils sont dans leur maison à Sèvres. On avait envie de les sortir de leur quotidien et de les plonger dans un autre milieu à travers un voyage qui les changerait. Pour ceux qui restent et pour ceux qui partent. On a proposé ce camp naturiste qui forcément est opposé de ce qu’est Renaud Lepic et provoquait des situations de comédie, mais qui n’étaient pas que comiques. C’était des prétextes pour raconter un passé à Renaud et à Valérie.

Cette saison 7 aborde des thématiques comme le chômage, la difficulté de se voir vieillir à travers la grand-parentalité...

C’est une série qui a envie de parler de tout ce qui touche la famille. Il n’y a pas que l’éducation des enfants, il y a aussi des sujets d’actualité et les moments plus durs dans une famille. Je pense que l’on peut rire de tout, ou presque. Et ce n’est pas forcément facile pour chaque événement de la vie. Avec Michel, on avait vraiment envie de relever le défi. Allez, on va essayer de rire sur le mariage gay, sur ce que c’est de voir ses enfants grandir, de se voir vieillir et devenir grand-mère. Ce ne sont pas des sujets très drôles, mais c’est amusant d’essayer de trouver le moyen décalé pour rire de ça.

Comment s’est passée votre collaboration avec Michel Leclerc (Télé Gaucho), qui réalise également des épisodes de la saison ?

On a travaillé main dans la main et on s’est raconté les histoires que l’on avait envie de travailler pour les personnages. Parfois, on a eu des débats pendant l’écriture qui rejoignaient les débats Lepic-Bouley, ce qui était assez amusant. On n’était pas forcément d’accord sur des sujets parce qu’on a des éducations différentes, Parfois, on était les Lepic et les Bouley. Et ensuite, on a croisé les arches pour construire les épisodes. Et on s’est réparti les épisodes.

Le voyage en Guadeloupe et l’aventure extra-conjugale de Valérie correspondent aux deux épisodes que vous avez réalisé. Pouvez-vous parler de ces expériences de réalisation ?

L’épisode en Guadeloupe a été un tournage très heureux. Pour le cadre et la réalisation, c’était un challenge. Car il ne s’agit pas de montrer, mais de raconter le naturisme sans le voir. On était en prime sur France 2 donc, évidemment, il faut rester pudique. C’était amusant pour le découpage. Et mêler les acteurs à de vrais naturistes, pour eux, c’était spécial. J’ai beaucoup aimé cette expérience de l’épisode 2 parce qu’on n’a pas fait que raconter Renaud Lepic face à des gens à poils, mais on a aussi raconté la première fois d’Eliott et un rapport entre Valérie Bouley et Renaud Lepic, que l’on ne voit pas si souvent. Ça m’intéressait aussi de raconter cette relation.

Qu’en est-il de l’épisode 4 ?

C’était plus compliqué. Parce que parler de l’adultère et d’une passion amoureuse aussi, ce n’est pas immédiatement de la comédie. On s’était mis un sacré challenge avec Michel. Moi, je serais bien allée plus loin. Je l’aurais bien laissée plus longtemps avec cet amant et séparée de Denis. Mais il ne faut pas briser l’ADN de la série. Il fallait retrouver les basiques de la série et remettre le couple en place, qui évidemment n’est plus le même. J’étais très contente d’avoir pris le risque. Il y a des choses qui marchent, mais c’était plus compliqué. On ne voulait pas faire de cet amant un simple beau gosse, qui amène Valérie dans un truc passionnel. Il faillait que ça serve aussi la comédie, donc trouver une petite histoire, un truc un peu ridicule.

« On avait envie de bousculer les convictions des personnages »

Pouvez-vous parler de Samuel Jouy, maintenant connu pour son rôle dans Ainsi soient-ils, qui joue cet amant ?

J’ai travaillé avec lui pendant des années au théâtre. C’est un très bon copain. J’ai pensé à lui immédiatement. Samuel Jouy remplissait tout pour Valérie Bouley : beau, charismatique et assez sensuel et avec, en même temps, un truc un peu populaire et différent de Valérie. C’est un acteur de comédie génial. Il a relevé le défi. Il a appris la Country alors qu’il déteste cette musique. J’aime bien bosser avec mes copains, comme Charlie Dupont et Stéphan Wojtowicz, et amener des gens avec qui je travaille depuis longtemps.

Comment se passe la collaboration avec les comédiens au moment de l’écriture ?

On a écrit les arches avec Michel et avant de se lancer dans l’écriture, on les a vus. On les a rencontrés un par un pour leur dire tout ce qui allait arriver à leur personnage pendant la saison pour savoir si ça leur plaisait, s’ils avaient envie de rebondir et de donner des idées. C’est eux qui connaissent le mieux les personnages. J’adore les solliciter. Et une fois, les scénarios écrits, on fait des lectures ensemble par famille, réplique par réplique, et ils donnent leur avis. Ça se fait vraiment en aller-retour avec eux. Et sur le plateau, ils continuent à proposer. Souvent, je laisse tourner et on laisse improviser des moments que je monte, ensuite. Ce sont des perles de vérité qui sortent.

Les personnages d’Eliott et Charlotte prennent plus de place depuis deux saisons. Cela est-il aussi lié à ce que les deux comédiens inspirent en grandissant ?

Ce sont vraiment de bons acteurs maintenant. Lilian Dugois (Eliott) a commencé quand il avait 8 ans. Quand je suis arrivée en saison 6, j’ai complètement flashé sur lui. Il a un potentiel énorme. Il est très drôle. Il faut absolument le développer. J’ai vraiment eu envie, avec Michel, dans cette saison 7 de lui faire vivre sa première fois et des événements forts de la vie d’un jeune garçon. De lui faire découvrir via Charlotte que l’homosexualité n’est pas un tabou. Les acteurs m’inspirent. Les petits deviennent adolescents et ce sont eux qui provoquent le plus de situations. Charlotte et Eliott sont à un âge qui est excellent pour la comédie et pour la relation avec les parents. Pour les auteurs, c’est génial.

Est-il prévu que vous écriviez la saison 8 ?

Non, car j’ai d’autres projets. On avait vraiment dit, avec Michel, que l’on ferait seulement la saison 7. Je suis en écriture d’autres choses [Cathy Verney est actuellement en développement d’un long métrage et dans l’écriture d’une série, ndlr]. Mais Fais pas ci, fais pas ça c’est la famille maintenant ! Je reviendrais avec plaisir réaliser un épisode, mais je ne vais pas me lancer sur l’écriture de la direction de collection. L’auteure, qui a écrit l’épisode 6, continue. On avait proposé l’idée de la vente de la maison et après, Karine Angeli s’est approprié l’épisode. Donc c’était parfait. Ça fait le lien.

Quelle est votre implication dans la saison 3 de Hard  ?

J’ai dit que j’arrêtais à la fin de la saison 2. Après, j’ai finalement écrit les arches de la saison 3, mais ça a mis beaucoup de temps à se mettre en place. J’étais partie sur d’autres projets plus personnels. J’ai donné à d’autres auteurs la suite, mais finalement, ils ont choisi de travailler avec d’autres. Je ne suis pas sur la saison 3. C’est bien, c’est aussi un renouvellement. Ce sera un autre ton, une autre saison. Je suis à la fois curieuse, excitée et inquiète de voir le résultat.