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Emergence de D8, 6 nouvelles chaînes : analyse des bouleversements du PAF

Robin Girard-Kromas
Publié le 31/05/2013 à 16:24 Mis à jour le 04/06/2013 à 14:41

Ces derniers mois plus que jamais, le paysage audiovisuel français a été témoin de deux bouleversements majeurs : le lancement de six nouvelles chaînes gratuites sur la TNT et l’arrivée du groupe Canal + dans ce même univers à travers l’acquisition de Direct 8 (devenue D8) et Direct Star (devenue D17). Alors que le mois de mai s’achève, découvrez le premier bilan de ces nombreux rebondissements : qui sont les gagnants ? Qui sont les perdants ? Comment évolue le comportement des téléspectateurs face à ces acteurs de plus en plus nombreux ? Éléments de réponse.

Les chaînes historiques continuent à perdre du terrain. Conséquence logique de la montée en puissance de la TNT et du lancement de six nouvelles chaînes, les acteurs historiques (TF1, France 2, France 3, Canal +, M6 et France 5/Arte) ne cessent de voir leur part de marché fondre au fil des mois. En seulement trois ans et demi, la baisse s’élève à près de 10% de part d’audience. Plus récemment, HD1, 6ter & co ont accentué cette perte de vitesse : la TNT HD n’a quasiment pas pris de téléspectateurs au monde du câble/satellite et aux chaînes régionales, mais bien au reste du panel disponible gratuitement.

Entre 2012 et 2013, si HD1, 6ter, RMC Découverte, Chérie 25, Numéro 23 et L’équipe 21 sont parvenus à glaner près de 2 points de part d’audience, le poste « Autres TV » (câble, satellite, etc..) est resté globalement stable avec 11.0% de part de marché depuis le début de l’année. Les années précédentes, le constat était bien plus sévère avec une progression continue du résultat total des chaînes gratuites, grimpant de 87.3% en 2005 à 88.9%.

Note du graphique : dans un souci de simplicité, France 5 et Arte figurent dans le poste « Chaînes historiques » et non « TNT 2009 ».

Note : Le poste « Autres » contient également les chaînes payantes des groupes cités. Elles ne sont pas l’objet de l’étude ci-dessous.

Si les chaînes historiques ont perdu de leur poids, les principaux groupes sévissant dans le paysage audiovisuel français se sont globalement maintenus sur les quatre dernières années grâce à leurs investissements sur la TNT. Depuis le début de l’année, le groupe TF1 est en train de ravir à France Télévisions (hors Gulli) sa position de leader sur le marché du gratuit grâce aux succès de TMC et de la nouvelle venue HD1, montée jusqu’à 0.7% de part de marché hebdomadaire au mois de mai.

De son côté, le groupe public n’est pas parvenu à compenser la baisse des historiques France 2 et France 3 avec la TNT. D’une part, France 4 n’a pas réussi à s’imposer sur la TNT, connaissant ces derniers mois une baisse d’audience significative et inquiétante. D’autre part, France Télévisions ne s’est pas porté candidat à l’une des six nouvelles fréquences de la TNT HD, laissant le champ libre aux autres groupes.

Chez M6, le lancement de 6ter a permis au groupe de limiter la casse après un début d’année très difficile pour la maison mère et sa fille W9. En retirant la nouvelle venue de son résultat, la part de marché du groupe (chaînes payantes exclues) tomberait ainsi à 13.4%, près d’un point de moins qu’en 2012.

Enfin, le groupe Canal + fait une percée évidente avec l’acquisition de D8 et D17 (non pris en compte pour 2012). De son côté, Lagardère réduit à minima son implication dans l’univers de la télévision gratuite avec sa participation dans Gulli.

Note : Le poste « Autres » contient également les chaînes payantes des groupes cités

Enfin, du côté de la TNT, le leadership acquis par TMC depuis plusieurs années pourrait rapidement être remis en cause. Après avoir devancé la chaîne du groupe TF1 toute une semaine au mois de mai, tous les indicateurs sont au vert pour D8. Depuis sa création, « la nouvelle grande chaîne » n’en finit plus de progresser, comme le montre le dernier graphique. Si TMC parvient à consolider ses bons résultats, W9 décroche avec un access prime time qui ne se relève pas de la concurrence de Touche pas à mon poste et des Anges de la télé-réalité.

Il convient alors de noter la difficulté du canal 9 de la TNT, contraint de respecter de nombreuses obligations de quotas musicaux, face à ses deux adversaires. L’après-midi, les plages de clips entrainent la chaîne au plus bas, lorsque ses adversaires brillent avec leur offre fiction (Navarro pour la première, Arabesque pour la seconde). De quoi s’interroger sur le potentiel de progression de W9 avec de telles contraintes : les prime time forts ne parviennent pas à compenser de si faibles journées…

Note : La période « mai 2013 » se limite aux données disponibles le 31 mai. Tous les chiffres fournis proviennent de l’institut Médiamétrie.