Toutelatele

Darren Criss (Glee) : « Blaine n’est pas vraiment un modèle pour les homosexuels »

Tony Cotte
Publié le 07/03/2014 à 19:14 Mis à jour le 18/03/2014 à 11:53

Juin 2013. C’est dans le hall de l’Hôtel du Fouquets que Darren Criss, affamé, nous attend. Et s’il s’excuse à plusieurs reprises de parler la bouche pleine, le jeune homme accepte de répondre aux questions de Toutelatele, tout en dévorant un sandwich. À l’extérieur, sous la pluie battante, des fans attendent avec impatience d’apercevoir derrière les rideaux l’interprète de Blaine dans Glee. La veille, le jeune homme avait effectué un concert au cours duquel il a joué ses propres chansons devant des adeptes de la série venus du monde entier. Rencontre.

Tony Cotte : Depuis votre arrivée dans la série Glee, vous avez accordé de nombreuses interviews. Quelle est la question inévitable lors de ces entretiens ?

Darren Criss :Les gens me demandent souvent ce que ça fait de faire partie de l’aventure Glee. C’est assez classique et la réponse est parfois déjà indiquée dans la question. J’ai pour habitude de répondre que c’est l’expérience la plus extraordinaire de ma vie, je ne vois rien qui pourrait s’y approcher. Ce que la série m’a apporté, pas uniquement sur le plan professionnel, est inestimable. Ma vie a changé ainsi que celle de tout le monde, même ceux qui travaillent en coulisse. J’avoue que je ne me lasse pas encore de le dire.

Depuis votre première apparition, au cours de la saison 2, votre personnage a beaucoup changé. Quel regard portez-vous sur son évolution ?

Je la trouve assez réaliste et c’est une bonne chose, Glee étant suffisamment fantaisiste. À cet âge-là, nous apprenons tous des choses nouvelles et vivons des expériences qui nous forgent. Blaine a grandi, et il s’est également ouvert. Il n’est plus aussi arrogant et sûr de lui. On a eu le temps d’exploiter ses failles et ses complexes. En tant qu’acteur, j’apprécie ce changement ; je ne suis pas sûr que j’aurais eu plaisir à l’interpréter en permanence comme j’ai pu le faire lors des premiers épisodes.

Aimeriez-vous que Blaine ait un autre petit ami ?

Je ne suis pas scénariste, et je serais même très mauvais en tant que tel, mais je pense que ce serait une bonne idée. J’aimerais le voir avec quelqu’un d’autre et montrer aux plus jeunes que lorsque l’on a connu un amour fort, le monde ne s’arrête pas de tourner pour autant. Même si la relation a été fusionnelle, la vie suit son cours, le temps fait son travail. J’aimerais également montrer qu’on peut toujours entretenir des liens forts avec la personne que l’on a aimée, même après une rupture. Cela n’empêche pas de vivre d’autres très bons moments avec quelqu’un d’autre.

« Individuellement, Blaine et Kurt ne sont pas des modèles »

Considérez-vous votre personnage comme un modèle pour les jeunes garçons homosexuels ?

Blaine n’est pas vraiment un modèle, ni même Kurt. Mais leur présence, leur engagement l’un envers l’autre, est un un bon exemple. Il s’agit plus de leur duo qu’eux à titre personnel. Blaine a quand même eu des réactions et fait des choses qu’on ne peut suggérer à personne. [Rires.]

Comment qualifieriez-vous la relation entretenue avec le personnage de Tina en saison 4 ?

Tina est un peu... comment pourrais-je le dire, le terme n’est pas très flatteur... « fag hag » (fille à pédés, ndlr). Elle développe une certaine attirance à l’égard de Blaine qui est, évidemment, à sens unique. C’est tragiquement mignon. Je suis ravi de voir mon personnage interagir avec les autres, sans être avec Kurt.

Partie 2 > Le Glee project et sa venue parisienne


Si une chanson devait définir votre personnage aujourd’hui, laquelle serait-elle ?

Everybody wants to rule the world de Tears for fears. Je la reprends dans l’épisode “Fashion in the city" (diffusé ce 8 mars à 15 heures sur W9, ndlr). Les paroles sont parfaitement adaptées à Blaine et l’état d’esprit dans lequel il est à ce moment-là.

Vous avez participé à plusieurs reprises à l’émission The Glee Project. Pour quelles raisons a-t-on pu vous y voir davantage que votre collègues ?

Les producteurs me demandent tout simplement et je réponds favorablement. Je trouve ce programme fascinant : ce que les candidats doivent faire est bien plus difficile et impressionnant que ce que nous avons à effectuer lors du tournage. Ils sont très talentueux et ils ont une pression supplémentaire. En tant qu’acteurs, nous passons des auditions, mais nous ne voyons pas les autres postulants. Eux doivent faire face à la compétition. Participer au Glee project permet de prendre vraiment conscience de l’enjeu que peut représenter la série.

« Il y a toujours des gens plus talentueux que vous »

En 2012, vous avez déclaré « Je me sens tellement sous-qualifié pour faire ce que j’ai à faire sur la série ». Peut-on parler d’un problème d’estime de soi ?

Non, je suis simplement réaliste : il y a toujours des gens qui sont plus talentueux que vous pour faire ce que vous avez à faire. En partant de ce principe, je ne peux que me sentir sous-qualifié, mais très reconnaissant. Ça me pousse également à donner le meilleur. Et c’est drôle d’un côté : c’est comme être à la bibliothèque lorsque vous riez alors que vous n’êtes pas censé le faire.

Vous avez également affirmé « Dans la vie, tout est défini par ceux qui vous entourent ». Avez-vous toujours croisé la route de personnes mal intentionnées ?

Il y a eu des tentatives, mais ça ne dure pas longtemps. Je ne supporte pas que ma vie soit dictée par ce genre de personnes. En faisant du tri, il est possible d’être accompagné de gens bienveillants et de vos amis. Et vous en avez besoin plus que tout, bien plus que les caméras ou la télévision. C’est quelque chose à laquelle j’accorde beaucoup d’importance.

En juin 2013, vous avez fait un concert à Paris. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?

J’avais déjà fait une soirée à micro ouvert avec ma guitare dans un pub irlandais à Paris, mais cela remonte à plusieurs années. Là, c’était notre premier « vrai » concert en Europe. Cette fois, il y avait beaucoup de fans de nombreux pays, comme l’Allemagne, le Brésil et même la Chine. On prend conscience de l’importance à notre époque des réseaux sociaux. L’annonce a été faite entre les fans du monde entier. Quand vous faites un concert aux États-Unis, ce sont surtout des gens présents aux alentours, parfois des états voisins, mais ils sont tous américains. J’espère pouvoir réitérer l’expérience à l’étranger, mais tout dépend de mon temps libre. Pour cette venue à Paris, j’avais pu le faire à l’occasion de ma seule journée de libre sur mon planning.