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César 2011 > Le succès de Ghost Writer et Gainsbourg

Tony Cotte
Publié le 25/02/2011 à 21:00 Mis à jour le 09/12/2011 à 14:22

Antoine de Caunes sur Canal+

C’est tout en sobriété que Jodie Foster déclare ouverte la 36e cérémonie des César avant de céder sa place à Jean Rochefort. « J’ai été le premier César de l’Histoire. Ça fait un peu Musée Grévin », plaisante ce dernier avant d’évoquer le nom des potentiels maîtres de cérémonie, dont Kadhafi ferait partie. Après quelques rires gênés, l’auditoire peut respirer : Antoine de Caunes remporte la mise et effectue, comme il se doit, sa tâche.

Pour la première catégorie de la soirée, soit le « Meilleur premier film », Roman Polanski est appelé pour décerner le trophée. Et c’est à quelques jours du 20e anniversaire de la mort de Serge Gainsbourg que le long-métrage, dit « biopic », le concernant est récompensé. « Des mains de Roman, c’est encore plus impressionnant  », déclare Joann Sfar, le réalisateur. Les producteurs, eux, remercient la famille de l’artiste disparu pour la confiance attribuée en leur projet. Mais cette victoire s’avère être le début d’une grande défaite pour les comédies, genre qui, pour la première fois, a le droit à une large place.

Un fait qui semble devenir une tendance comme en témoigne la suite de la soirée. Ainsi, Guillaume Gallienne remet le César de la « Meilleure actrice dans un second rôle » à Anne Alvaro dans Le Bruit des glaçons. Quelques minutes plus tard, Michael Lonsdale est désigné « Meilleur acteur dans un second rôle » pour sa performance dans Des Hommes et des dieux. Au générique de plus de 200 œuvres, des courts, moyens comme longs métrages, l’intéressé fait preuve d’un « éclectisme incroyable ». Une qualité qui n’a jamais été récompensée aux César avant ce soir. « Te voilà petit coquin », lancera-t-il alors au trophée.

Les prix se succèdent et il faudra attendre un peu plus de 22 heures avant d’assister au lancement d’une nouvelle récompense, celle du « Meilleur film d’animation », et ce, plus d’un siècle après la création du genre ! Pour cette première, L’Illusioniste de Sylvain Chomet ressort vainqueur. Le réalisateur avait remporté en 2004 le César du « Meilleur film » pour Les Triplettes de Belleville.


Vu dans Inglourious Basterds, le binôme Diane Kruger et Christoph Waltz est reformé pour remettre le « César d’honneur » à Quentin Tarantino. Celui-ci promet alors « de ne pas avoir la grosse tête », son cinéma se faisant « avec le cœur ». Et c’est sur un presque français « Viva la cinema  » exulté que le lauréat met fin à ses remerciements après une pluie d’applaudissements.

Au cours de la soirée, le film Ghost Writer repartira avec pas moins de quatre récompenses. Le film de Roman Polanski a ainsi obtenu le trophée pour la « Meilleure musique écrite pour un film » ainsi que celui du « Meilleur montage ». Ce dernier prix, remis par Tomer Sisley et Virginie Efira, est en réalité le 1000e César attribué depuis l’existence de la cérémonie. À cette occasion, son lauréat, Hervé de Luze, a le droit à un orchestre sur la scène ainsi qu’un faux chèque !

Du côté des comédiens, c’est frémissante et particulièrement émue que Leïla Bekhti est venue chercher son prix du « Meilleur espoir féminin ». La jeune femme, actuellement à l’affiche de Toi, moi et les autres, a été récompensée pour son travail dans Tout ce qui brille. La comédie de Géraldine Nakache avait, en effet, à la grande surprise, été nommée à trois reprises. Quant à l’actrice de 26 ans, elle était en « concurrence » avec sa collègue Audrey Lamy, présente également dans le film. Pour la version masculine du trophée, Edgar Ramirez, alias Carlos, se montre tout aussi ému. Le comédien vénézuélien en vient même à confondre, avec un accent des plus charmants, les César avec l’Académie Française. À noter que l’intéressé a déjà été nommé aux Golden Globes pour son interprétation du célèbre terroriste.

C’était sans doute l’une des catégories où les pronostics ont été les plus difficiles. Face à Bertrand Blier ou encore Xavier Beauvois, l’homme derrière le favori Des Hommes et des dieux, Roman Polanski a ainsi était gratifié de la distinction de « Meilleur réalisateur ». Celui-ci obtient son troisième César dans cette même catégorie, après Tess et Le Pianiste. L’intéressé en profite pour remercier ceux qui l’ont aidé à achever « son film en taule ».


C’est des mains de François Cluzet que Sara Forestier reçoit le prix de la « Meilleure actrice ». Une victoire pour le moins surprenante au vu de ses adversaires dans cette catégorie. La lauréate elle-même n’avait rien préparé. Et pour cause, voilà que celle-ci se met à évoquer sa « culotte porte-bonheur » puis de conclure, dénuée de toute classe : « Dans le film je joue une pute politique. Or au moment du tournage je ne connaissais rien à la politique... et j’étais vierge ».

Face à Gérard Depardieu et Jacques Gamblin, on ne donnait que peu de chance à Éric Elmosnino de remporter le César du « Meilleur acteur ». L’interprétation étonnante de Serge Gainsbourg a pourtant permis à son interprète de prendre le dessus sur les pronostics et d’être récompensé. Lauréat d’un Molière et plus habitué des planches que des plateaux de tournage, ce fan de l’Amour est dans le pré tire ici son épingle du jeu.

Habituellement lieu propice à des manifestations, des règlements de compte et autres revendications politiques, la cérémonie des César s’est montrée bien sage. Seule petite exception de la part de Xavier Beauvois. Celui-ci a profité, en fin de soirée, soit peu avant minuit, de son temps d’antenne pour dénoncer les propos « sournois » et « intolérables » du ministre Brice Hortefeux et du journaliste Éric Zemmour. Le réalisateur du long-métrage Des Hommes et des dieux a profité de sa victoire du « Meilleur film » pour lancer un appel de fraternité envers « les Français musulmans ».