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Inquisitio, l’ambitieux feuilleton de l’été de France 2

Claire Varin
Publié le 03/07/2012 à 10:00 Mis à jour le 21/09/2012 à 11:47

Après David Nolande, Flics et Le chasseur, Nicolas Cuche s’intéresse avec Inquisitio sur un autre genre, la fiction historique. Le réalisateur et scénariste fait une plongée dans la France du XIVe siècle, lors d’une période troublée par une guerre papale. Cette mini-série de huit épisodes se penche sur la lutte de pouvoir qui a opposé Clément VII à Urbain VI. Et bien que le scénario soit documenté, Nicolas Cuche a abordé l’écriture de manière très libre. Il explique : « Le Moyen-âge est une période fantasmée, qui s’écrit comme de la science-fiction ». L’imaginaire reste balisé.

Entre complots, religions, persécutions, peste, sorcellerie et sacerdoce, Inquisitio multiplie les références. Les comédiens n’en ont donc pas manqué pour imprégner leurs personnages. Pêle-mêle, ils citent Les Rois maudits, Les Borgia, Le Septième Sceau de Bergman et Les Piliers de la Terre. Tandis que le producteur, Jean Nainchrik, affirme son ambition : « Je voulais quelque chose d’aussi fort que Le Nom de la rose pour la télévision ».

Une série de Nicolas Cuche a une signature visuelle. Le réalisateur dit croire « au pouvoir de l’image » et travaille toujours à la création d’un univers visuel. Il aime « l’image sexy ». C’est une des forces d’Inquisitio. Au fil des épisodes, l’intrigue se déroule efficacement. « On n’a pas fait du sirop » déclare le producteur, fier. Louant un thriller moderne dans un contexte historique. Ravi de la qualité du scénario, Yves Jacques, comédien, vente le travail de Nicolas Cuche : « Il fait des séries d’auteur » dit-il avant de mentionner un passé du réalisateur dans les jeunesses catholiques.

Côté casting, Aurélien Wiik endosse une nouvelle fois le costume d’un héros positif. Après avoir incarné un pirate dans L’Épervier, l’acteur de 32 ans interprète Samuel, un jeune médecin juif. Pour le comédien, cette représentation des stigmatisations a été une motivation à sa participation. Yves Jacques, encore, souligne un « message humaniste ». La série fait, en effet, résonner une actualité. Quitte à, parfois, abuser des références. La fiction fait s’opposer sciences et religion. Face au personnage d’Aurélien Wiik, il y a le Grand Inquisiteur, qui enquête sur le meurtre d’un prêtre. Barnal est incarné par Vladislav Galard. Ce n’est pas William de Baskerville, mais l’acteur est la révélation d’Inquisitio en livrant une interprétation ambigüe et attachante.

Au duel masculin se mêlent deux figures féminines. D’un côté, Anne Brochet en Catherine de Sienne, une religieuse extrémiste au service de Rome. De l’autre, Annelise Hesme en « sorcière » rousse et répondant au nom provocateur de Madeleine. « En tant que femme et féministe », la comédienne s’est dite ravie de pouvoir incarner un tel personnage. Inquisitio se charge d’évoquer la condition féminine et des siècles de « gynécide dont l’Église ne s’est jamais excusée ».

Quatre ans de préparation et cinq mois de tournage en décors naturels, Inquisitio est une mini-série ambitieuse. Mais, calée entre l’Euro 2012 et les Jeux olympiques de Londres, elle fait figure de saga estivale sur France 2, sans répondre à ses codes. Sera-t-elle une bouffée d’air frais au milieu d’un été sportif ou manquera-t-elle de souffle à côté du parcours épique que représente la conquête d’une médaille ? Sans oublier que TF1, elle, parie sur le genre musical (Smash) pour ses soirées du mercredi.