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Kenza (Loft Story 1)

Alexandre Raveleau
Publié le 09/08/2004 à 00:00 Mis à jour le 04/05/2011 à 16:44

Kenza, de son vrai nom Manal Braiga, est née en 1976 à Bagdad, en Irak. Allergique aux études, elle se découvre une passion pour la radio dès 1995. Candidate en 2001 de la première télé réalité made in France, Loft Story sur M6, elle traverse ensuite de longs tunnels médiatiques... En 2003, elle revient sur le devant de la scène avec Le Boudoir sur Zik et sort son premier livre « Un jour j’ai quitté Bagdad ». Aujourd’hui sur Radio Orient avec 100 % Femmes, Kenza assume pleinement toutes ses mésaventures cathodiques et en témoigne librement.

Alexandre Raveleau : Vous n’en n’avez pas marre que le grand public ne vous connaisse que sous le pseudonyme de « Kenza du loft » ?

Kenza : Je n’en ai pas honte. C’est de toute façon une étape de ma vie que je n’ai pas à renier. D’autres ex-lofteurs ont craché dans la soupe mais pas moi. Bien au contraire ! En plus, avec mon premier livre (NDLR Un jour j’ai quitté Bagdad), j’ai repositionné des critiques qui n’étaient pas fondées sur moi. Aujourd’hui, même si on m’appelle « Kenza du loft »... Et alors ? Je sais qui je suis et ce n’est plus un problème.

Alexandre Raveleau : 2001, vous participez à Loft Story. 2004, ce sont Les Colocataires. Quelles sont les différences ?

Kenza : La télé réalité, c’est maintenant devenu une routine... J’ai l’impression que les gens commencent vraiment à se lasser. Je ne vais pas vous mentir, je regarde Les Colocataires. Mais je trouve que les castings sont de plus en plus mauvais, les candidats de plus en plus stéréotypés... Il y a forcément l’homo de service, deux ou trois poufs blondes... C’est un vrai récapitulatif de clichés.

Alexandre Raveleau : Etes-vous téléspectatrice de La Ferme Célébrités de TF1 ?

Kenza : Je suis une fan ! J’adorais Massimo Gargia, il m’a fait halluciner ! Je pensais qu’il serait le tout premier à partir parce qu’il ne faisait vraiment rien du tout... C’était visiblement pas son truc.

Alexandre Raveleau : Depuis le Loft, vous êtes sur tous les fronts : télévision, radio, livre. Est-ce qu’une jeune fille ambitieuse doit forcément passer par la télé réalité pour réussir dans les médias ?

Kenza : Ce n’est pas obligatoire. Moi je l’ai fait mais je ne le conseillerais pas à ma petite sœur ou aux jeunes filles qui veulent réussir. Il faut savoir qu’après tout n’est pas rose, qu’on vit des moments très difficiles. Il faut beaucoup de chance et de caractère. Avec ou sans loft.

Alexandre Raveleau : Quel souvenir gardez-vous du cadeau de la production en sortant de Loft Story ?

Kenza : Etant donné que j’étais déjà sur les ondes avant mon passage à M6, c’était un contrat avec Fun Radio. Je devais animer une émission avec Max. Mais une autre radio (NDLR : NRJ) m’a proposé mieux : un contrat en or. J’ai signé ce contrat de trois semaines qui devait, bien sûr, être renouvelé. Alors, on m’a bien utilisé pour rebooster la tranche horaire... Puis, j’ai attendu tout l’été et rien. On m’a ouvert la porte et dit : « bon vent ». La télé réalité vous ouvre finalement peu de portes... Surtout des contrats qui ne tiennent pas debout avec des clauses abusives à n’en plus finir...

Alexandre Raveleau : Et maintenant, vous êtes sur Radio Orient aux commandes de 100% Femmes.

Kenza : C’est une aventure assez particulière. J’étais venue sur l’antenne de la radio pour faire la promo de mon livre. Après mon passage, j’ai reçu un appel de la direction pour rejoindre l’équipe d’animation. Je ne voulais surtout pas refaire la même erreur qu’avec NRJ. Et finalement, ils m’ont demandé de travailler sur un concept. J’en ai proposé deux. Et voilà 100 % femmes. C’est une émission qui fonctionne plutôt bien aujourd’hui. Les femmes avaient besoin de cette place à l’antenne, sur des sujets qui vont du plus léger au plus sérieux, des moments très drôles et d’autres plus graves, voire tristes.


Alexandre Raveleau : Vous êtes un peu la Maïtena Biraben de la radio...

Kenza : C’est marrant que vous parliez de Maïtena Biraben ! C’est mon animatrice préférée. Je l’adore. Je trouve qu’on se ressemble un petit peu par le ton et notre naturel. C’est un très beau compliment !

Alexandre Raveleau : Et la chaîne Zik, vous avez réussi à redorer son audience ?

Kenza : Malheureusement, la chaîne avait beaucoup de potentiels mais peu d’argent. On a donc été obligé d’en rester là pour Le Boudoir. C’était une des premières émissions sur la musique noire. Mais le concept devrait revenir vite à l’antenne... sur une autre chaîne musicale du câble et satellite...

Alexandre Raveleau : Comment vous sentez-vous dans le monde de la télévision ?

Kenza : Aujourd’hui, lorsqu’on est une femme étrangère, et un peu basanée, il faut travailler trois fois plus que les autres. On a encore moins le droit à l’erreur. Si j’avais le physique de Flavie Flament ce serait certainement plus simple pour moi sur TF1 par exemple.

Alexandre Raveleau : Et vous seriez de nouveau aux côtés de Benjamin Castaldi (animateur de Loft Story et mari de Flavie Flament) !

Kenza : Mais Benjamin Castaldi n’est pas du tout mon style d’homme ! (rires) Là au moins c’est clair. Je suis plutôt Antonio Banderas...

Alexandre Raveleau : Plus sérieusement, si on vous proposait d’animer un programme sur une nouvelle chaîne dans votre pays d’origine, l’Irak ?

Kenza : Si on me proposait une émission anti-américaine j’accepterais tout de suite ! (rires) Côté concept, je me vois bien faire des parodies des Américains et des caricatures de Bush sur son siège de Président ! Mais sérieusement, aujourd’hui, ce qui compte vraiment pour les Irakiens c’est que les Américains partent et qu’ils fassent leurs propres choix.

Alexandre Raveleau : Et les projets ?

Kenza : Un deuxième livre dont la sortie est prévue au mois de juin chez Calmann-Levy. Le thème, c’est la difficulté, pour les hommes et les femmes, à trouver leur équilibre entre leur culture d’origine et le pays dans lequel ils ont choisi de vivre. Sur cette déchirure humaine que l’on peut subir lorsqu’on est étranger. C’est un livre riche de messages et de prises de position. Côté radio, le deuxième concept que j’avais proposé à Radio Orient devrait voir le jour début septembre. Ce sera une libre antenne d’un nouveau genre...

 Rediffusion de l’interview publiée le 26 avril 2004