Guillaume Frisquet (Les secrets de vos jouets préférés ) : « On aurait pu faire un épisode par jouet sur Gulli »
Guillaume Frisquet est parti d’une page blanche avec Matthieu Delormeau et leur société Mad Productions pour proposer Les secrets de vos jouets préférés, à découvrir ce 13 décembre 2023 sur Gulli. Dans cette série documentaire réalisée par Mailys Rigal, des intervenants livrent leurs meilleurs souvenirs avec les jouets de leur enfance tandis que le contexte socio-économique et les secrets des Playmobil, Barbies, Pogs ou autres Crados sont décryptés.
Clément Gauthier : Votre société de production Mad Productions est à l’origine de la série documentaire Les secrets de vos jouets préférés pour Gulli. Vous avez également produit Les rois des Legos. Quelle est la genèse de ce projet ?
Guillaume Frisquet : Avec Mad Productions, dans la société qu’on possède avec Matthieu Delormeau, on travaille avec un peu pour toutes les chaînes, TF1, TMC, C8... Il y a un an, j’ai décidé d’écrire à Gulli. Même si ce n’est pas qu’une chaîne pour les enfants, nous avons décidé de proposer quelque chose sur les jouets. Et il n’y a pas du tout d’esprit marketing derrière tout ça.
Comment les jouets qui font l’objet d’un sujet ont-ils été choisis ?
J’ai discuté avec Matthieu et je lui ai demandé quel était son jeu préféré quand il était petit. Il a répondu les petites voitures, alors je suis allé chercher des histoires là-dessus. Je me suis mis au bureau et j’ai demandé à tous mes journalistes et collaborateurs quels étaient leurs jouets préférés. Matthieu et moi on a fait un petit sondage, car on n’a pas d’enfant et on ne connaît pas les jeux d’aujourd’hui. Je me suis passionné pour ça en voulant savoir quelles étaient les histoires de Lego, Barbie, Playmobil, du Rubik’s Cube.
Comment vous est venue l’idée de vous intéresser aux ours en peluche ?
Je soulais Matthieu jusqu’à ce qu’il me dise : « Mais qu’est-ce que tu m’emmerdes avec tes poupées, moi le Barbie j’aime pas, je préfère les ours en peluche. » J’ai découvert qu’il y a avait une guerre entre les Américains et les Anglais pour revendiquer la paternité de l’ours en peluche. En appelant des sociétés vendant des jouets et des fédérations, je me suis rendu compte que c’était un univers passionnant. On est partis d’une page blanche et on a proposé ça à la chaîne qui nous a dit, c’est génial faisons le. La France est le premier marché du jouet en Europe.
« Avec Gulli, on voulait un documentaire ultra-positif »
Stéphane Rotenberg, Charly Nestor, Amandine Petit, Sandra Lou… Comment avez-vous décidé, avec Matthieu Delormeau, des intervenants présents dans les deux premiers numéros de la série documentaire Les secrets de vos jouets préférés ?
Avec Gulli, on voulait que ce soit ultra positif. Et le jouet, c’est forcément de la nostalgie positive, car ça vous ramène à votre enfance. On s’est dit qu’il fallait des personnalités pour en parler. On a appelé des potes pour ce premier format sur la chaîne qu’on souhaitait musicaliser. Je voulais que la bande-son soit hyper importante.
Chez Gulli, j’ai retrouvé des gens que je connaissais depuis longtemps avec la même appétence pour la musique et on s’est amusés avec la réalisatrice du documentaire, Mailys Rigal, qui a réalisé ce documentaire, à contacter des potes qui nous ont tous dit oui. J’ai remarqué que c’est plus facile de les faire venir sur Gulli, car la chaîne a une très bonne image. Ces gens sont occupés et ne sont pas payés, mais ils viennent parce que ça leur plait de participer.
Le premier volet est beaucoup plus dense en termes de nombre de jouets présentés (Lego, Girafe Sophie, Polly Pocket, Cartes Pokémon, Gameboy, G.I Joe…) alors que le second volet se concentre sur une dizaine de jouets avec des sujets plus longs. Pourquoi cette différence de montage ?
Certains sujets sont plus longs que d’autres mais on a essayé d’être équitables sur les deux épisodes. Par exemple, dans le deuxième épisode, on parle beaucoup de Barbie, d’actualité avec le film qui est sorti [réalisé par Greta Gerwig, ndlr]. Et encore, on s’est restreint sur des anecdotes et informations sur certains jouets. On pourrait même faire deux épisodes supplémentaires !
« Le Tamagotchi a inventé la rupture de stock »
Vous mettez souvent en avant des sources économiques (comme après une guerre ou une révolution industrielle) mais aussi politiques (avec Lionel Jospin qui intervient pour l’interdiction des Crados). Avez-vous dû faire des choix éditoriaux sur certains jouets tant les histoires étaient denses ?
C’est totalement irrationnel. Avec Matthieu, on a une société et on est des artisans. On fait tout nous-mêmes. On est producteurs, rédacteurs en chef, casteurs, programmateurs, et avec évidemment Mailys Rigal, nos choix étaient subjectifs. Au début, on voulait faire un sondage pour savoir quels sont les jouets que les Français préfèrent. Ensuite, on s’est renseignés sur les jouets qu’on aimait, nous. C’est très difficile quand on est producteurs de vendre des choses que l’on n’aime pas.
Avec Matthieu, à chaque fois qu’on a fait des émissions qui ne nous intéressaient pas, on s’est plantés. Là, il n’y a aucun calcul politique, stratégique ou autre. Les Crados, c’est juste marrant que Ségolène Royal, Lionel Jospin et le commandant Cousteau soient allés plaider chez François Mitterrand en disant « Faut arrêter les Crados ! » Quand on voit ça aujourd’hui, on en rit.
Les Playmobil, à l’origine en 1974, c’était des petits soldats de plomb. Quand on marche sur un petit soldat de plomb, ça fait mal au pied et la marque allemande a décidé de faire des petits soldats en plastique parce que ça correspondait à une image de non-violence et surtout que c’était moins cher. Crise économique oblige, ils les ont fait plus petits.
Parfois, c’est de l’échec d’une première version (la girafe Sophie, les Polly pockets) qu’est venu un succès mondial comme le montre votre documentaire. Laquelle des découvertes vous a le plus surpris ?
Ils nous ont tous plutôt intéressés. Le Tamagotchi a inventé la rupture de stock. Comme ça se vendait très bien, les créateurs ont arrêté de les vendre pour créer un désir. Et ensuite, ils en ont remis sur le marché. C’est eux qui ont initié cela. Il y a d’autres choses qu’on n’a pas révélées. Il y a des études à Harvard sur le Tamagotchi qui montraient que les enfants des villes étaient plus concernés par le Tamagotchi qu’un enfant des campagnes parce que c’est un animal imaginaire et qu’en ville on a moins l’habitude de voir des animaux qu’à la campagne. Il y a pas mal de trucs qu’on n’a pas mis dans le documentaire sinon on aurait fait un épisode par jouet.
Le secret de vos jouets est à découvrir ce mercredi 13 et 20 décembre 2023, à partir de 21h05 sur Gulli.