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Éric Zemmour, un polémiste criblé d’attaques

Alexandre Raveleau
Publié le 31/03/2010 à 12:31 Mis à jour le 31/03/2010 à 20:28

Chaque samedi depuis septembre 2006, Éric Zemmour joue les perturbateurs sur France 2 dans On n’est pas couché. Las de la promotion bien-pensante et indolore d’une télévision passe-plat, le journaliste, et plus que jamais polémiste, bouscule les artistes, attaque les auteurs et défie les politiques, sous l’œil de Laurent Ruquier. Rares sont les invités à passer entre les gouttes de l’exercice souvent tempétueux. Au fil des mois, de controverses en altercations, Éric Zemmour est devenu une véritable machine à faire du « buzz ». À chacune de ses interventions, les critiques fusent et les boucliers se dressent. Le 6 mars 2010, sur le plateau de Salut les Terriens, ses propos au sujet de la délinquance ont provoqué une nouvelle réaction en chaîne.

Né le 31 août 1958 à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, Éric Zemmour a vécu son enfance entre Drancy et le XVIIIe arrondissement de Paris. Loin de l’image de l’intellectuel autoproclamé « gaullo-bonapartiste », l’enfant lit Alexandre Dumas et écoute Dalida. Gourmand d’actualité et passionné d’Histoire, Éric Zemmour étudie à Sciences-Po. Son appétit pour les connaissances le poussera à tenter à deux reprises le concours de l’ENA, sans succès. Plutôt que de servir l’État, l’étudiant prend alors la voie du journalisme.

Après une expérience éphémère dans la publicité, Éric Zemmour rejoint l’équipe de Philippe Tesson au Quotidien de Paris. De 1986 à 1994, le journaliste y commente les faits et gestes de la sphère politique. La disparition du journal le poussera jusqu’aux portes d’Info-matin, où il livrera ses éditos pendant quelques mois. 1996 est l’année de son entrée au Figaro.

Débute alors l’ascension médiatique du chroniqueur. À l’orée des années 2000, avec Christophe Barbier, Nicolas Domenach, Claude Askolovitch et Jean-Michel Apathie, Éric Zemmour appartient à cette « nouvelle » génération d’observateurs de l’écosystème politicien. Sur les plateaux de télévision, tous débattent et s’invectivent. Ripostes, C dans l’air, Mots croisés : les programmes taillés sur mesure pour les fortes têtes se multiplient. L’heure est aux commentateurs, conviés à la table des hommes et femmes politiques pour en éclairer les propos.

Immigration, « droit de l’hommisme », féminisme, banlieue, chômage, libéralisme : Éric Zemmour semble incollable sur tous les thèmes. Il livre sa vision de la France à qui veut bien l’écouter. Du rôle d’éclaireur, il devient tantôt commentateur, tantôt moralisateur. Contre la gauche et même la droite, il n’hésite pas à franchir le rubicond, développant ses quatre vérités, quitte à naviguer à vue contre vents et marées. Ses prises de position ont le mérite d’être claires et tranchées, délivrées avec force d’arguments coups-de-poing. Imprécisions et contre-vérités lui sont pourtant régulièrement reprochées. Entre deux interventions, Éric Zemmour réagit peu, laissant passer les tempêtes.


La télévision lui tend les bras en 2003, pour un premier rôle récurrent. I>Télé lance alors son émission Ça se dispute. Face à Christophe Barbier, et plus tard Nicolas Domenach, le journaliste y commente l’actualité brûlante. D’abord présenté par Victor Robert, le rendez-vous hebdomadaire devient très vite l’un des magazines piliers de l’antenne. Il faudra attendre la rentrée de 2005 pour qu’Éric Zemmour rejoigne le gotha des talk-shows. En septembre de cette année-là, Canal+ a le vent en poupe avec son 20h10 pétantes. Présentée par Stéphane Bern, l’émission est priée de quitter le fauteuil de la quotidienne (libérée pour le Grand journal) pour rejoindre la fin semaine. Elle devient Vendredi et Samedi pétantes. Autour de l’animateur, Stéphane Guillon, Ariel Wizman et Muriel Cousin jouent toujours avec la promotion de leurs invités. Dans sa nouvelle formule, le rendez-vous ouvre une fenêtre sur la politique. Éric Zemmour est alors choisi pour l’incarner. Entre le portrait au vitriole de « Guillon », « le Divan psy » et la pastille Chez maman, la parole du polémiste entre chez la ménagère, de surcroît avec les applaudissements du public de Canal+.

Un an plus tard, France 2 offre à Laurent Ruquier la place de Thierry Ardisson, le samedi en seconde partie de soirée. Pour son concept, l’animateur recherche deux fortes têtes pour muscler les débats. Il repère Éric Zemmour tandis que ce dernier défend son Premier sexe de plateaux en interviews. Il rejoint Michel Polac dans l’équipe d’On n’est pas couché. Et dès le lancement du programme, leurs interventions dérangent. Bernard Tapie, Muriel Robin, Doc Gynéco : les « clashes » deviennent très vite quasi hebdomadaires. Le public y prend goût et en redemande. Michel Polac cédera finalement sa place à Éric Naulleau après quelques mois. Depuis, les deux chroniqueurs sont présents du début à la fin de l’émission, contrairement à la mécanique d’origine. Et si l’effet de surprise est moins garanti, les réparties sont quant à elles restées intactes. Les « méchants » du PAF ont même droit à leurs marionnettes aux Guignols de l’info.

En parallèle de ses activités cathodiques, auxquelles il faut ajouter le Forum de l’Histoire (Histoire) et l’Hebdo (France Ô), Éric Zemmour écrit toujours pour le Figaro, et réveille, depuis janvier 2010, les auditeurs de RTL. Malgré la dernière polémique en date, sa place au sein des médias n’est pas encore en danger. Son dixième livre est sorti en 2010, aux éditions Fayard / Denoël. Son titre ? Mélancolie française...