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Daniela Lumbroso : 30 ans de carrière, de Question de charme à LCI et La fête de la chanson française

Joseph Agostini
Publié le 28/02/2016 à 14:46 Mis à jour le 13/09/2016 à 16:35

De Jeux sans frontières à Y’a un début à tout, du Journal de 13 heures à Chabada , de LCI à La fête de la musique… Daniela Lumbroso a été sur tous les fronts à la télévision. Celle qui a présenté la 12e Fête de la chanson française, le 27 février 2016, vient de fêter ses trente ans d’antenne. En 1985, elle réalisait en effet, pour Le Mini Journal de Patrice Drevet, son premier reportage sur les Beatles. Après avoir officié à la météo de longues années, Patrice Drevet a disparu des radars, mais Daniela Lumbroso est encore présente dans le paysage audiovisuel. Trente ans, semés d’embûches et de traversées du désert que de succès. Un parcours atypique, surtout pour une femme, qui s’est offert le luxe de passer de l’information au divertissement dans un secteur d’ordinaire si cloisonné.

« Tout est question de charme »

Qu’il est loin, le temps où Daniela présentait Question de charme aux côtés de Georges Beller. Dans ce jeu importé des États-Unis, les hommes et les femmes rivalisaient d’humour pour bluffer l’adversaire. « Entre eux, entre eux et vous, tout est question de charme », annonçait la voix suave au début de l’émission, pendant que le duo descendait, tout sourire, l’escalier menant au plateau. Programmé à 19 heures sur Antenne 2 en 1991, il a permis à Daniela Lumbroso d’acquérir une solide notoriété auprès du grand public. Marie-France Brière, la directrice des divertissements d’Antenne 2, avait vu en Daniela Lumbroso, qui n’avait alors pas trente ans, un bout de femme à la fois séduisante et drôle, capable de fédérer avant le journal de 20 heures. « Antenne 2 tient là peut-être sa grande animatrice de demain », titrait alors Télé 7 jours. Mais malgré son succès, Question de charme a été stoppé pour cause de querelles internes entre producteur et diffuseur, et Daniela Lumbroso a mis du temps avant de renouer avec le succès populaire.

Le tremplin LCI

« Je ne désespère pas d’avoir quarante ans un jour et j’espère que j’aurai, moi aussi, une place sur la grille », lança-t-elle à l’issue de la conférence de presse de rentrée de France Télévisions, en 1992. Deux ans plus tard, Jérôme Bellay, le directeur de LCI, nouvelle chaîne d’information continue, souhaitait une figure éclectique pour incarner les talk-shows culturels. Daniela Lumbroso, qui avait fait ses classes sur France Inter dans la mythique Oreille en coin, a été choisie. Épaulée par une seule assistante, elle a reçu trois à quatre invités du monde des arts et du spectacle par jour pendant sept ans. « Le talk-show à l’américaine était une nouveauté absolue en France, avec un système de multidiffusion quotidienne », explique alors Daniela Lumbroso. De Richard Berry à Michel Houellebecq, de Fabrice Luchini au sculpteur César, ils ont tous été conviés à ses conversations à bâtons rompus, entre deux flashs d’informations. Nommée rédactrice en chef du service culturel de LCI en 1998, Daniela Lumbroso était ainsi parvenue à se faire un nom dans le journalisme. Toutefois, elle avait dû renoncer à la popularité de ses débuts à la télévision, à l’heure où Nagui et Jean-Luc Delarue se taillaient la part du lion sur le service public.

« Quand on me parle de mon image, j’ai envie de sortir mon revolver »

« Quand on me parle de mon image, j’ai envie de sortir mon revolver  », dit-elle en 1998 aux journalistes étonnés de soudain la voir présenter des émissions de divertissement sur TF1. « J’ai envie de passer des ambiances festives aux cénacles sans qu’on me brise le cou  », expliquait-elle. Produites par Case Production, l’ancêtre d’Endemol, les prime time Drôle de planète et Si ça vous arrivait ont remis Daniela Lumbroso au goût du jour sur les chaînes hertziennes. Rapidement, elle a pris les rênes des Soirées spéciales de TF1, en lieu et place de Jean-Pierre Foucault.

En 2001, Jean-Luc Delarue la débauche de la Une. « Nous avions tous les deux notre chronique dans l’émission Demain de Michel Denisot en 1990 ! Aujourd’hui, onze ans après, nous nous retrouvons sur France 2 avec nos propres émissions  », se souvenait-elle. Y a un début à tout, La Chanson Numéro 1, Les coulisses du pouvoir, Dolce Italia… A quarante ans, elle passait enfin du magazine aux variétés sans avoir besoin de sortir son revolver.

La musique de Chabada interrompue

En 2005, Daniela Lumbroso est devenue productrice de ses émissions, à commencer par La fête de la chanson française, dont elle a initié le concept et qu’elle a déclinée en formule hebdomadaire sur France 3 en 2009 sous le titre lelouchien de Chabada (tiré de la B.O. du film Un homme, une femme). Et quand la chaîne a choisi de supprimer l’émission, en 2013, Daniela Lumbroso de se livrer à une véritable bataille à coup de tweets et de pétitions pour sauver son Chabada. En vain. France 3 lui a alors préféré un nouveau programme animé par Natasha Saint-Pier.

Depuis, Daniela Lumbroso officie chaque jour sur France Bleu dans Midi ensemble et doit se contenter de La fête de la chanson française à la télévision, dont la programmation reste événementielle. Ces dernières années, on lui a beaucoup reproché les amitiés politiques de son compagnon, Éric Ghebali, ancien conseiller de Martine Aubry et créateur de SOS Racisme, mais avec trente ans de télévision, le talent de Daniela Lumbroso peut-il être résumé à de simples connivences politiques ?