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Enora Malagré (Juste debout) : « J’ai vécu cette émission comme un cadeau »

Tony Cotte
Publié le 17/03/2013 à 19:28 Mis à jour le 26/03/2013 à 14:58

Chaque jour au sein de l’équipe de Touche pas à mon poste, Enora Malagré décrypte l’actualité du petit écran entre coups de cœur et coups de gueule. À 32 ans, la jeune femme a également mené avec succès l’after de « Nouvelle Star ». De quoi lui faire accéder au prime time en solo sur D17 avec l’événement « Juste Debout », ce 17 mars.

Tony Cotte : Ce 17 mars, vous êtes à l’antenne de D17 pour Juste debout. Se retrouver face à un Bercy rempli est-il déstabilisant ?

Enora Malagré : Je n’ai pas fait toute l’émission devant 18 000 personnes, grâce à Dieu ! (rires) J’aurais été morte de trac. J’ai fait quelques plateaux au milieu de cette foule et ça donne le tournis. J’ai emmené les caméras en coulisse, sur la scène ou à la rencontre du jury, un peu en mode Nouvelle Star, ça continue. C’était assez dingue, ça dansait partout. En tant que fan de hip-hop, j’ai été comblée.

Peut-on parler de récompense de la part des dirigeants du groupe ?

J’ai vraiment la sensation d’avoir été remerciée des audiences de Nouvelle Star, ça continue avec Juste debout. Je l’ai vécu comme un cadeau. C’est ma passion. J’espère que ça va marcher, car ça me tient à coeur. L’audience je m’en fous un peu, mais je souhaite que les gens comprennent que le milieu hip-hop, c’est de l’art. J’espère que l’on a réussi à décoller l’étiquette « banlieusard ».

Quand Canal+ réalise des records d’audience sur internet avec un site dédié à Juste debout, quand les meilleurs danseurs de la compétition sont invités sur le plateau du Grand journal et quand D17 retransmet l’événement en prime-time, ne peut-on pas déjà voir un signe d’un meilleur traitement que par le passé ?

Effectivement, ça sent bon. Je crois que les mentalités évoluent ; on comprend enfin que le hip-hop n’est pas qu’une casquette à l’envers et du rap. Il y a une vraie mixité désormais. Dans Juste debout, on peut voir du hip-hop expérimental où la danse contemporaine est mélangée à la danse classique. Dans l’émission, un petit danseur du nom de Salah résume d’ailleurs très bien la situation : « L’art a besoin du hip-hop.  » Pour faire évoluer l’art en général, il faut intégrer des éléments nouveaux, surtout quand ils font partie de notre quotidien. Je suis assez fière de voir que ça se démocratise.

« Je lutte ardemment contre toute forme de discrimination »

Cette compétition existe depuis 2002 et pourtant les médias n’ont en jamais autant parlé que cette année...

Derrière tout ça, il y a un homme, Bruce Ykanji. Il s’est battu comme un chien pour faire parler de cet évènement. Ce n’est pas une blague, aujourd’hui il y a 20 pays investis : ce sont les JO de la danse hip-hop. Bruce s’est exprimé dans Le Monde, en plus du Grand journal, et a réussi à populariser l’événement. Il a fait comprendre qu’il s’agissait d’un spectacle de danse avant tout. Même moi qui connaît évènement, je me suis dit que j’allais me manger du rap toute la journée. Finalement, j’ai entendu de la soul, de la funk et de l’électro. Il y avait de tout.

Entre votre fonction de jurée à Miss Black France et l’animation de cet évènement, vous semblez vous placer sur le créneau du militantisme...

Je lutte ardemment contre toute forme de discrimination. C’est cliché ce que je vais dire, mais j’estime qu’une jeune de mon âge se doit d’être. J’ai grandi avec toute sorte de gens. Je suis bretonne, une terre d’accueil. Chez nous, tout le monde est la bienvenue : black, blanc, beur, roux... ce que tu veux ! (rires) Je vais également être marraine des prochains Y’a bon awards. On remet des trophées aux ânes et aux sorties les plus racistes de l’année, sous forme d’humour bien sûr. L’année dernière, Claude Guéant et Brice Hortefeux ont eu leur prix. À mon avis, Véronique Genest, ça sent le trophée ! (rires) Je n’ai rien contre elle, mais à mon avis elle sera au moins nommée. Pour résumer : c’est au racisme ce que Les Gérard sont à la télévision. Je suis fière de participer à ça.