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Hôtel de Crillon, renaissance d’un palace mythique (France 2) : pourquoi l’ouverture a été retardée ?

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 26/12/2018 à 15:32

L’Hôtel de Crillon, commandé à l’origine par Louis XVI, fait l’objet d’un documentaire ce mercredi 26 décembre en seconde partie de soirée, dès 22h45, sur France 2. Classé au titre des monuments historiques, ce palace s’est offert une nouvelle vie avec une réouverture en 2017, après quatre années de travaux. Cette rénovation complète a été suivie par les caméras de Martange Productions. Roula Noujeim, Directrice de la communication de l’Hôtel de Crillon, explique dans un entretien accordé à Toutelatele notamment pourquoi le chantier, d’une durée initialement estimée à deux ans, s’est finalement étalé sur quatre années.

Benjamin Lopes : Comment est né ce projet de documentaire sur la renaissance de l’Hôtel de Crillon ?

Roula Noujeim : Nous avons été approchés par Martange productions pendant la rénovation de l’hôtel qui a duré quatre années, afin de remettre en avant l’excellence à la française et les métiers d’art. On a tout de suite été intéressés par le projet. Nous avons eu quelques réunions ensemble et la production a soumis le projet à France 2. Il a été accepté et le documentaire est né.

De quelle façon avez-vous réussi à instaurer une relation de confiance afin de dévoiler les coulisses d’un des palaces les plus célèbres au monde ?

Quand la production nous a contactés, nous avons eu plusieurs réunions avec eux et une relation s’est alors véritablement construite avec cette équipe, notamment une relation de confiance. Il est certain que pendant les rénovations les priorités sont différentes et il fallait qu’on passe beaucoup de temps sur ce tournage, car nos équipes et le service communication étaient mobilisés. Au final, l’Hôtel de Crillon fait partie du patrimoine français et on voulait le mettre en avant. À partir de là, les choses se sont faîtes de façon plutôt fluide avec l’équipe de production et nos équipes en interne qui se sont mises à disposition et qui ont joué le jeu.

Pourquoi avez-vous fait le choix de révéler les coulisses de ce chantier ?

On a voulu couvrir les différents axes avec dans un premier temps. Le projet de rénovation est riche avec cinq décorateurs différents qui sont intervenus, un architecte, 147 métiers d’art, 250 sous-traitants, et évidemment nos équipes opérationnelles. La deuxième partie du documentaire couvre nos équipes qui prennent possession du lieu, leurs premiers pas au sein de l’hôtel. On trouvait, nous, en tant que l’Hôtel de Crillon, intéressant de donner cette avant-première aux Français.

« On n’essaie pas de cacher un secret, mais on veut faire vivre une expérience »

Outre montrer l’excellence française et le savoir-faire national, quelles sont vos attentes lors de la diffusion de ce documentaire ?

Il s’agit de mettre en avant l’humain qui a œuvré pour la rénovation, mais aussi celui qui fait aujourd’hui ce qu’est l’Hôtel de Crillon. On a voulu ouvrir le palace aux Parisiens et aux Français bien évidemment. C’est un lieu de vie des Parisiens, mais aussi de la clientèle internationale. Nous avons par ailleurs ouvert nos portes lors de la journée du patrimoine par exemple. On n’essaie pas de cacher un secret, mais on veut faire vivre une expérience française avec l’excellence, notamment du service.

Ne craigniez-vous pas de dévoiler les secrets de la réussite de l’Hôtel de Crillon à vos concurrents ?

Pas du tout. Honnêtement ça ne nous a absolument pas traversé l’esprit. Les caméras ont pu filmer tout ce qu’ils voulaient. Le secret réside plus dans l’expérience que l’on fait vivre, ou encore l’instruction de nos collaborateurs.

Le documentaire commence 120 jours avant l’ouverture de l’hôtel. Pourquoi avoir choisi ce marqueur temporel ?

Avant cela, il était impossible de faire intervenir des personnes extérieures au sein du chantier au niveau de la sécurité. Il faut savoir qu’avant les 120 jours, c’est comme si la propriété appartenait au constructeur donc du coup il faut demander beaucoup d’autorisations. Même pour nous, en termes de collaborateur, on avait très difficilement accès au chantier. Il y a des mesures de sécurité et des normes auxquelles on ne pouvait pas déroger. C’était essentiellement des gros œuvres donc il n’y avait pas beaucoup de choses à pouvoir filmer. Pour compenser cette période-là, on a pu obtenir quelques vidéos de cette période. Deux sous-sols ont été creusés et ça a pris beaucoup de temps pour le spa et la piscine. L’idée était vraiment de filmer tous les métiers d’arts qui sont intervenus après le gros œuvre.

« Il y a eu des challenges qui n’étaient pas prévus dès le début »

On parle de renaissance de l’Hôtel de Crillon dans ce documentaire. Karl Lagerfeld parle d’essence. Êtes-vous d’accord avec ça ?.

Je pense quand même qu’il s’agit d’une renaissance, car c’est un bâtiment qui date de 1758, qui a existé dans l’histoire. Pour autant, cette propriété n’avait jamais réellement été mise en avant par rapport à son histoire justement, à ses différents propriétaires. Cette rénovation remet en exergue ce vécu. C’était inconnu auparavant.

Un point est survolé dans le documentaire, à savoir le retardement de l’ouverture de l’établissement, mais les raisons ne sont pas évoquées. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

En effet, il y a eu une première annonce, le jour de la fermeture de l’hôtel avec la vente aux enchères du mobilier, avec une date de réouverture en 2015. Ce n’est qu’en 2017 que l’Hôtel de Crillon a été rouvert ses portes. Les travaux ont été colossaux. C’est un bâtiment classé, donc il a fallu faire intervenir un architecte expert des monuments historiques. Il a été rapidement inenvisageable de rouvrir après seulement deux ans de travaux. Le fait de creuser deux sous-sols a été un vrai défi. Il y a eu des challenges qui n’étaient pas prévus dès le début. Nous avons découvert des éléments dans les sols et les murs qui ont fini par retarder ce grand projet.

Avez-vous pu voir le documentaire avant sa diffusion ?

Nous n’avions aucun droit de regard sur le documentaire. La production nous a soumis un genre de script global au départ sur la ligne éditoriale. Une fois que nous avons partagé nos idées, et que la confiance est née, nous n’avons même pas demandé à visionner le documentaire en amont. Nous étions rassurés et confiants.