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Daniel Riolo (RMC Story) : « Pour nous, l’After Foot à la télé, c’est un cadeau ! »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 18/02/2021 à 19:26 Mis à jour le 19/02/2021 à 09:26

Présent depuis le premier soir de l’After Foot, Daniel Riolo a évoqué l’arrivée de la célèbre émission sur RMC Story ce jeudi 18 février 2021 à 23 heures et analysé les différentes évolutions traversées par le football.

Joshua Daguenet : L’After foot a connu une récente expérience sur le petit écran sur RMC Sport. Pour RMC Story, quels changements vont être apportés pour convaincre sur un format télévisuel ?

Daniel Riolo : Notre première expérience télé était une sorte de continuité de la radio sur une chaîne totalement sport présente sur le bouquet payant de nos offres développées à la suite de l’obtention de la Ligue des Champions. C’était une sorte de supplément et il nous arrivait d’oublier que l’on était à la télé. Là, il s’agit d’un vrai changement. RMC Story est une chaîne gratuite que tout le monde peut regarder. Pour nous, c’est un cadeau. De plus, c’est une tradition chez RMC de combiner la radio et la télé. Nous avons le sentiment que ce n’est pas la même chose qu’avant et c’est une énorme satisfaction pour nous. Nos studios sont adaptés.

Les Grandes Gueules et Neumann – Lechypre sont aussi des programmes de RMC proposés sur le canal 23 de la TNT. Avez-vous jeté un regard sur leur rendu pour adapter au mieux l’After sur la chaîne ?

Nous avons déjà cette expérience télé où nous devions respecter l’ordre des sommaires, les publicités. La télé est toujours plus rigide. Je suis un peu Les Grandes Gueules et j’ai participé à l’émission donc je connais la mécanique. Je n’ai pas encore eu le temps de regarder à la télé Neumann - Lechypre, mais j’imagine qu’il n’y a pas de problème.

Cette première sur RMC Story fera suite au match Lille / Ajax Amsterdam, deux équipes séduisantes ces dernières saisons. Était-ce le soir idéal pour réaliser ce test grandeur nature pour l’émission ?

Dans un premier temps, l’idée est de nous installer après un match de foot dans un format traditionnel, donc oui, c’est mieux qu’un club français continue. Néanmoins, l’histoire de notre émission est d’être présente, peu importe le match. L’After Foot s’est construite comme une émission indépendante de ce qui se passe sur le terrain. Nous avons fait mille digressions sur un tas de sujets. A terme, j’adorerais être à la télé tout le temps, peu importe le format, même quand on démarre nos émissions à 21 heures ou 22 heures.

« L’After Foot s’est construite comme une émission indépendante de ce qui se passe sur le terrain »

Depuis une dizaine d’années, il faut souscrire à des chaînes payantes pour suivre la Ligue des Champions à quelques rares exceptions près, notamment les finales. Pourquoi les chaînes nationales ne s’intéressent plus à cette C1 ?

Elles se disent que cela coûte cher et que si elles mettent un produit différent à l’antenne à cette heure-là, cela fera plus d’audience et à un moindre prix. Si TF1 était intéressée, elle participerait à l’appel d’offres. La chaîne a dû étudier la rentabilité de la compétition et s’est dit que certaines soirées de Ligue des Champions ne feraient pas assez d’audience et qu’il valait mieux diffuser un téléfilm. Quand des acteurs tels que RMC ou Canal mettent des sommes conséquentes, les chaînes gratuites se détournent du produit.

La FIFA s’apprête à livrer un bras de fer contre la Super Ligue européenne qui pourrait remettre en cause le format de la Ligue des Champions. Quel impact cela pourrait-il avoir sur l’organisation du calendrier et notre façon de consommer le football ?

Il faut savoir qui va sortir vainqueur du duel ? La Super Ligue ou l’EUFA. Le but de ces réformes est de reconquérir le public, car les audiences foot sont en baisse un peu partout, que ce soit pour les ligues nationales ou européennes. En multipliant les affiches de prestige, il s’agit d’augmenter les revenus et séduire à nouveau ce public. Pour les conséquences à propos de la visibilité, il sera question de savoir quand seront diffusés les matchs ? On pourrait avoir du foot impactant du mardi au jeudi, ce qui diminuerait l’intérêt des ligues nationales. La Super Ligue, elle, en revanche, prévoit les grosses affiches le week-end et de demander aux ligues nationales de jouer en semaine. Ce qui sera un peu plus compliqué. Dans les années à venir, de grosses réformes, d’importants changements dans le paysage footballistique, dans la diffusion et dans la façon de regarder, vont intervenir.

La Ligue des Nations, qui offre de nombreux chocs entre les sélections européennes, n’est pourtant pas une grande réussite...

Elle a été faite pour contrer l’idée que les matchs amicaux étaient ennuyeux. Ils ont appelé ça « Ligue des Nations » pour que cela fasse un peu sérieux, mais cela n’a pas fonctionné. Rien ne dit que cette Super Ligue va marcher. Mais il faut réfléchir et avancer. La Ligue des Champions passionne, mais il faut payer pour la voir et elle est de plus en plus piratée. Les diffuseurs se demandent donc si cela vaut le coup de mettre autant d’argent.

« De grands changements vont intervenir dans le paysage footballistique »

Il y a peu s’est provisoirement refermé un long chapitre sur les droits télé. Une meilleure gestion de nos clubs français aurait-elle permis d’éviter à des entreprises privées d’en référer à l’Etat pour se sortir de cette crise liée au contexte sanitaire ?

Evidemment. Nos clubs se sont mis dans la merde tout seuls en se mettant dans les mains de Mediapro et après ils vont chialer auprès de l’État pour avoir un coup de main... Ce sont d’abord eux qui ont fauté. J’ai trouvé l’appel de Vincent Labrune [Président de la LFP, ndlr] à l’Etat pour sauver les clubs français à la limité de l’indécence. Et l’arrêt du championnat a été la connerie ultime, poussée par des gens soi-disant intelligents, Noël Le Graët [Président de la FFF, ndlr] en tête.

Le football français traverse aussi une crise de défiance des supporters vis-à-vis de leurs dirigeants. Le huis clos et l’incapacité de s’exprimer dans les enceintes ne viennent-ils pas renforcer l’assentiment général ?

Forcément, le moyen d’expression étant limité, cela accentue la frustration du supporter qui ne sait plus où parler et cela peut-être l’une des explications des débordements constatés surtout à Marseille, mais aussi à Nice, Bordeaux, Nantes, St-Etienne... Que les supporters tournent le dos à leurs dirigeants, c’est aussi et surtout parce que ces dirigeants ont travaillé n’importe comment, qu’ils ont transformé leur club de foot en petite entreprise de fabrique à joueurs, et qu’ils comptaient sur les droits télé qui se sont écroulés pour vivre sur la vente de joueurs... Quand on axe une politique de développement uniquement sur ces deux piliers, on n’offre pas beaucoup de rêves aux supporters. Tu ne leur parles pas de sport, de faire briller les couleurs. Tu ne leur offres aucune émotion, aucun sentiment…

L’After Foot fêtera ses 15 ans le 4 avril 2021. Peut-on s’attendre à des surprises ?

Oui, mais rien n’est déterminé quant à l’opération. On ne sait pas si on aura du public et si on sera autorisé à se déplacer, donc on attend le dernier moment. La grosse surprise est la multiplication des supports. Nous sommes contents d’aller en télé, nous faisons de la radio depuis quinze ans, on a les podcasts, les réseaux sociaux et il nous manquait le magazine. Avec Gilbert [Brisbois, l’animateur], nous sommes fiers de lancer la Revue de l’After Foot et dont on espère sortir le numéro 1 fin avril - début mai avec les 15 ans de l’émission. Nous avons lancé une souscription et il nous faut 7 500 abonnés. Si on les obtient, on lancera une revue trimestrielle qu’on espère de qualité, haut de gamme, qui sera une prolongation de l’After.