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Grey’s Anatomy, le jeu vidéo comateux issu de la série à succès

Tony Cotte
Publié le 17/12/2009 à 13:09 Mis à jour le 17/04/2010 à 18:12

Quand l’un des plus grands éditeurs de jeux vidéo s’attaque aux fictions américaines à succès, le projet a tout d’un événement pour de nombreux téléspectateurs. C’est ainsi qu’Ubisoft se lance dans les « adaptations vidéoludiques » depuis 2003 avec les séries Les Experts ou encore Lost. Si cette dernière a laissé grand nombre d’utilisateurs dubitatifs, la transposition sur console de Grey’s Anatomy et le manque de communication du groupe autour de la sortie du jeu ne fait que confirmer les craintes de certains...

Le Seattle Grace Hospital se retrouve dans la tourmente suite à l’arrivée d’un patient porteur de la diphtérie, une maladie contagieuse et mortelle. « L’équipe, confinée dans l’hôpital, se bat [ainsi] pour empêcher que cette dernière ne se répande et pour maintenir l’ordre parmi les malades... ainsi que dans leurs vies privées ». Et par « se battre », Ubisoft signifie accomplir des jeux d’adresse basique développés, à l’origine, exclusivement pour la console WII, comme faire des cercles, viser des cibles ou encore constituer un puzzle de quatre pièces... Autant dire que la jouabilité pour un utilisateur de PC est quasiment nulle et pourrait faire passer le solitaire de Windows 3.1 (l’ancêtre du Windows 95, lui-même parent de XP) comme une révolution en la matière !

Cinq épisodes « inédits » sont ainsi décomposés en actes et en scènes. Chaque scène se concentre sur un des héros et comporte trois modes de jeu différents. S’il est difficile de les distinguer, leur but est de permettre au personnage incarné de prendre « d’importantes décisions personnelles et professionnelles ». Exemple dès le lancement : Meredith, dans un ascenseur of course, aimerait vraiment que Derek passe la nuit chez elle, au joueur donc de choisir une option entre « se faire prier » et « faire du charme ». Pour valider son choix, qui n’aura aucune incidence sur la suite du scénario, il est obligatoire de rassembler un puzzle en un temps imparti, soit le portrait de Ellen Pompeo divisé en quatre morceaux à reconstituer simplement en cliquant sur la souris... à quatre reprises ! Si l’utilisateur échoue, forcément de son plein gré, il perd un cœur et doit ainsi recommencer le mini-jeu obligatoirement, aucune autre option ou niveau n’étant accessible. En cas de perte des cinq cœurs, la scène revient à ses débuts...

Les autres mini-jeux venant interrompre « l’histoire » toutes les minutes consistent, par exemple, à faire un mouvement circulaire avec son curseur en moins de 15 secondes ou faire disparaître une dizaine de formes bleues en cliquant simplement dessus, toujours dans le même laps de temps... Quant aux opérations chirurgicales, plus proches des tâches d’infirmière que de résident ou titulaire, nettoyer la plaie du patient revient à faire glisser la souris, devenue aspirateur, sur des gouttes de sang.

Les rares points positifs de Grey’s Anatomy : le jeu vidéo, puisqu’il faut en trouver, réside dans la construction des épisodes, avec des vidéos des plans extérieurs de Seattle en illustration ou encore la voix off de Meredith Grey et ses réflexions sur la condition de médecin et de femme, fidèles à l’esprit de la série. Les dialogues, eux, se rapprochent davantage de la caricature, au même titre que les protagonistes, du moins quand ceux-ci sont physiquement reconnaissables. Les traits de caractères des héros sont, pour leur part, poussés au paroxysme : Meredith est indécise, Cristina est abrupte et George est décrit comme « doux », comprendre ici benêt, le tout en version originale grossièrement sous-titrée. Autant prévenir les chirurgiens en herbe, à moins vouloir servir de cobaye, passez votre disque dur.